When dealing with bored kids



Relation entretenue ou ignorée. Acceptée, refusée. Lien qui se définissait ou qui se détériorait. Toile complexe qu’étaient les connexions à autrui. Les paramètres qui différaient pour chaque rencontre, pour chaque entretien. Certains qui se cachaient à la vue, qui se voulaient discrets. D’autres qui s’affichaient, qui se perpétuaient, qui se déploraient aussi. Ce que chacun recherchait chez l’autre, dans cet entourage qui se construit avec le temps. Avec Nerian, ce n’était jamais facile. De garder le contact, de se sentir proche. Car il avait cette tendance à tout prendre à la légère, à tout fuir dès que ça devenait un peu encombrant. Lien amoureux qu'ils avaient abordé comme sujet, mais cela s’appliquait à tous genres de relations au fond. Il avait toujours préféré les abandonner, ne pas s’en formaliser. Malgré tout, il y en avait bien de rares amitiés qui restaient. De celles qui duraient depuis longtemps, depuis toujours semblait-il parfois qu’il en était impossible de les oublier. Son amitié avec Dash faisait partie de celles-ci. Mais il n’y avait aussi aucune obligation, aucune attente. Le pirate qui apparaissait comme une ombre du passé une fois de temps en temps. Sans avertissement, pour prendre quelques nouvelles, taquiner légèrement avant de retourner de là où il venait. Continuer sa vie, jusqu’à ce qu’un jour prochain, l’ennui le porte jusqu’ici à nouveau.

C’était un moment qu’il avait pensé tranquille. Autour d’une boisson, l’intérêt ne se trouvait que dans l’échange dont les paroles n’avaient pas tant d’importance. Seulement prouver qu’ils étaient encore là. À vivre, à survivre. Reconnaissance et partage. Et pourtant, il y avait dans les nouvelles des sentiments cachés et des hésitations enfouies. Des phrases dont le sous-entendu en soulevait plus qu’il n’y paraissait de prime abord. Plus que les sujets voulaient en laisser découvrir. Les regards s’échangeaient, une compréhension peut être plus profonde qu’ils ne laissaient croire. Il hochait la tête devant les mots, Nerian. Est-ce que ça avait déjà été facile, les relations ? Jamais. D’aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir, ce n’était qu’un mélange d’incertitudes, de malentendus, de cœurs blessés. Mince sourire triste sur ses lèvres avant de l’effacer d’une gorgée.

La question ensuite attira son attention. Le regard du pirate se posa sur l’idole. Cherchant ce qu’il voulait découvrir avec cette question, ce qu’il souhaitait apprendre en demandant. Car cela avait-il réellement de l’importance ? Et qu’est-ce qu’il voulait au fond ? Il ne savait pas vraiment. Confusion de ses pensées qui s’éparpillaient. L’ignorance était-elle sa vérité ? Ou ne faisait-il que continuer de nier lâchement ses réponses silencieuses ? Lèvres pincées, et il réfléchissait un instant. À se demander ce qu’il pouvait dire, ce qu’il osait répondre.

Mais il n’eut pas à ouvrir la bouche qu’une sonnerie retentissait dans le silence. Réponse qui pouvait se taire, qui pouvait se sauver comme il aimait si bien le faire. Il baissa le regard vers sa poche pour en extirper son téléphone. Demi-sourire sous le commentaire de son ami. « Lucky me. » Puis, il portait l’appareil à son oreille, se détournant légèrement sans pour autant se lever. « Hey. » Nonchalance de sa posture, et il vidait le fond de sa bière tout en écoutant. « Hm-hm… Déjà ? … Ok, ouais. J’te rejoins là-bas ?… C’est bon. » Le téléphone qui retrouvait sa poche. « On dirait bien que c’est la fin de la discussion d’aujourd’hui. C’était sympa. Mais j’suis un peu déçu de pas savoir pour le reste de ton groupe. » Le sourire moqueur s’étirait sur ses lèvres et il se levait, posait la canette sur la table. « Tu pourras dire à Rhys d’être tranquille maintenant que je repars. » Petit rire, avant de se laisser raccompagner à la porte par son ami. « Bon, je traine pas plus longtemps. Aller, à une prochaine fois, Dash. » Disparaitre ensuite. Sa vie qui se laissait porter par le vent, par les voiles. À ne jamais savoir vraiment s’il reviendrait ou s’il allait partir pour de bon vers de nouveaux horizons lorsque le printemps pointerait son nez. Mais bon, c’était coutume de le prétendre quand même.