tear me to pieces, skin and bone (sarkasme#2)

01/09/2022

tear me to pieces, skin and bone —
genesis general hospital (ketterdam), @sarkan azantys

c'est à zaun qu'elle était, lorsque le bâtiment a commencé à s'effondrer. c'est à zaun qu'il était aussi, car bien sur, bien sur qu'il a été envoyé en première ligne, ce pacifieur-witcher qui s'est assis sur un banc pour reposer son genou en vrac tandis qu'elle l'attendait, debout, faisant semblant de tirer un peu sur les menottes qu'ils avaient aux poignets.

maintenant elle est debout à côté de son lit, dans un hôpital de ketterdam, car il lui a sauvé la vie.

il a les yeux encore fermés, quelques coupures sur la peau sans gravité, soignées dans la va-vite de l'urgence, pansements et petits points de suture en vrac. "he's a witcher" lui a rappelé un membre du personnel de soin devant son air dépité, "he'll be alright. they're strong." elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de côtoyer ces witchers toujours envoyés à celestia, mais ils avaient envahi les rues de zaun, car beaucoup avaient été réquisitionnés. witcher signifiait qu'il vivrait, et qu'il guérirait bien, malgré la chose imprononçable dont il avait écopé pendant le combat. "pneumothorax" lui avait dit l'infirmier qui l'avait croisée et qui avait eu pitié. il l'avait prononcé d'une façon qui signifiait clairement que c'était là un mot courant pour lui, et que même si ce n'était pas le cas pour elle car elle ne travaillait pas dans le domaine, elle aurait au moins dû en connaître la signification. "pneumo... ? — thorax." s'en était suivi un regard perdu d'un côté et un souffle mi épuisé mi agacé de l'autre. "it's a pulmonary- it affects the lungs." avait-il finalement rectifié, car elle ne savait pas non plus ce que voulait dire pulmonary et cela se voyait. "badly?" haussement d'épaules incertain. "he'll be okay in a few days, don't worry. like i said, he's a witcher after all." elle avait hoché la tête, les cheveux emmêlés, les fringes déglinguées. la bataille ne l'avait pas heurtée comme elle avait heurté sarkan, mais n'avait pas été simple pour les zaunards non plus — il faisait encore si froid dehors, et un sentiment d'urgence rendait certains des gestes de rose incohérents. les orphelins ont tout perdu, de leurs abris il ne reste plus rien. "and take a shower. — we're in a middle of a war. fuck you." la guerre n'était pas montée jusqu'à midrias et celestia, cela dit. la guerre n'avait même pas atteint le mur. d'un geste brutal elle avait ouvert la porte menant à la chambre, et maintenant elle se tenait devant le witcher aux yeux fermés.

la chambre est minuscule, mais au moins ils ont la chance d'être seuls. une unique fenêtre, donnant sur le ciel déjà paré de nuit de zaun — c'est que la nuit tombe si vite, en hiver. quelques machines dans la pièce, quelques bips! incessants. rose s'assoit, remonte ses pieds sur la chaise (malpolie ! lui disent les voix de l'orphelinat, mais qu'est-ce qu'elle s'en fiche maintenant), serre ses genoux entre ses bras, les épaules drapées d'une vieille couverture sans couleurs. et soudain elle bondit de sa chaise, qui émet un vilain grincement de protestation en reculant ; car il a ouvert les yeux. "sarkan !" elle aussi connaît son nom, maintenant, et dans sa voix transperce l'inquiétude et la reconnaissance, car il s'est retrouvé enfouit sous les débris pour elle, car les pierres du bâtiment ont heurté son dos pour elle, car il est tombé pour elle. "don't move, don't move." sa voix se fait pressante, car il s'est mis en tête l'idée idiote de se relever, et sans y réfléchir elle plaque une paume effrontée sur son torse. "you need some rest" qu'elle se justifie, avant de retirer ses doigts comme si elle s'était brulée.

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01/11/2022

tear me to pieces, skin and bone —
genesis general hospital (ketterdam), @rose mustang

Bip. Il y avait de la lumière dans l’immeuble, des reflets rougeâtres aux fenêtres alors que les combats se rapprochaient, des ombres qui semblaient la faire vaciller un peu. Des foutus civils, des réfractaires ou des tétanisés qui n’avaient pas su réagir aux cris, au bruit des bombes, au grand froid qui gelait tout sur son passage. Et bien sûr il y avait Rose, parce que Rose avait la fâcheuse habitude d’apparaître dans sa vie au moment où il s'y attendait le moins. Il aurait préféré la revoir autrement. Il aurait dû l’inviter boire un café, qu’il s’était dit la dernière fois.

Bip. Pas le temps pour les politesses : des « GO », des « HURRY UP », des « COME ON » parce qu’il était pressé de retrouver son groupe qui avait déjà perdu trop de terrain face aux soldats adverses. Étaient-ils seulement des soldats ? Comme la plupart des réquisitionnés, il avait reçu le minimum d’informations avant de recevoir une arme et de quoi résister à la morsure du froid. Tout ce qu’il savait, c’était que ces choses se rapprochaient et qu’il fallait agir maintenant parce qu’il y avait déjà eu trop de pertes, trop de corps brûlés, trop de zaunards abandonnés, encore.

Bip. Rose était bien cachée, tellement qu’il avait failli la louper. Probablement qu’elle se cherchait un abri. Probablement qu’elle vivait encore plus bas, encore plus près du brouillard et qu’elle n’avait pas trouvé le courage ou le temps de remonter vers Ketterdam. Mais les monstres l’avaient, eux, le courage de monter. La première grenade fit trembler les murs, fissura le plafond en laissant tomber un peu de poussière. Il ne pouvait pas en vouloir au lanceur, la zone aurait dû être vide. La deuxième grenade souffla les vitres et fit craquer les murs, à défaut pour Sarkan de trouver un mot plus approprié, dans la panique.

Bip. Il n’avait pas vraiment réfléchi avant de l’attraper par la taille et se mettre à courir pour les sortir de là. Au diable l’élégance, au diable les manières. Et que les foutus dragons de pierre aient un peu de pitié, pour une fois. Surtout pour elle qu’il venait de jeter dehors sans ménagement dans l’espoir de l’éloigner assez alors qu’il sentait les premiers morceaux de béton glisser le long de son dos.

Bip. Il voit flou et sa première inspiration lui fait un mal de chien. « Sarkan ! » Il ignore où il est, ses yeux lui offrent un plafond blanc, ses oreilles un son strident et régulier. Dans le nez, il a encore l’odeur du ciment. Premier réflexe : essayer de se redresser pour en voir plus. Deuxième réflexe : « shit ! » en se rendant compte que c’est douloureux. À moins que ce soit la main posée sur son torse qui déclenche la vague de souffrance. « Don’t move. Don’t move. You need some rest. » Elle est bizarrement rassurante, cette petite voix autoritaire. Quand il se sent un peu mieux, il tourne la tête. Le visage est encore difficile à reconnaître mais le roux la trahit. « Hi... » qu’il dit bêtement, à défaut de trouver mieux. Sans savoir comment, il trouve le moyen de sortir un sourire qui ressemble à une grimace. « Did you get hurt ? » Il ne pose pas la question pour lui-même, la réponse est évidente, l’odeur aseptisée de l’hôpital commence à l’atteindre, les lumières des machines aussi. Il essaye une nouvelle fois de bouger pour trouver une position plus confortable, en vain. La victoire contre un immeuble effondré est relativement amère, tout de suite. « Are you ok ? » Si la jeune femme a répondu à sa question précédente, il n'en a rien entendu, la faute à la brume qui peine à se dissiper.

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01/09/2022

tear me to pieces, skin and bone —
genesis general hospital (ketterdam), @sarkan azantys

"hi..." il esquisse un sourire, elle ne sait pas comment il fait. elle ne sait pas comment il fait pour sourire après ce qui est arrivé à zaun, ni après ce qui lui est arrivé à lui. elle ne sait pas comment il fait pour sourire après avoir combattu d'horribles créatures des glaces, ni après s'être retrouvé enseveli sous les décombres d'un immeuble. elle se rappelle en être sortie grâce à lui. elle se rappelle s'être retournée et s'être aperçue du vide derrière elle, exactement comme lorsque maxine avait été emportée par les zurks. elle se rappelle avoir cherché de l'aide partout, avoir trouvé des secours, avoir sangloté qu'il y avait un homme là, sous les décombres, et on lui avait répondu qu'alors il était surement déjà mort, et que dans l'urgence de la situation, mieux valait tenter de sauver ceux qui avaient une chance, que c'était horrible mais qu'il fallait faire le tri, et alors d'une voix étranglée elle avait hurlé qu'il était witcher, et ça, ça, ça l'avait sauvé. witcher voulait dire qu'il pouvait s'en sortir.

"hi." qu'elle marmonne bêtement en retour. le manque de sommeil commence à se voir sur ses traits, ça et les tracas, les souvenirs de l'immeuble qui s'effondrait, la découverte de son abri saccagé, sa safe place qui n'était plus rien qu'un tas d'arbres branlants. "did you get hurt? — no." elle s'apprête à rajouter quelque chose lorsqu'il redemande : "are you ok?" elle est saisie de peurs stupides, un instant, peur qu'il ait perdu la tête et qu'il n'ait pas compris sa réponse, peur qu'il soit devenu sourd et qu'il n'ait pas entendu sa réponse. elle réessaye quand même : "yes. thanks to you." elle le regarde, regarde son état, tout ça à cause d'elle, se dit qu'elle lui doit bien des explications. "my people and i... we're not living in the city, so we had no idea everyone was supposed to leave zaun. we got the memo too late."

une pause avant qu'elle ne précise : "they're fine." et un sourire, parce que même s'ils ne se connaissent pas si bien que ça, elle sait que c'était sa prochaine question, lui qui s'inquiète toujours de tout pour les autres. "we lost our..." elle se demande un instant comment qualifier leur habitat, car le witcher n'a jamais vu leur étrange amas de bois, de tissus en tout genre et d'objets récupérés. "... houses." qu'elle simplifie finalement. "we'll have to rebuild the whole thing, but other than that, everything's fine. none of us got hurt and it's all that matters." puis elle se rend compte de ce qu'elle dit, à lui, lui qui est allongé sur ce lit d'hôpital afin qu'elle n'y soit pas. "i owe it all to you." pour la première fois peut-être elle le regarde réellement dans les yeux, ces yeux dorés qu'elle n'avait jamais croisés à zaun auparavant, ces yeux dorés que l'on remarque à dix kilomètres à la ronde. elle a envie de lui serrer les doigts, de lui caresser les cheveux. puis elle se rend compte de sa pensée, et cette pensée la surprend — car jamais elle n'a voulu d'intimité avec quiconque en dehors des autres orphelins avec qui elle a grandi.

elle se racle la gorge pour revenir à la réalité. "you have something called-" (elle se concentre) "pneumothorax. apparently it's not that bad, even though it's still bad, but not deadly, and my point is : meds are saying you'll be okay in a few days." elle est à son chevet depuis qu'il l'a sortie de l'immeuble avant de se le prendre sur le dos. depuis qu'elle a indiqué sa position aux secours et qu'ils l'ont sauvé parce qu'il était witcher. alors elle est la première à lui parler, la première à le voir ouvrir les yeux. surement qu'il se demande ce qu'il a, pourquoi il est là. "it's a pul- pulmonary thing." qu'elle précise, avant de se corriger : "but you probably already know what a pneumothorax is."

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01/11/2022

tear me to pieces, skin and bone —
genesis general hospital (ketterdam), @rose mustang

« Hi. » Tout autour de lui semble aller au ralenti. Les quelques petits gestes qu’il tente pour examiner les dégâts, brefs mouvements des pieds et des mains, du cou. Tout fonctionne à une lenteur qui le ferait paniquer un peu, si Rose n’était pas à ses côtés. Sarkan se surprend à apprécier qu’elle soit là avant tout le monde. Qu’elle soit là, tout court. « yes. thanks to you. » Il lui lâche un nouveau sourire fatigué et prend le temps de fermer les yeux un instant. Derrière la fatigue de cette nuit, elle va bien et tout en valait la peine. De l’effondrement au trop plein de potions ingurgitées pour tenir sous les décombres – tout ce qu’il avait sur lui et qui ne s’était pas brisé, des anti-douleurs aux élixirs de force. Il venait peut-être de là aussi, le brouillard qu’il n’arrivait pas à dissiper : il n’avait abusé qu’une fois des aides avant, et il se souvenait encore du résultat désastreux. Autre vie, autres préoccupations.

Rose se met à parler et le witcher se dit que c’est la première fois qu’elle en raconte autant. Qu’elle se livre. Qu’elle entrouvre la porte de sa forteresse imprenable. « my people and i... we're not living in the city, so we had no idea everyone was supposed to leave zaun. we got the memo too late. » Trop d’informations pour la bouillie qu’il a dans le crâne et l’idée même que la zaunarde vive suffisamment loin de Zaun pour ne pas avoir entendu les alarmes lui semble tellement absurde qu’il pense mal la comprendre. Ce qu’il saisit en revanche, c’est le pluriel de sa situation. Her people. « How ar- – They’re fine. » Nouveau sourire-grimace. Elle commence à bien le connaître. « we'll have to rebuild the whole thing, but other than that, everything's fine. none of us got hurt and it's all that matters. » Il l’imaginait vivre dans l’un des immeubles bancals, mais elle lui parle de maisons détruites.

Alors elle ne va pas si bien que ça, au fond. Sa famille est en un seul morceau, elle est en un seul morceau mais pour tout ce qu’il en sait, une armée des glaces lui a tout pris, continue peut-être de tout prendre. Personne ne pourrait aller bien, même pas elle qui pense lui devoir quelque chose. « Maybe I could help you fix your house ? Well… not now but, yeah whatever, you won’t wait for me to be okay to rebuild it. » Il hésite avant de continuer, prend le temps de se remettre dans le personnage du pacifieur attentionné et raisonnable. « Or you could check for a shelter ? There are some in Ketterdam and- » and rien du tout, il tousse difficilement. Même son corps en a marre de ses tirades sur la générosité du monde. Ça lui permet malgré tout de reconnaître enfin la douleur : elle vient des côtes, définitivement.

Rose l’éclaire sur le sujet avant qu’il ait le temps de lui poser la question et il l’écoute le plus attentivement possible, plus concentré sur son visage qu’autre chose. C’est qu’elle est jolie, même avec de la poussière humide plein les joues et les cheveux emmêlés. Il aime bien ses yeux aussi, ils transpercent, brûlent quand elle est concentrée et parfois, furtivement, un peu de douceur y passe, quand elle parle des siens. « but you probably already know what a pneumothorax is. – It seems like you definitely know more about it than I do. I have no idea what a pneumothorax is. » Sarkan ne sait pas s’il brise un mythe en avouant son ignorance, mais elle est tout à fait sincère ; il n’a aucune idée de ce qu’il a. « Looks like youd did your research. Thanks for that. And for staying.» Il ne sait pas comment il aurait vécu le réveil en solitaire. Ça ne lui était jamais arrivé, avant, d’être seul avec le plafond blanc, sans personne pour lui parler ou lui prendre la main. Merde, ce qu’il aimerait qu’elle lui prenne la main.

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01/09/2022

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genesis general hospital (ketterdam), @sarkan azantys

« Maybe I could help you fix your house ? Well… not now but, yeah whatever, you won’t wait for me to be okay to rebuild it. » c'est tellement lui, de se proposer ainsi. tellement lui de vouloir sauver tout le monde. ils se connaissent à peine et pourtant elle le sait déjà. "i could use a witcher" qu'elle lui répond avec un sourire, même s'ils savent tous les deux que quand il sortira, les cabanes seront déjà bien reconstruites, et aussi qu'elle s'inquiétera trop pour sa santé pour lui demander de porter des charges lourdes. « Or you could check for a shelter ? There are some in Ketterdam and- » il s'étouffe, et en un sens cela arrange bien rose, car elle ne veut pas aller en refuge, car elle ne veut pas avoir quoi que ce soit à faire avec une institution, car si son enfance en orphelinat lui a appris une chose, c'est qu'il ne faut jamais faire confiance aux structures qui proposent leur aide. elle regarde sarkan cracher ses poumons avec les sourcils froncés d'inquiétude, exemptée de l'obligation de répondre.

sur la cause de cette horrible toux, il dit : "It seems like you definitely know more about it than I do. I have no idea what a pneumothorax is. — really?" elle est dubitative, un instant, avant de sonder ses yeux et de s'apercevoir qu'il est sincère. lui le grand pacifieur, lui le witcher, qui a l'air d'avoir eu une éducation qu'elle n'a pas eue et qui ne sait pourtant pas non plus ce qu'est un foutu pneumothorax. il opine et continue : « Looks like you did your research. Thanks for that. And for staying. » elle ne sait pas si c'est le fait qu'ils se regardent droit dans les yeux, les remerciements ou le soulagement post-bataille, mais soudainement le rouge lui monte aux joues et elle se sent étonnamment heureuse. "you saved my life, of course i would stay by your side."

elle baisse ses nouveau ses prunelles sur ses mains. elle se demande pourquoi elle n'a croisé personne — pas de membres de la famille paniqués, pas de collègues avec des bouquets de fleurs. ils viendront plus tard, surement. après tout, personne ne pouvait la devancer ; elle était dans l'ambulance avec lui. surement que ses proches n'ont pas encore eu le temps de faire le trajet dans zaun ravagée. "what can i do to repay you?" toujours les yeux rivés sur ses mains, puis leurs mains, qui se rapprochent sur le matelas de l'hôpital, centimètre par centimètre, jusqu'à se toucher du bout des doigts.

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01/11/2022

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genesis general hospital (ketterdam), @rose mustang

« I could use a witcher. » Quand bien même c’est un mensonge éhonté, il a le visage qui s’illumine un peu. Être utile, lui être utile. La perspective enchante trop Sarkan le zélé, wannabe Robin des Bois aux motivations douteuses. Pour une autre que Rose, aurait-il été aussi rapide à proposer son aide pathétique ? « Anytime. » Quelque part, quelqu’un – peut-être Kane – se prépare à le traiter injustement de canard. Mais il n’y peut rien, c’est la première fois qu’elle accepte son aide spontanément, sans être mise au pied du mur, et c’est suffisant pour le rendre heureux. « Anytime », qu’il répète quand il comprend que sa petite influence s’arrête là, que sa proposition de refuge se heurte à un silence contrarié.

Quand ses poumons acceptent à nouveau de laisser passer l’air, il voit un peu flou. Malgré tout ils se jaugent du regard, elle surprise de son ignorance, lui surpris qu’elle soit surprise. Probablement que la vie en dehors de Zaun offre toutes les connaissances possibles, aux yeux de l’orpheline, mais en vérité, Sarkan a toujours été plus proche du cancre que du génie académique et la médecine n’échappe pas à son inculture. Ça le gêne presque, qu’elle imagine entre eux une différence aussi énorme. Comme s’ils venaient de deux mondes qui ne pouvaient se croiser que là, dans une petite chambre blanche de Ketterdam.

« you saved my life, of course i would stay by your side. » Le voilà qui rougit, juste parce qu’elle rougit. Qu’il soit vertueux ou vicieux, Sarkan apprécie le cercle, retient une moue quand elle détourne les yeux. « You didn’t have to », mais elle l’a fait et sans savoir pourquoi, il espère. « what can i do to repay you? » Il fait mine d’y réfléchir mais vraiment, il ne pense qu’à leurs mains qui se rapprochent, aux doigts qui frôlent les siens. Trop en vrac, il n’a pas la force de sur-analyser. À la place il use toute sa volonté pour se forcer à bouger, à peine, juste assez pour la serrer un peu, cette main qui lui fait oublier le reste. Feels like home, ronronne la petite voix dans sa tête. « I don’t want anything. Except, you know… stay safe or something? Avoid buildings for a while. » Le sourire-grimace devient une habitude et il commence à caresser le dos de sa main sans s’en rendre compte. Pour la réconforter, évidemment. « And get a phone. » Même un à l’écran cassé, même une vieillerie à clapet, une brique incassable qui pourrait leur offrir de se croiser autrement que sous des auspices désastreuses. Ça lui semble être une récompense suffisante.

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