01 - Utopia né dans la ville du plaisir, refuge faste d'illusions pour les âmes damnées en quête de perdition, paradis d'Eden pour les amateurs friands d'interdit, là où le jeu règne en maître et la tromperie est reine. la détresse capture l'esseulé pour le guider vers son mausolée, lui faisant miroiter ce qu'il n'aura jamais. utopia est un mirage fantasme qui épuise les êtres pour mieux venir nourrir la poussière des badlands autour d'elle. et seuls ceux qui y ont grandi savent contourner ses vices, prendre part au péché, fruits de son succès.
destiné à de grands desseins que d'autres ont dessinés pour lui, hypnos est né shymer là où les vœux sont synonymes de prospérité. vendu comme tant d'autres à un baron de la prostitution, l'éducation reçue fut d'une exigence rigoureuse pour devenir le mythe de l'idéal sans aucune fausse note. devenir mille visages pour offrir au client le plus plaisant, quitte à en oublier le sien, ne plus savoir qui il est, s'il n'a jamais vraiment existé. l'art de la tromperie dont il est rapidement devenu expert. gueule d'ange préférée de son exploitant, aux rêves lucratifs dont la maîtrise s'est révélée juteuse. et s'il a reçu un enseignement privilégié, hypnos, c'est pour être mieux exploité. sève de son âme aspirée dans un gouffre vorace de cupidité.  mais les masques se multiplient, s'enchaînent et l'enfant s'entraîne. à duper, être meilleur encore, toujours plus charmeur, toujours plus fort. serpente bien vite sous la carne insensible, la psyché volubile qui contamine les envies. et l'évasion du paradis des enfers se peaufine, tremplin vers une nouvelle vie. il façonne l'opportunité qu'il saisit, brisant ses chaînes pour rejoindre la scintillante et pleine de promesses, Velaris.

02 - Zaun renaissance que le moulin rouge accueille en son antre suspicieuse ; le cabaret séduit et noie les êtres dans les effluves de stupre, alcools et stupéfiants. l'illégalité, maîtresse des bas-fonds. le noir éclaire la vérité des hommes, leurs fantasmes remplis de désespoir, leur rage de vivre qu'ils abandonnent en s'oubliant dans les sillons des corps qu'ils pourchassent. perfidie, romancière goulue qui ne cesse d'écrire dépravations entachées de violences ; et le malin qui évolue sans difficultés dans cet environnement infâme, offre des souhaits et des rêves pour parfaire l'illusion de la perdition dans laquelle ils sont si nombreux à se vautrer. il a la grâce d'un ange, rayonne d'une splendeur audacieuse, le ton est toujours flatteur, les prestations égales à la perfection ; il est semblable à la providence. et sur les bouches curieuses flottent les désirs qui s'élèvent vers les cieux, font briller les étoiles de ses yeux.
s'il attise la jalousie, il déjoue rapidement les convoitises en multipliant les alliances de pouvoir, se crée un réseau de célébrités, joue sur leurs vices cachés et devient le paradis tant désiré de tous ceux qui demeureront incapables de le posséder. fin manipulateur, une fois la réputation acquise, il s'envole et s'enrichit, prospère en voguant sur des mers de diamants. offa magicae qu'il refourgue aisément, séduit ses clients et renforce la dépendance qu'il a doucement installée. zaun, bien fade, s'en retrouve délaissée.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
(:copyright:C.Baudelaire)

03 - Ketterdam « hypnos...» le prénom sur toutes les lèvres assoiffées à qui il promets monts et merveilles, mais jamais il n'étanche leur soif. aussi désertique qu'un mirage descendu des astres, il laisse dans son sillage les douloureux affres du manque ; si bien qu'on la réclame si souvent, sa présence. « what do you wish for ? » cette phrase, sa favorite quand les réponses varient mais restent foncièrement toujours les mêmes. il s'en amuse, provoque la réflexion, pousse à la reformulation jusqu'à ce qu'ils basculent, inévitablement, vers le précipice béant de l'addiction.

n'aurait-il jamais cru être pris à son propre jeu quand ils ont su, d'un seul regard, capturer son myocarde aux abois. doux visages éthérés, et les sourires qui le fascinent. dévoré par la passion, il s'apprend autrement, se découvre un nouveau visage et se demande, hésitant, s'il ne s'agirait pas du sien cette fois. le véritable, celui qui n'a jamais réellement su exister et qui se révèle à leurs côtés. douce euphorie dans laquelle il se laisse aller, veille avec une certaine sévérité sur ses protégés, amants et gardiens de son âme, rires aux sonorités de l'extase et le bonheur qui s'effleure avec prudence, fait papillonner un cœur trop longtemps ignoré. les frissons se font nombreux sur le derme irisé, et la tendresse de ses émois n'apaisent aucunement l'arythmie féroce qui galope à la simple pensée de se montrer réellement tel qu'il est...