Real or not real?

Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Leora Lazarus « Vous allez finir ça, mademoiselle? » Levant à peine les yeux de son livre, Narcissa observe la large main de Cerberus pointer en direction de son sandwich à moitié entamé. Très léger haussement des épaules, signe de désinvolture que le garde du corps connaît par cœur chez sa cliente. L’homme deux fois plus grand et large qu’elle s’empare donc de l’assiette et commence à manger avec une efficacité que seul lui possède. Ses bouchées sont si grandes, pas étonnant qu’il termine le sandwich en même pas trente secondes après son acquisition. Narcy est déjà de retour à son bouquin, pas le moins du monde étonnée par ce spectacle. Cerberus est un glouton. Il faut dire qu’avec une telle carrure et autant de muscles à faire carburer, les calories doivent entrer constamment. La jeune idole est la seule de l’académie à posséder un garde du corps privé. Même les autres membres de CRMSN se déplacent librement. Demyan est l’employeur de Cerberus. Cela explique tout sans non plus expliquer rien. La nécessité de ce garde du corps est remise en question fréquemment autour d’elle, y compris en classe ou lorsqu’elle est sur scène et que la sécurité est déjà présente pour veiller sur les filles. Comme toujours, toutefois, Narcissa ne s’oppose pas à la décision de son mécène de lui offrir une protection rapprochée constante. Puis Cerberus n’est pas de mauvaise compagnie, il est simplement… Narcy lève de nouveau les yeux vers le garde du corps qui semble intéressé par ce que mange l’étudiant de la table d’à côté. « Goinfre. » Elle lui lâche, attirant l’attention de l’homme à la tête rasée. Il grommelle une réplique, sauf que les yeux de la rappeuse se sont déjà recouvert d’un blanc laiteux. Amante. Ses cheveux qui recouvrent partiellement son visage. Une photo glisse et tombe au sol. La vision se termine. Narcissa est surprise, puisque c’est l’une des rares fois où la prémonition diverge hors de l’expression de son âme sœur. Cette photo.

Il y a un bruit à l’autre bout du café. Quelqu’un qui vient de se lever s’est visiblement cogné contre une autre personne ou un objet. Quoi qu’il en soit, des feuilles tombent par terre. Le regard de Narcy se laisse capturer par la longue trajectoire de chute d’une photo. Cette dernière va se cacher sous une table, faisant en sorte que la jeune femme aux cheveux chocalat qui est en train de ramasser ce qui est tombé précédemment ne voit pas qu’il lui manque cette photo rebelle. Cette femme. Impossible de voir son visage de cet angle, surtout pas avec ses longs cheveux qui dissimulent autant son identité. Cette photo. Narcissa attend que la jeune femme ait quitté le café avant de se lever à son tour. Cerberus l’imite comme son ombre. L’idole comble la distance et vient se pencher pour cueillir la photo perdue sous la table. En la retournant, quelle n’est pas sa surprise de constater que c’est exactement la même que dans sa récente vision. Sans un mot, Narcissa retourne à sa table et use la photo comme d'un marque-page pour son roman. Le garde du corps l’observe sans rien dire, n’ayant évidemment aucune idée de ce que sa cliente peut avoir à l’esprit.

Le lendemain, Narcy et Cerberus sont de nouveau au café pendant l’heure d’achalandage du dîner. Une fois de plus, le garde du corps termine les restants de le Seer après sa permission. La différence, c’est que Narcissa est assise là où la femme aux cheveux chocolat était la veille. Aussi, elle est attentive, surveillant la porte d’entrée, comme dans l’attente de quelque chose. L’espoir maigrit à mesure que le temps avance, sauf que le moment est presque arrivé. Plus que quelques secondes. La propriétaire de la photo entre dans le café. Ses pas semblent incertains. Mais, comme Narcy l’espérait, elle se rapproche de sa table de la veille. Son regard fuit ceux des autres étudiants, probablement parce qu’elle cherche au sol ce qu’elle a perdu. Narcissa sort son livre de son sac et l’ouvre soigneusement à la page marquée. Lorsque la brunette est à proximité, elle sort la photo d’entre les pages et la tend devant elle. « Vous avez égaré ceci, je crois. » L’idole lève les yeux sur l’autre femme bien que tout ce qu’elle voit d’abord c’est un visage dissimulé par des cheveux chocolat. Enfin, leur regard se capture. Les traits de ce doux visage sont éclairés par la lumière artificielle. C’est elle. La main de Narcissa se crispe sur la photo, faisant en sorte qu’elle est incapable de la laisser revenir à sa propriétaire. Son cœur bat si fort d’un coup qu’il tambourine dans ses oreilles. Elle existe vraiment. Amante est devant elle. Enfin.

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Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Narcissa Schiavon
La journée était passée si rapidement. Entre les cours, le passe-temps et les appels du cabinet. Journée occupée comme il y avait un moment qu’elle n’en avait pas eu. Toujours plus calme Leora, les événements qui s’emboîtaient l’un dans l’autre à un rythme tranquille. Elle gérait son emploi du temps en évitant les courses folles. Et pourtant, certaines journées en demandaient un peu plus de sa part. Exception de devoir tout achevé aujourd'hui. Remise d’un travail important le matin. Trier les photos et documents sur l’heure du midi. Assister à une conférence en après-midi. Faire un tour au cabinet en fin de journée pour remettre ce qu’elle avait déniché. Et finalement pouvoir rentrer tenter de se reposer. L’espoir que la fatigue chasserait les cauchemars pour une fois. Elle n’avait pas réalisé cependant, ce court moment qui allait influencer le cours des choses. Événement banal, duquel elle ne se souviendrait pas s’il ne lui avait pas retiré un simple élément auquel elle tenait.

Lorsqu’elle avait quitté la cafétéria. Repas terminé avec un peu de rapidité, fouillis de papiers et d’images sous la main qu’elle avait aligné, qu’elle avait ordonné. L’heure du départ qui était arrivé bien vite. Tout empiler, s’assurer de n’avoir rien oublié. Mais le regard vers l’arrière, la demi-seconde pour vérifier la table et elle n’avait pas remarqué l’ombre qui s’était approchée. La collision avait été inévitable. Les excuses partagés  pendant que les documents avaient trouvé le sol. S’éparpillant, attirant l’attention de la foule comme elle détestait le faire. Ressentir un léger énervement devant la situation, et elle s’était penchée pour ramasser. Soupir devant les feuilles qu’elle avait pris le temps de placer qui se retrouvait aussi désordonné qu’au début. Une journée qui avait cherché à se faire difficile pour elle. Le remerciement bref avait quitté ses lèvres pour ceux qui l’avaient aidée. Elle avait ensuite fui la cafétéria d’un pas rapide afin de ne pas être en retard pour la suite.

L’après-midi s’était déroulée sans anicroche évidente. Quitter l’académie pour rejoindre son lieu de travail. Déposer les documents, échanger quelques infos et réorganiser les derniers cas sur lesquels ils travaillaient. Puis enfin, le retour à la maison alors que le soleil avait déjà disparu du ciel. Les coups d’œil fréquent autour d’elle, car toujours, elle se sentait mal à l’aise d’évoluer seule dans la nuit. Mais elle souhaitait braver cette peur, trouver le courage. Et ce ne fut qu’une fois installée chez elle, assise confortablement sur son lit, alors qu’elle faisait le tri de ses photos qu’elle avait remarqué qu’il lui en manquait une. Frénétiquement, elle avait cherché. Entre ses cahiers, dans son sac. Mais ne trouva rien. L’avait-elle égarée ? Repasser en mémoire les événements de la journée pour trouver la raison de cette perte. La cafétéria ?

Elle décida d’y repasser le lendemain. Elle n’avait qu’un cours en matinée. Elle pourrait donc s’y rendre par la suite. En espérant vivement que — si elle l’avait bien fait tomber — un concierge ne l’avait pas jetée. Une photo dont elle était satisfaite, qu’elle aurait voulu partager. Composition douce du soleil et de la neige qui éclairait la belle Midrias. Capturé aux petits jours dans les premières lueurs de l’aube. Silence paisible et immobilité glaciale qu’elle avait capturés de sa caméra.

Heure du dîner tant attendu. Elle s’avançait entre les tables. Pas pressé, mais évitant soigneusement ceux qui se retrouvaient sur son chemin. L’endroit qui commençait à se combler sous les ventres affamés. Le regard vers le sol, mèches qu’elle voulut repousser de son visage pour continuer sa recherche un peu désespérée. Ne sachant trop si elle devait y croire. L’hésitation de s’accrocher à un espoir vain. Et pourtant, sentiment qu’elle devait au moins tenter de la retrouver. Elle s’approchait de la section où elle avait été assise la veille. Dernier endroit où elle pourrait l’avoir oublié. Mais avant d’atteindre la table déjà occupée, une voix demanda son attention. La tête qui se relevait pour apercevoir cette photo qu’elle avait cherchée. L’exclamation lui échappait avant même qu’elle en ait conscience « Ah ! Oui. Merci. » Le soulagement qui paraissait dans sa voix et le sourire étira doucement ses lèvres alors qu’elle tendait la main vers l’objet. Mais si elle avait pensé pouvoir simplement l’attraper, cela ne semblait pas être le cas. Main de celle qui lui faisait face, qui se crispait sur la photo. L’incompréhension un court instant, et la réalisation qu’elle souhaitait probablement quelque chose en retour.

Puis, le regard échangé lui permit de réaliser qui lui faisait face. Avec une pointe de surprise, car Leora connaissait bien entendu le groupe duquel elle faisait partie. Elle devait aussi admettre que le regard intense qu’elle lui portait la rendait un peu mal à l’aise. Ajouté à celui du garde du corps qui observait l’échange d’un air avisé. La possibilité d’attirer l’attention de ceux autour ne s’en trouvait que raviver. Et Leora n’avait jamais été douée pour être au centre de l’attention. « Hum, est-ce que tout va bien ? Est-ce que… je peux vous payer un café pour vous remercier ? » Serait-ce assez pour convaincre celle-ci de lâcher la photo ? Cela allongerait la conversation, alors qu’elle ne le souhaitait pas particulièrement — préférant toujours la compagnie des ombres — mais elle prendrait sur elle un peu si cela lui permettait de retrouver son bien.

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Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Leora Lazarus Amante est un personnage de l’imaginaire de Narcissa qui réside dans son esprit depuis toujours. Dès qu’elle ferme les yeux, l’image de ce visage lui apporte réconfort et espoir. Leur avenir est lié, d’une manière encore inconnue mais que l’idole espère être heureuse. Gamine, les visions de cette autre enfant lui inspirait une surprenante confiance, comme le personnage d’une série télé qu’on a l’habitude d’observer évoluer, faire des erreurs, se relever de chaque épreuve. Adolescente, cette autre jeune femme en plein changement commence à devenir un objet de désir, tandis que son orientation sexuelle s’éveille et que la notion d’attirance devient plus tangible. Amante est magnifique, autant physiquement que l’énergie que Narcy peut capter dès qu’elle l’observe dans ses prémonitions. Ainsi, les années transforment cet espoir en fantasme, puisque le temps ne semble jamais lui révéler l’identité de cette autre personne. Plusieurs fois par le passé, Narcissa s’est arrêtée pour réfléchir à la possibilité qu’Amante n’est pas réelle, qu’il est improbable d’avoir autant de visions en continue, comme si elle était connectée avec quelqu’un d’autre. Ainsi, sans perdre l’amour qu’elle a développé, les prémonitions se sont additionnées sans offrir de résultat concret pendant trop longtemps. Amante est devenue une illusion. Un moyen pour son cerveau de calmer son stress, d’imaginer son propre futur dans la douceur et l’affection. Ce bouclier de protection explose en mille morceaux lorsque Leora est juste devant elle, dans le café de l’Iron Gates Academy.

Comment c’est possible qu’elle soit encore plus sublime en vrai? Ses cheveux chocolat semblent si lisse. La peau de son visage est radieuse, presque lumineuse. Ses yeux sont des trappes dans lesquelles Narcy se retrouvent instantanément piégées. Une voix. Une voix que la Seer n’a encore pas eu la chance d’entendre car ses prémonitions ne lui offraient aucunement la satisfaction. Amante parle... La voix d’Amante est une surprise suffisante pour la ramener à son corps et enfin prendre conscience que ce n’est pas une autre prémonition. Elle est là, juste devant elle et vient de lui proposer un café. Quelle étrange offre puisque l’idole n’est pas amatrice de caféine. Comment cette personne, réelle en tout cas, aurait pu le savoir? Ses iris se baissent sur la photo que ses doigts gardent prisonnière. Narcy relâche toute tension et libère enfin l’image. « Pardon, vous me rappelez quelqu’un que je connais. J’ai été surprise. Je veux bien un thé, c’est très gentil. » La rappeuse fait signe à Leora de s’installer à leur table. Son regard se porte une seconde à peine sur Cerberus qui comprend le message et se lève, non sans douceur. Il faut dire qu’il est gigantesque et qu’un tel tank se déplace en faisant du bruit. Le garde du corps est en route pour aller leur chercher leur boisson respective. Au final, ça semble être Narcissa qui invite Leora pour un café, pas le contraire. L’idole sourit à l’autre jeune femme, se détendant de plus en plus avec la présence d’Amante en face d’elle. « Il ne faut pas avoir peur, il ne mord pas. C’est un gros chien docile. Mon mécène insiste pour qu’il m’accompagne partout. Il est comme une ombre » Et Narcy se doute bien que ça peut rendre très inconfortable et pas que ça. Du coup, une idée impulsive lui vient. « J’ai comme l’impression que vous n’aimez pas qu’autant de paires d’yeux nous regarde. Ça vous dit une balade? » Narcissa s’est déjà levé de sa chaise, souriant d’une manière bien trop invitante pour ne pas donner envie de la suivre jusqu’au bout du monde. Puis il faut dire que les autres élèves sont réellement en train de les observer et de chuchoter probablement des absurdités à leur propos. Quant à Cerberus, il est dans la file d’attente pour avoir leur commande, c’est donc le moment opportun pour fuir en douce. « Allez, je connais un endroit tranquille. » Sans plus de gêne, la médium glisse sa main dans celle de Leora et partage ainsi leur premier véritable contact. La sensation est électrisante, comme une bouffée d’adrénaline revitalisante ayant le pouvoir de donner des ailes.

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Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Narcissa Schiavon
Regard curieux qui questionnait, qui se demandait. Puis sa voix qui semblait ramener à la réalité. Pression relâchée de la part de l’Idole. Et Leora sentit la photo lui glisser dans la paume. Sensation agréable d’avoir retrouvé son bien perdu. Ses pupilles se concentrèrent un instant sur le paysage photographié avant de se porter à nouveau sur celle qui répondait. La proposition acceptée tout en donnant une raison à cette fixation soudaine qui avait eu lieu. Ressemblance qui attirait les souvenirs. Elle hochait simplement la tête, Leora, pour indiquer la compréhension, pour ne pas se soucier davantage du moment. Mais si elle souhaitait maintenant tourner les talons, retourner d’où elle était venue, mettre fin à cette courte rencontre, elle ne le pouvait pas tout de suite. Un thé était demandé. Pas de café, donc. Si Leora connaissait la rappeuse de nom, pouvait l’associer à son groupe, elle ne pouvait pas en dire plus sur la personne qui se trouvait derrière l’image. Musique qui passait, qu’elle entendait, qu’elle appréciait. Mais personnalités et célébrités à qui elle ne s’intéressait que si elle en avait un motif pour la convaincre. Son quotidien déjà rempli de recherches, son temps libre se centralisait ailleurs, sur elle-même et ses passions.  

Elle acquiesça d’un mouvement de la tête, prenant en compte le thé désiré. Préférence que Leora pouvait partager. Café qu’elle ne prenait que peu souvent, mais proposition facile à faire à ceux qu’on ne connaissait pas. Et alors qu’elle pensait s’y diriger, qu’elle pensait dépenser, le signe de la main l’invitait à s’asseoir. Cligner des yeux pour admettre sa confusion, avant de réaliser que le garde du corps se mettait en route. Comme Leora était celle qui invitait, était celle qui voulait remercier, elle s’en trouva hésitante. Un peu incertaine, elle posa un regard sur le banc, puis sur Narcissa. Elle sentait toujours les regards et les murmures autour d’elles. Attention qu’elle voulait éviter et chaque seconde passée ne faisait qu’empirer la sensation. Petit sourire entre la politesse et l’angoisse se dessinait sur ses lèvres. Et son anxiété semblait se trahir malgré elle dans ses traits, car rapidement, la proposition prenait un autre tour. Celle d’une balade. « Hum, je... » mais elle n’eut pas réellement le temps de répondre qu’elle se sentit entrainée. La main de Narcissa attrapait la sienne pour la guider à sa suite.

Surprise complète pour la photographe qui avait juste eu le temps de glisser la photo dans son sac avant que ses pas ne suivent le mouvement. Toujours incertaine et un brin confuse, mais l’optique de quitter ces nombreux regards l’encouragea à ne pas arrêter, à ne pas causer une scène qui attirerait plus d’attention. Elle pressa même le pas pour fuir la cafétéria au plus vite et ne ralentit qu’une fois dans les couloirs. Regard vers sa main qui reposait dans l’autre. Elle n’avait pas serré, Leora. Se laissant simplement entrainer, sans réagir. Un peu déboussolée par la situation. Et elle chercha à retirer sa main une fois qu’elle reprit ses esprits « Oh. Et le thé ? » Première question, un peu absurde. Pour surtout reprendre contenance dans une situation inconnue, étrange. « Je ne suis pas contre trouver un endroit moins achalandé, mais... je ne vous cacherai pas que je suis un peu confuse sur la raison. » Leora honnête lorsqu’il était question de comprendre les situations dans lesquelles elle pouvait se retrouver. Personnalité qui se cachait, qui s’évadait, mais qui ne mentait que très peu. Qui se contentait d’omettre, de contourner lorsque nécessaire. Mais pour comprendre ceux qui l’entourait ceux qu’elle abordait, ceux avec qui elle discutait, elle prenait le temps. Elle ne cachait pas ses questionnements et ses demandes. Cette curiosité qui la suivait souvent, qui la poussait à découvrir. Principalement lorsque les réponses lui donnaient une meilleure vision de l’autre, de ceux qui accaparaient son temps. Lorsqu’elle pouvait en apprendre plus sur qui lui faisait face, cela rendait plus facile de savoir ensuite comment naviguer la discussion. Toujours plus rassurant pour Leora. « Quel endroit aviez-vous en tête ? Et pourquoi si soudainement ? » Regard intrigué qui se posait sur celle qui l'accompagnait.

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Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Leora Lazarus L’envie de fuir la protection qu’offre Cerberus, qu’offre par extension Demyan en ayant engagé un garde du corps, aussi surréaliste que ça puisse paraître, c’est exactement ce que Narcissa souhaite. Amante est ce personnage spécial de son existence qu’elle désir garder que pour elle, dissimuler des yeux curieux des gens de la cafétéria mais également du géant employé par son mécène qui justement pourrait lui rapporter ce qu’il a vu aujourd’hui. Ce moment avec cette femme exceptionnelle, elle veut le vivre indépendamment des autres. Sauf que ses impulsions subites, va savoir s’ils vont plaire à cette personne qu’elle ne connaît pas réellement. Si dans son imaginaire Amante éprouve pour elle amour et dévotion, cette véritable version est une inconnue. Comme pour faire écho à ses fantasmes, Leora se laisse entraîner et Narcy, déjà dans un état proche de l’euphorie, continue de s’extasier en sentant cette liberté retrouvée. Dans le couloir, leur main se sépare naturellement, mais cela ne fait que permettre à la rappeuse de sautiller légèrement autour d’Amante comme une gamine trop contente d’avoir désobéit à ses parents. Pourquoi aucun thé? L’honnêteté, partielle toutefois, lui semble la seule façon de répondre. « La dernière fois que j’ai été seule, réellement seule sans garde du corps, ça remonte à quatre ans maintenant. Je sais que c’est stupide, mais je me sens trop bien en ce moment! » Narcy écarte les bras et ferme les yeux, inspirant profondément l’air de la liberté. Si le thé avait été le prétexte, Amante était la véritable raison. Mais comment l’expliquer à cette inconnue sans risquer de la perdre à tout jamais? Leora qui s’intéresse à leur prochaine destination est ce qui pousse l’idole à rouvre les yeux en souriant.  « Je suis une Seer. Je vois en général les gens. Mais il m’arrive de voir des endroits. Voilà pourquoi je connais ce lieu où personne ne va à l’académie car il est dissimulé derrière les branches de vieux arbres et qu’il faut grimper légèrement pour atteindre ce petit cocon. Je n’y suis encore jamais allé car je ne voulais pas montrer ce lieu à mon mécène à travers mon garde du corps. Mais maintenant qu’on est seules, je suis trop curieuse d’enfin le découvrir. Puis si c’est comme ce que j’ai vu, c’est la cachette idéale, y compris pour vous. Si jamais l’envie vous y prend un jour de disparaître momentanément. » Cette fois, la brune tend une main vers Leora et attend de voir si l’autre répond en acceptant de la prendre plutôt que de glisser ses doigts sans permission. Le petit cocon est l’une de ses nombreuses visions sans importance qu’elle a eu au cours de ses années d’existence. Jamais jusqu’à maintenant cette vision n’a fait de sens. Un lieu que seulement Amante et elle connaitrait, n’est-ce pas l’occasion parfaite de débuter leur longue vie commune? Si seulement l’avenir était aussi simple à générer, tous les rêves se réaliseraient sans exception.

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Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Narcissa Schiavon
Fuite de la cafétéria. Thé qui n’était peut-être qu’un prétexte finalement. Leora un peu confuse qui avait suivi le mouvement avec le désir de s’éloigner des regards. Les pas qui ralentissaient ensuite. Et sa compagne qui émanait de plaisir. Elle ne le cachait pas, Leora, qu’elle était un peu dépassée par les événements. Elle qui avait simplement voulu retrouver cette photo, la voilà à s’enfuir en compagnie d’une célébrité. Situation qui lui semblait étrange. Et la question avait quitté ses lèvres pour essayer de comprendre de ce qui se passait. Du pourquoi de cette tournure des événements. La raison énoncée, Leora posa son regard curieux sur celle qui l’accompagnait. La tête qui se penchait légèrement alors qu’elle réfléchissait à ce qu’elle apprenait.

Leur réalité était bien différente, Leora le savait. Une vie qu’elle ne pouvait pas réellement comprendre, étant elle-même à se cacher derrière la caméra, ne se présentant que trop rarement devant. Mais des mots qui pouvaient faire sens pour elle. Vouloir un moment pour soi-même, sans regard qui fouinait par-dessus son épaule, sans une ombre toujours dans son sillage. Sentiment que Leora pouvait partager. Si son ombre à elle faisait maintenant partie de sa personne, un garde du corps pour l’Idole devait être plutôt intrusif. Leora pouvait comprendre l’effervescence de se retrouver sans cette attention l’espace d’un moment. Elle qui aimait s’entourer de mystère, elle qui ne dévoilait pas ses secrets. Elle ne pouvait qu’acquiescer à la requête.  Malgré tout, elle se demanda si sa présence ne serait pas de trop dans ce cas. Ou peut-être l’habitude d’être entourée faisait en sorte que la complète solitude n’était pas appréciée ?

Questionnement qui était rapidement répondu par le commentaire suivant. Après avoir expliqué l’endroit qu’elle avait vu, c'était quelques mots partagés qui intriguèrent Leora; que pour elle aussi, ce pouvait être l’endroit idéal. Soudainement, elle se sentait légèrement découverte. Quelque part, elle n’appréciait pas avoir démontré si facilement son malaise face aux regards. Car c’était bien pour cette raison qu’on lui disait, n’est-ce pas ? Parce que celle à ses côtés avait remarqué son anxiété d’être au centre de l’attention. Regard qui s’évada un instant sous la pensée. Elle n’aimait jamais donner la chance aux autres de la comprendre, mais elle ne pouvait cacher son malaise lorsqu’elle se retrouvait sous le feu des projecteurs. Quoi de plus évident que de le remarquer.

La main qu’on lui présentait ensuite. Cette fois, invitation donnée à son égard. Et pour Leora, l’étrangeté de la situation à nouveau. À peu se laisser inciter, entraîner. Mais une proposition qui la faisait réfléchir. Elle se demandait si elle devait accepter. Car c’était un endroit qu’il l’intriguait, qui l’attirait par la description dont lui avait fait la Seer. Un endroit caché, secret ? Tout pour plaire à la photographe qui aimait se recueillir en solitaire pour se concentrer sur ses projets. Ou simplement pour s’évader des foules et de ses inquiétudes. Cependant, elle préférait garder une distante rassurante. Elle ne souhaitait pas franchir la ligne qu’elle plaçait entre elle et les autres. Elle ne prendrait pas cette main une nouvelle fois, car elle ne voyait aucune raison de le faire. Elles pouvaient facilement marcher côte à côte sans se perdre de vue. Le contact ne lui semblait pas nécessaire. N’était pas désiré non plus pour Leora. Beaucoup plus réservé.

« Je m’avoue curieuse. Un endroit tranquille et caché de plusieurs ? Je veux bien le découvrir. Parfois, un moment pour s’évader est bien ce dont on a besoin. » Elle était reconnaissante de la proposition. Intention qu’elle comprenait totalement. Elle-même voulant ces moments pour elle. Parfois pour calmer ses insécurités, profiter de ces moments calmes où aucune autre âme ne pouvait déranger son silence. L’optique du danger avait toujours une place dans son esprit lorsqu’elle côtoyait le monde. Même si elle apprenait à braver la peur, même si elle pouvait se montrer audacieuse, l’anxiété existait toujours quelque part au fond d’elle. Fragile et sensible Leora. Qui pourtant se découvrait parfois tenace, parfois brave. « Je vous suis. Dépêchons avant qu’il ne se rende compte de notre départ. Même si la file de la cafétéria est assez longue à cette heure, je me doute que s’il vous perd de vue, il n’attendra pas. C’est de quel côté ? » Curiosité qui s’animait alors. S’il y avait bien une chose qui chassait ses inquiétudes, c’était bien cette curiosité qui parfois l’envahissait complètement et la poussait à explorer, à braver. Car elle aimait, Leora, découvrir et comprendre. Trouver un endroit caché éveillait chez elle cet intérêt envers l’exploration, qui était parfois refréné par ses peurs. Elle reprit la route alors, ne sachant pas réellement où se diriger, mais indiquant son envie de visiter la place mentionnée.

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Février 2023 ↠ cocon secret

with / @Leora Lazarus Amante est la seule qui possède le cœur de Narcissa. Il y a bien des années que cette dernière l’a offerte à cette vision, sans même savoir si elle serait réelle et non. Puis, voilà que la femme qu’elle voit si souvent dans son esprit apparaît. C’est impossible de laisser cela filer. Les conséquences de sa petite fugue risque d’être énorme. Demyan est quelqu’un que l’on ne peut pas trahir. Tout simplement puisque personne ne survie à sa vengeance à la suite d’un tel affront. Narcy sera t-elle l’unique personne à échapper à son courroux? Il serait impossible de le prévoir, surtout que rien ne prouve que Cerberus ne va pas apparaître d’un coup derrière elles et les rattraper avant de pouvoir se sauver bien loin. Narcissa n’a pas une seule pensée pour Demyan à cet instant. Son esprit n’est occupé que par Amante, par sa beauté qui est encore plus sublime en personne. Celle qu’elle imaginait comme étant son âme sœur ne saisit point sa main. Cela ne brise en rien le sourire de Narcissa, surtout que Leora accepte son offre, alors pourquoi dissimuler son bonheur? « C’est par là! » Narcy use de cette main vide pour pointer dans une direction, à présent. Et les deux jeunes femmes se dirigent d’un pas rapide hors de l’académie. Il fallait bien évidemment sortir de ce vaste établissement pour atteindre les arbres de sa vision. Tout du long, Narcissa observe l’autre femme et l’encourage de sourires et de mots joyeux. « On y est presque! » Traversant au-delà des serres dans lesquelles sont cultivées des plantes pour des potions ou des usages magiques, voilà qu’elles atteignent une petite forêt. Les arbres sont tout de même bien espacés les uns par rapport aux autres, surtout puisqu’il y a des morceaux de bétons par-ci, par-là. « Ce sont les fondations d’une ancienne faculté de l’académie. » Narcissa lui explique, toujours heureuse. En effet, plus elles progressent, plus des murs de pierres abandonnés se dessinent. Enfin, un arbre supérieur aux autres en taille est à leur portée. « Là-haut! » En levant la tête, on ne voit pourtant rien outre l’épaisse cime de l’arbre. En s’approchant du large tronc, on peut distinguer du béton et de la pierre qui semble avoir fusionné avec l’écorce. En vérité, c’est plutôt l’arbre lui-même qui a exploser la structure pour s’élever vers le soleil. Narcissa s’aventure la première, usant des grandes racines hors de la terre au pied de l’arbre puis de la pierre incrustée pour progresser. Elle tend un nouvelle main à Leora, afin de l’aider dans son escalade. Leur tête percent à travers le feuillage et devant elles se trouve leur cocon. Il s’agit d’un petit rectangle de végétation douce qui recouvre ce qui a été un toit, probablement d’un bâtiment de rangement annexe à la faculté. La structure est parfaitement solide à cause de l’arbre qui assure la stabilité de l’endroit. Narcissa termine de grimper afin de venir se coucher dans la végétation apaisante. Le rectangle fait environ quatre par six mètres, pouvant ainsi les accueillir toutes les deux sans être trop claustrophobique. Les branches les dissimulent du monde extérieur, d’une façon étrangement réconfortante. On dirait que le son dans ce cocon est atténué, probablement absorbé par l’écorce.

Après quelques minutes de silence a demeurer couché sur le dos, Narcy vient finalement se mettre en position assise. Le sommet de sa tête est ainsi caressé par les branches qui les enveloppent. C’est véritablement un cocon protecteur, probablement même des intempéries à en voir ce qu’il y a au-dessus de leur tête. De quoi agir comme un parasol naturel. La Seer recommence à sourire, heureuse de voir Amante toujours avec elle dans le cocon. L’air extérieur pénètre bien entre les branches, il ne fait donc pas trop chaud, ni trop froid et ce n’est pas trop étouffant non plus. Il y a assez d’espace pour éviter de se sentir coincer. C’est véritablement le paradis de la solitude qu’elles espéraient. « Qu’est-ce que vous en pensez? » Visiblement, la rappeuse est très satisfaite par l’endroit. Sauf que la véritable opinion qui compte est celle d’Amante. « Maintenant, on peut discuter comme on veut. » Elle ajoute plus bas, surtout pour elle-même. « Avec tout cela, on n’a pas été formellement introduite. Je m’appelle Narcissa. Je préfère qu’on m’appelle Narcy, toutefois. Je trouve cela plus simple à prononcer et à retenir. Comment vous appelez vous? » Moment crucial, puisque son esprit à l’habitude de référer d’elle sous le pseudonyme d’Amante. Désormais, il y aura une véritable identité d’associée. Pas que cela soit si important que cela, mais la brune est vraiment curieuse d’enfin pouvoir connaître cette femme avec qui elle souhaite partager le quotidien jusqu’à la fin des temps.

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Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Narcissa Schiavon
Direction indiquée, elles s’étaient mises en route sans attendre. Après tout, si elles ne voulaient pas être rejointes par le garde du corps, elles se devaient de se dépêcher et de se faire discrètes. Il y avait quelque chose d’étrange et d’amusant pour Leora. Hors de ses habitudes que de suivre quelqu’un ainsi. Mais parfois, elle se disait pourquoi pas. Pour braver l’anxiété et les inquiétudes. Pour se prouver qu’elle pouvait être spontanée, qu’elle pouvait réussir à vaincre ses peurs. Que cette façon lui semblait même plus adaptée que le danger des rues.

Alors elle suivait, avec curiosité et intrigue, vers cet endroit que lui avait décrit rapidement la Seer. Le chemin s’enfonçait dans les jardins, dépassant les serres. Décor qui lui plaisait alors qu’elles s’éloignaient des routes achalandées. La forêt ensuite, qu’elles traversaient pour découvrir les vestiges d’une vieille faculté oubliée. Là où la nature retrouvait ses droits sur l’humanité. Et Leora se dit que c’était un endroit intéressant et avec une pointe de mystère. Fascinant et d’une beauté sauvage. Qui serait parfait pour ses photographies. Déjà le désir de sortir sa caméra lui démangeait, mais elle n’avait pas le temps si elle ne voulait pas ralentir le pas. Elle notait malgré tout mentalement par où elles passaient, pour y revenir lorsque l’envie lui prendrait.

Enfin, elles se retrouvèrent là où le lieu se cachait. Un peu en hauteur, camoufler par les larges branches d’un arbre qui avait élu domicile à cet endroit. Émerveillement pour la photographe. Le calme ambiant la rendait déjà bien paisible, sentiment d’être coupé du monde en observant. Un regard vers le haut pour détailler la nature qui semblait garder précieusement caché l’emplacement. Elle attrapa cette fois la main qu’on lui tendait pour l’aider à atteindre le lieu. Petit cocon qui se présentait entre les vignes. Protégé du vent et des intempéries tant les branches se trouvaient larges et serrées. Un endroit que Leora apprécia tout de suite. Pour son calme et sa tranquillité. Sans parler, elle s’allongea à son tour sur le tapis de feuilles et profita du silence qui s’étendait autour. Ne se relevant que lorsqu’elle entendit la voix de sa compagne s’élever.

Regard qu’elle portait et petit sourire qui étirait finalement ses lèvres. « J’aime beaucoup. On se sent à l’abri du monde et le silence permet de se recentrer sur nous. C’est vraiment un bel endroit. Je vais le garder en mémoire pour fuir les foules. Et puis, c’est assez loin pour ne pas être dérangé tout en restant sur le territoire de l’académie. Je suis bien contente de le découvrir. » Partage de ses impressions sur le lieu qu’elle découvrait. Honnêteté dans ses propos. Elle était heureuse d’en apprendre l’existence, de savoir que la possibilité d’y revenir lui était donnée. La pensée de s’y recueillir avec sa solitude lui plaisait grandement. Loin des regards, c’était aussi plus facile de discuter. Leora n’était pas de celle à beaucoup partager lorsqu’elle se retrouvait en groupe. Sa voix qui ne portait que bien rarement, se faisant enterrer par ceux qui se montraient bruyants. Douce voix qui n’avait pas la puissance d’interrompre, mais qui n’en avait jamais réellement eu son désir. À deux, c’était plus facile, elle se voyait délier la langue beaucoup plus aisément. « C’est bien vrai. Nous avons sauté cette étape. J’ai tendance à omettre de me présenter lorsque je rencontre quelqu’un, étrangement. » Pas si étrange, elle savait exactement pourquoi elle ne le faisait pas, mais elle n’avait pas l’intention de s’étendre sur sa méfiance et ses préférences en matière de mystère. « Enchantée Narcy. Je me nomme Leora. » Amabilité qui étirait ses traits et elle laissa ensuite son regard détailler à nouveau le cocon dans lequel elles se trouvaient. « Pensez-vous que vous y reviendrez ? J’imagine que ce ne sera pas facile d’éviter votre garde du corps à chaque fois. » Pointe de curiosité, elle n’était pas la meilleure pour entretenir les discussions, Leora. Alors, elle posait des questions. Réflexion sur ce que Narcissa avait dit plus tôt. Qu’elle ne voulait pas le montrer à son mécène. Allait-elle pouvoir y retourner sans compagnie ou cette ombre qui la suivait risquait-elle de l’en empêcher ?

Real or not real?

Février 2023 ↠ cocon secret

with / @Leora Lazarus Maintenant que le cocon était découvert, Narcissa veut s’y reposer un instant sans songer à ce qui l’attend à son retour au café. Cerberus ne s’y trouvera probablement plus. Il n’est pas un chien pisteur, mais il est capable de traquer quelqu’un, si besoin. Voilà pourquoi elle avait intentionnellement omis de prendre son téléphone qui était demeuré sur la table. Son garde du corps va le récupérer pour elle, de toute manière. Mais en se départissant de l’appareil, cela lui accorde une plus grande période de liberté. Un portable est facile à traquer, même perdu dans la nature à proximité de l’académie. Selon les calculs de Narcy, elles disposent d’au maximum deux heures avant que le gorille de Demyan ne les retrouve ici. Leur moment en privé est donc déjà en péril, alors qu’il vient à peine de débuter. Inutile d’en informer Amante. Pour l’instant, leur disparition des radars est réelle. Son corps retrouve naturellement le tapis douillet afin de s’y étendre derechef.

Ouvrant les yeux, la voyante lui demande son avis. Cela lui fait du bien de savoir que l’autre jeune femme apprécie l’endroit. Surtout, qu’elle ne regrette pas d’avoir suivi l’impulsion du moment. Maintenant qu’elles ont l’opportunité d’en découvrir plus sur l’autre, l’héritière de Demyan ose lui demander son prénom. « Leora. C’est magnifique. » Sourire aux lèvres, elle répète le nom dans son esprit à plusieurs reprises comme pour le graver de façon permanente. Malheureusement, l’innocence du moment ne peut perdurer. La belle à ses côtés lui rappelle la réalité et son sourire en est perturbé quelque peu. Rien de dramatique, mais suffisamment pour être perceptible. Comme réponse, Narcissa glisse ses doigts dans la poche de sa veste. Elle en sort un bout de papier rose parfaitement bien plié en quatre. Le carré est déposée doucement dans la paume d’Amante. « Je doute de parvenir à m’échapper de sa surveillance par la suite. Voici un numéro d’une ligne privée pour me rejoindre, si jamais vous avez envie de discuter après aujourd’hui. Il y a peu de biens que je possède qui ne sont pas également la propriété de mon mécène. Cette ligne est indépendante. » Narcissa se positionne sur son flanc afin d’observer Leora tout en poursuivant ses explications. « Ça sonne forcément étrange, j’en conviens. On dirait que vous êtes en danger, en ma présence. Ce n’est pas le cas. C’est simplement que mon mécène me donne absolument tout, attendant en retour que je lui révèle chacune de mes intentions. Il est comme ça, il veut tout connaître des autres, pas uniquement de moi. J’ai un jardin secret que j’espère pouvoir conservé aussi longtemps que possible. Et pour une fois dans ma vie, j’aimerais avoir une amie à l’abri de son jugement. Pour lui, personne n’est jamais assez bien. Je ne suis pas assez bien également selon ses standards. La quantités de petites rébellions, de caprices que j’ai pu lui faire afin de m’affirmer, mon mécène a tout encore en mémoire, les gardant marquées à son tableau d’ardoise comme des erreurs de ma part. J’aimerais pouvoir faire les choses autrement. Avoir la liberté de revenir à chaque jour dans ce cocon pour discuter ensemble. Mais j’ai bien peur que ce moment présent soit le seul que nous avons. »

Quelques minutes de silences passent, tandis qu’aucun mot n’est nécessaire pour que les deux étudiantes profitent de l’instant présent. Enfin, Narcissa se remet en position assise et sort d’une autre poche un crayon feutre. Sur l’écorce d’une des branches de leur toit naturelle, elle dessine une étoile. L’encre sèche après un délicat souffle de sa part. « Cette étoile sera votre protectrice en mon absence. » Elle affirme avant de s’approcher de Leora. « Puis-je? » Narcy pointe en direction de la chevelure de son âme sœur. « Vos cheveux sont trop renversant pour ne pas les coiffer à chaque occasion possible. » Ses longues mèches chocolats sont constamment laissées libres dans ses visions. Narcissa a donc toujours eu envie de pouvoir les arranger autrement. Glissant derrière Leora, elle tresse légèrement ses cheveux avant de venir les attacher avec l’un de ses rubans personnels qui était également dans sa poche. À croire que tout était planifié à l’avance. Satisfaite du résultat, la Seer revient devant l’autre femme afin de lui donner un thumbs up d’approbation et un sourire.

Real or not real?

Février 2023 ↠ café de l'Iron Gates Academy

with / @Narcissa Schiavon
Les feuilles lui chatouillèrent sa tête, car le lieu était étroit, restreint pour leur mouvement, mais agréable. Calme et renvoyant un sentiment hors du monde que Leora adorait. Elle avait le regard sur sa compagne, curieuse après avoir posé quelques questions. La première réaction de la voyante fut de sortir de sa poche un papier gracieusement plié en quatre. Papier qui se retrouva au creux de la paume de Leora. Qu’elle observa un moment avec toujours la même curiosité. Quand était-ce la dernière fois qu’elle avait échangé son numéro avec quelqu’un ? Longtemps. Était-ce le début d’une amitié ? Encore incertaine, Leora. Toujours cette crainte qu’en laissant quelqu’un de nouveau dans sa vie, celle-ci puisse la trahir à n’importe quel moment. Le papier trouva sa poche et y resterait pour le moment.

Partage dont Leora n’avait pas l’habitude. Elle qui pouvait tout garder sous silence, tout garder caché. Elle qui avait beaucoup de difficulté à laisser paraître certaines facettes de sa personnalité. Les mystères dans lesquels elle aimait s’entourer. Narcissa devant elle s’ouvrait, lui racontait une partie de son quotidien. Si facilement que Leora en fut légèrement surprise. Qu’on lui partage si simplement alors qu’elles ne se connaissaient pas. Était-ce parce que l’idole avait l’habitude qu’on fouille dans sa vie privée ? Qu’on lui pose de questions auxquelles elle se devait de répondre pour satisfaire fans et journalistes ? Si étrange pour Leora. Elles ne vivaient décidément pas dans le même monde. Là où Leora évoluait parmi les ombres, Narcissa vivait sous la lumière de projecteurs bien trop éclatants. Sous les regards, entre admiration et haine. Leora était plutôt invisible. À ne pas se dévoiler ni se laisser découvrir. Ce contraste lui paraissait étrange, mais elle écoutait. Hochant la tête, toujours avec une curiosité envers ce qui l’entourait.

Jardins secrets. Elle pouvait totalement comprendre. Elle-même vivant dans le sien perpétuellement et y refusant l’accès aux autres. C’était quelque chose qui lui semblait nécessaire. Que Narcissa en ait besoin avait du sens à ses yeux. Qu’on souhaite lui en empêcher était condamnable cependant pour la photographe. Que quelqu’un cherche à avoir la main mise sur la vie d’un autre était aussi un comportement qu’elle détestait. Depuis toujours. Particulièrement car elle en avait été elle-même victime. De ceux qui cherchaient à dominer, à contrôler. Elle sentait une colère, une peine, une détresse peut-être qui s’enroulaient en elle sous des souvenirs qu’elle cherchait à oublier. Son regard qui perdit dans les branches, réflexion qui parsemait ses pupilles alors que le silence s’installait autour d’elles. Confortable pour Leora qui parlait souvent peu.

Le regard qui suivit ensuite ce que Narcissa dessinait. Étoile protectrice. Encore une fois, Leora qui se retrouva curieuse. Sans trop savoir quelle réaction adopté. Et l’attention reportée vers elle, vers ses cheveux qui tombaient librement dans son dos. Souvent laisser tels qu’ils étaient, elle ne les attachait que lors d’occasion ou lorsqu’elle avait besoin de concentration. Leora n’avait pas véritablement d’ami. Il y avait longtemps que personne n’avait joué dans ses cheveux ou cherché à la coiffer. Ce n’était pas le genre d’Orion — sans grande surprise — et elle n’avait pas eu d’ami proche autre que lui depuis... elle ne savait même plus. Toujours trop craintive pour accepter quelqu’un à ses côtés. Mais elle cherchait à changer maintenant. Et peut-être que faire un pas vers les autres était une solution. Beaucoup plus facile à dire qu’à faire cependant. Elle était toujours mal à l’aise de se montrer. Mais aujourd’hui, elle se promit de faire un peu plus d’effort. C’était une décision bien difficile pour elle, car même partager son nom amenait toujours une touche d’angoisse. À savoir si ceux à qui elle se présentait connaissaient cet homme qui était la raison de ses cauchemars.

Elle laissa Narcissa tresser délicatement ses cheveux, y attacher un ruban, avant de répondre avec une pointe d’incertitude : « Ah, euh, merci. » Sa main se leva automatiquement vers le morceau de tissu. Toucher ce que cela donnait comme elle ne pouvait pas le voir elle-même. « Je vais garder cet endroit précieusement alors. Mais je vous souhaite quand même de pouvoir y remettre les pieds un jour. » Conviction qu’elle afficha avec un petit sourire. Commissure de ses lèvres qui s’étirait légèrement pour montrer le plaisir qu’elle avait de découvrir ce cocon. « Tout le monde a besoin de ses secrets, de ses moments. Ses propres réflexions qui ne seraient partagé qu’au moment souhaité, non pas parce qu’on nous l’oblige. Votre quotidien me semble bien étouffant. Profitons donc de ce bref moment. » Car si elle ne pouvait pas tout de suite changer les choses, si elle se devait d’endurer cette vie où les secrets se voulaient sans cesse révéler, tout ce que pouvait lui offrir Leora à l’instant, c’était de profiter du moment. De garder ce souvenir qu’elles pourraient partager. Elles seules sauraient ce qui s’était dit ici. « Pourquoi avoir dessiné une étoile ? Est-ce que le symbole a une signification particulière pour vous ? » À toujours relancer les discussions par des questions. Leora qui cherchait à comprendre qui l’entourait. L’habitude de tout analyser, de tout observer.