elle lisait aux portes de ses appartements, marqué sur un fond d’or damasquiné, ianthe ver. shedergen, entouré d’un fleurage d’orfèvrerie émaillée. restait-il qu’elle répondrait toujours à verlyn winsher, sans parures autre que des roses vertes.

en accord avec cet adoucissement soudain de la température et ce nombre infini de feuilles réverbérantes, son visage se nimbait d’un rayonnement enchanteur pour chaque moment où elle plussoyait les splendeurs de sa saison favorite avec un gâteau et des bougies enflammées.

fourrures, ganteries, parfumeries et joailleries, toutes leurs parures ne représentaient que les symptômes du vide que la gaité chatoyante de celestia n’arrivait pas à combler. c’est parfois par ennuis qu’ils se tournaient vers le déploiement de leurs richesses et de leurs magnificences dans l’acquisition de fleurs épiques, extraordinaires ou splendides à des prix déraisonnables. mais ce n’était pas tout, hélas. elle avait pris conscience de la ruse et de la perfidie des magiciens et des puissants et s’en était servi quelque fois en créant les fleurs toxiques qui avaient aidé en l’accomplissement de leurs desseins.

ver dansait sur les semences le séraphin de ses rêves mais cueillais les fleuraisons palustres, elle respirait, avec une sensualité peu réfléchie, le mélange de leurs parfums ; c’était abominable comme elle jouait avec son cœur sans se lasser. parfois, elle marchait le long des jardins dans la rosée de l’aube, délaissant ses fardeaux dans le secret pour se pousser des ailes comme ceux d’un papillon. elle contemplait les charmes de ceux qui la faisaient chavirer et puis elle disparaissait à la moindre difficulté, à la moindre dispute et pour toute autre raison qu’elle aurait inventé.

on ne comptait plus assez dans les trésors pour satisfaire les caprices de leur ego, la fortune ne disparaissait pas mais ne souriait plus autant qu’avant aux shedergen. celestia ne leur présentait qu’une faible échancrure de son potentiel alors on abusait de ceux pour qui la flamme ne s’était pas éteinte de façon à soutenir les dépenses somptuaires et les commodités coûteuses alimentées par leur goût pour le faste et leur désir d’ostentation.

de la couleur de leur corolle à la portée de leur fragrance, la fleur elle-même et le rameau qui la portait nécessitaient de la patience, de la rigueur et parfois de l’acharnement. les possibilités étaient folles mais la durée de l’opération dépendait des propriétés de la fleur en question. quand certaines pouvaient être finalisées en une journée, d’autres lui coûtaient des mois, voire des années de dur labeur. les compositions les plus simples n’engageaient que le gain de nouvelles senteurs ou de splendeurs, en claire, des beautés qui ne servaient à rien. la tâche se compliquait lorsqu’elles devaient acquérir des fonctions médicinales, venimeuses, hallucinogènes ou autre. restait-il qu’elle pouvait facilement reproduire les fleurs qu’elle avait elle-même créé.

― ianthe peut recréer des fleurs existantes, mais le processus reste le même en fonction des propriétés de la fleur.

― après la création d’une fleur, sa reproduction devient un jeu d’enfant. mais ce n’est pas tout, il lui est aussi possible de créer la fleur avec les propriétés inverses en un temps record. c’est-à-dire qu’après avoir créé un poison, par exemple, ianthe a toujours le remède.

― le pouvoir ne consiste qu’à créer des fleurs ou, plus précisément, la graine qui servira à faire pousser la fleur ou la plante à fleur. ianthe ne peut ni manipuler, ni contrôler les fleurs qu’elle créé à moins de les avoir inventées avec des fonctions qui lui permettraient de le faire. elle ne peut pas non plus créer des arbres ou autres plantes qui n’ont pas de fleurs.

― le pouvoir d'ianthe est surtout limité par le temps, par la lenteur du processus.