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Il a la gorge nouée, Noodle, et chaque déglutition lui paraît plus ardue encore que la précédente. Il avance à pas hésitants, recroquevillé sur lui-même pour prendre le moins de place possible, pour tenter vainement de se dérober aux regards appuyés et médisants qui ne cessent de l'effleurer ; parce qu'il a conscience de ne pas être à sa place, ici : tout chez lui dénote, de sa simple tenue à son apparence, ses attributs pour le moins... particuliers ne l'aidant pas à se fondre dans le décors. Plus d'une fois, il songe à rebrousser chemin, à faire volte-face et s'enfuir, et ne plus jamais revenir. Et pourtant, à chaque fois, il se fait violence et poursuit sa route, suivant les quelques indications rédigées à la va-vite que lui a laissé Gold quelques jours plus tôt.

Il aurait espéré que la jeune femme l'attende et le guide à travers la haute-ville, ce lieu inconnu qui le terrorise, mais elle ne pouvait pas, et s'est contentée de lui indiquer la marche à suivre le plus précisément possible. Et il espère que ce sera suffisant pour qu'il s'en sorte. Enfin, ses pas le mènent juste devant le Palais qui les abrite pour la nuit, et il se sent ridiculement infime devant les splendeurs qui, déjà, s'étalent et se paressent devant ses yeux. Il lui faut plusieurs minutes encore pour qu'il se décide à se mouvoir de nouveau, des inconnu·es bien habillé·es passant à sa droite et à sa gauche, se hâtant même parfois pour ensuite venir se presser à l'entrée. Jamais il ne s'est senti aussi en décalage avec le reste du monde, mais il décide de faire bonne figure et de s'avancer davantage : il finit par capter l'attention de celleux veillant au bon déroulement de la soirée et, bien vite, on l'entraîne à l'écart, là où il sait qu'on s'occupera de le rendre présentable pour la soirée. Des murmures rapides et précipités l'entourent tandis que l'on hésite sur sa tenue future, puis l'on finit par lui donner un petit tas de vêtements avant de lui indiquer des paravents derrière lesquelles il sera plus à l'aise pour se changer.  

Il passe les habits prestement, s'attardant tout de même un peu plus que de raison sur leur douceur et leurs couleurs, avant de revenir dans la pièce principale, attendant le jugement final des Daemonis. L'un·e d'entre elleux s'approche de Noodle pour apprécier le tout et remettre en place sa chemise... avant de butter contre quelque chose. Des sourcils se froncent, et l'autre l'entraîne de nouveau à l'écart des regards pour savoir de quoi il en retourne... Et une exclamation stupéfaite s'échappe.

Des ailes. En un tour de main, sa tenue est changée du tout au tout pour les mettre en valeur, et on lui laisse le temps de faire l'acquisition de quelques accessoires supplémentaires - il choisit des gants pour être en mesure de cacher ses mains -, puis on lui remet le masque qui se chargera d'effacer une partie infime de son identité la soirée durant.  Et, sans crier garde, le voilà lâché dans le grand bain : déjà, il se sent prêt à se perdre dans cette forêt incongrue, envahissant l'intérieur d'un bâtiment qui n'a rien de naturel. Le bruit lui est presque insupportable, entre les rires et les éclats de discussion qui viennent de part et d'autre, tout lui donne l'envie de disparaître. Il prend une longue inspiration, et se force à avancer davantage ; il garde ses ailes soigneusement repliées tant il redoute d'heurter l'un ou l'autre, et sa queue s'agite de manière sporadique, témoin évident de son mal-être.

Un peu plus loin, un serveur incline le plateau qu'il porte en sa direction et, parmi tous les liquides aux couleurs changeantes et tourbillonnantes, il se saisit timidement du plus clair en supposant naïvement qu'il doit s'agir d'eau aromatisée... Ou quelque chose s'en approchant. Curieusement, il observe un groupe s'approcher d'un vase, certains rédigeant en toute hâte quelque chose sur de petits morceaux de papier, tandis que d'autres plonge leur main à l'intérieur pour en récupérer quelque chose qu'ils gardent précieusement dans leur poing serré. Noodle fronce légèrement les sourcils, perplexe face à tout cela, mais il ne cherche pas à s'en rapprocher - il y a toujours beaucoup de monde autours, et les bains de foule... Très peu pour lui. Alors, il s'éloigne un peu plus, se retranchant vers les extrémités de la grande salle, préférant s'abriter sous les nombreuses plantes grimpantes...

Il reste là un moment, trempant le bout de ses lèvres dans la boisson avant de grimacer - de l'alcool -, il finit par reposer le verre sur une table... Quand l'une des lucioles qu'il a aperçu a plusieurs reprises attire son attention. Sa curiosité l'emportant sur sa raison, il se lance à sa suite, jusqu'à se rapprocher du coin où plusieurs sofas d'un verre émeraude sont disposés pour accueillir les convives souhaitant se reposer un peu. Certains prouvent déjà leur utilité à en juger par les personnes les occupants et... L'insecte disparaît tandis que ses yeux se posent sur l'une des jeunes femmes en particulier :

<Gold ? >

Demande-t-il en signant, non pas en épelant son prénom mais en utilisant le nom signé qu'il a pris l'habitude d'utiliser pour la désigner, les index et majeurs de ses deux mains sont tendus, et les doigts de sa main droite viennent se poser sur ceux de la gauche, avant d'osciller doucement pour désigner une balance, en référence au métier qu'exerce la jeune femme.

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Son arrivée semble ravir l'assemblée nouvelle qui lui fait face et, bien vite, on l'invite à se rapprocher... Et, après un instant de doute, il y consent enfin, les rejoignant timidement ; ses ailes s'hérissent légèrement, trahissant sans mal sa gêne et sa peur panique de mal faire. Il suit tant bien que mal les ébauches de présentation, s'efforçant d'associer chaque dénomination au visage correspondant et, le moment de flottement qui suit lui fait comprendre qu'à présent, c'est à son tour de s'introduire convenablement.

Le masque qui dissimule une partie de son visage peine à couvrir le rouge qui lui monte aux joues et, maladroitement, il se met à signer sa réponse - il se laisse guider passivement, choisissant lui aussi de s'inventer un pseudonyme pour la soirée :

<Je suis Angel. >

Il prend le temps d'épeler le mot, lançant tout de même un regard inquiet en direction de Gold, espérant qu'elle pourrait traduire ses propos au besoin - lors de son relooking express, il n'a même pas pris le temps de récupérer son carnet, et suppose que ce dernier doit être laissé pour compte dans les coulisses. Il se mordille l'intérieur des joues, regrettant sa bêtise et son étourderie.

Néanmoins, il n'a pas davantage de temps pour se morfondre que, déjà, Gold se saisit de son bras - elle serre fort, presque au point de lui faire mal ; suffisamment pour qu'il puisse déjà imaginer la trace qu'elle laissera - et l'emmène à l'écart sans la moindre cérémonie. Noodle l'observe, ses grands yeux surpris ne la quittant pas ; et son regard l'interroge silencieusement. Il ne comprend pas la raison de sa soudaine brusquerie... Mais, bien vite, les remontrances pleuvent, donnant l'impression que jamais plus ils ne s'arrêteront. Et, à la manière d'un enfant pris sur le fait, il se recroqueville, Noodle. Il tente de se faire le plus petit possible, et ses ailes viennent se coller tout contre son dos, comme dans un effort vain de les soustraire à la vue d'autrui, de les faire disparaître pour de bon.

<Ce n'est pas de ma faute, c'est eux qui ont choisi... > tente-t-il d'expliquer, mais il sait très bien qu'au fond, Gold a raison ; qu'un tel attribut est bien trop remarquable, et qu'il aurait dû demander pour changer de tenue. Mais il n'a pas osé, après tout, il avait trop peur de déranger...

Pour tenter de rattraper sa faute passée, pour essayer d'expier ses pêchés, il écoute avec une attention redoublée la demande de son amie au sujet de celle qui a choisi de se nommer Callisto, et il acquiesce. Maintenant que les choses sont mises à plat, le curieux duo rejoint les jeunes femmes qu'iels avaient délaissées sans cérémonie et, comme à son habitude, Gold change du tout au tout : déjà, toutes traces de colère s'est effacées de son visage, comme si elle n'avait jamais existée, et elle reprend ses mimiques mondaines comme s'il s'agissait d'une seconde nature, chez elle. Elle sourit, donne le change et, sans même la moindre hésitation, propose une danse à Callisto.

Il la regarde s'éloigner et, bien vite, il ne reste plus que Tasha et lui. Cette dernière finit par lui accorder toute son attention et, le sourire aux lèvres, lui propose de se joindre à la foule et de se mettre à danser. Pour d'autre, la requête n'aurait rien eu de saugrenue : après tout, c'est bien là l'une des activités principales qui compose les bals, mais pour Noodle... La question anodine lui ferait presque frôler l'angoisse. Il déglutit péniblement, et détourne le regard ; c'est qu'il n'a jamais dansé, lui. Jamais quelqu'un s'est donné la peine de lui apprendre à suivre la mesure, à retenir des chorégraphies compliquées à la cadence mesurée. Alors, cela n'a rien d'étonnant si l'exercice lui faitpeur, qu'il redoute de se ridiculiser et de s'humilier. Mais...

D'un autre côté, il suppose que la dénommée Tasha a envie de s'amuser, elle. Que si elle est ici, c'est pour en profiter, pour s'amuser tout au long de la soirée. Alors... Peut-être qu'il devrait faire un effort, mettre de côté toutes ses incertitudes et tous ses doutes. Il se décide timidement à reporter son attention sur la jeune femme, et tente d'esquisser un sourire :

<On peut toujours essayer ? Je préfère juste vous prévenir d'avance : je n'ai jamais danser auparavant, alors... Je ne sais pas réellement ce que ça pourra donner. >