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you're face to face with the man who sold the world ; dressing you with light ; I'll let the darkness swallow me whole [ I need to find you ] ; I'm alive. Like a wound. ; you know your life is just a dream ; chaos to your thoughts ; poison to my heart ; disappear in the dusky nothing and stay still in the night ; I exist in two places ; the role I play ((I only know it’s mine, I can’t exchange it)) ; I exist as I am, that is enough, ; to sparkle and dance in a glorious jubilee ; she is neither a concept nor a symbol nor a metaphor.

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i. dreamers are selfish, when it all comes down to it C’est du néant que le rêve s’arrache de la boîte crânienne de Reyn Fairburn, s’en extirpe, devient homme, devient tangible au toucher, non sans l’épuiser. Dans l’épaisseur des ténèbres, qu’il se revêt tout d’abord de ce dont le créateur l’affuble ; avant de devenir ; d’être ((le rêve n'a-t-il jamais rêvé de devenir ?)). Qualités qu’on lui prête et qu’il endosse, quand il ressemble trait pour trait au rêveur ((mais que certaines choses sont cabossées, un peu fêlées)). Lorsqu’il naît, le rêve n’est pourtant déjà plus. Ses bronches se libèrent dans une petite pièce où l’atmosphère se perfore d’un danger imminent. Ses yeux s’ouvrent sur celui qui l’a créé et, déjà, il comprend ce qu’il doit faire. Il ne sait rien ((pas encore)), mais il comprend. Le ressent dans l’étreinte de l’instinct qui l’ébranle dans l’instant. L’injonction silencieuse est donnée. Go on. You need to help them. La main qui se tend vers Reyn est repoussée d’un geste. Celui dont il s’apprête à revêtir l’identité lui dit de partir ((non, non, il le lui ordonne)), mais de d’abord lui tendre la pilule qui s’est glissée dans sa poche. Le rêve ((d’abord rien, foutu foutu foutu rien, puis éclat d’un songe, puis garçon)) s’accorde aux premiers mouvements exécutés, sortant de sa veste sans s’en émouvoir un comprimé qu’il tend à—à—qui ? Il le sait. Il est certain de le savoir. Il n’oublie pas encore, non, pas déjà. Mais quand il tourne les talons dans sa précipitation, au supplice de sa propre impulsion, battant la cadence d’une cacophonie en devenir, avant que ((la flicaille ne s’ramène, p'tain d'merde)), c’est une réalité nouvellement amorcée qui l’étreint.
Et l’étouffe, l’étouffe, l’étouffe—

ii. nuit noire, étoiles mortes « And how is Bryleigh doing? » Le museau de Reyn se relève, tandis que ses doigts s’affairent à reboutonner sa chemise. Il arque un sourcil, puis le second. « You might want to ask her that yourself. » Le ton, bien qu’implacable, est poli, souligné d’un sourire rassurant, fossettes brièvement creusées dans la peau de ses joues. « But it’s good. Better. » It can only get better. Le soigneur acquiesce et, d’un signe de menton, invite Reyn à s’installer dans l’un des fauteuils. Ses genoux tapent malencontreusement contre le bureau en s’y asseyant, en un bruit mat. C’est à peine s’il y fait attention, accaparé par la danse du tissu sous la pulpe de ses doigts, avant de remonter jusqu’au col qui lui cisaille la gorge. Le garçon apprécie l’étreinte, toutefois. « Glad to hear that. What about you? — Alright. Yes, I feel—I feel good too. — Have you remembered anything so far? — No. Not really. » Sentant le regard ambré de l’homme se poser sur lui, la trogne arrachée de sa paperasse, Reyn lève les yeux à son tour. Pensif, il fait craquer les articulations de ses doigts. « I don’t remember things. I just know them sometimes. It’s hard to explain. But it's not usually a thought, » Son index se cale sur sa tempe. « more like a feeling. » Sa paume se pose sur sa poitrine, au niveau du coeur. Sous la pression sa main, la chemise se froisse. Il ment. Ce qu’il sait ne vient pas du coeur. Plutôt du ventre. Il imagine la pagaille de ses organes, d’où émergent certaines habitudes ; certains gestes ; certaines ambitions. Thomas est un romantique, cependant, et Reyn suppose qu’il appréciera l’élan poétique qu’il essaie d’insuffler à sa réalité. Contrairement à ce qu’il avait envisagé, son vis-à-vis ne relève pas l’effort. Baisse le nez vers ses papiers. Les lèvres légèrement tendue, dubitatif en anticipant la suite de la conversation. « It sounds to me that you need to rest. — It’s been three months. I don’t think I need to. I’m fine. I’m not sad, or angry, or—or unhappy. I’m actually quite content. — Your brain is trying to protect you, Reyn. — Well, it’s doing a great job. — What I mean is, healing needs to be your priority. It has to. » But I am not broken.

Les lèvres se scellent sur l'indignation, qu'il parvient à écarter sans trop de difficulté. Préfère battre des cils, quand ses yeux s'arriment à ceux de l'importun, et acquiescer. La démarche rassurante, l'empreinte d'un héritier en devenir. Ainsi, le sourire qui se force sur ses lèvres est tranquille. « Inside my bed, I don't do anything. I am useless. I would rather help my father with his business. » La conversation se déroule, s'alimente d'arguments d'un côté comme de l'autre. Enfin, lorsque Reyn s'apprête à prendre congé, il est immobilisé dans ses mouvements par la voix de Thomas qui le rappelle à lui. « Any dreams ? — Plenty. — Now, that's good. » Reyn ne l'entend qu'à peine, lorsque la porte se referme derrière lui. Le mensonge ne cisaille aucunement sa langue. Ne le dira pas, non, qu'il n'y a rien derrière ses paupières, une fois la nuit tombée. Et en s'approchant des escaliers, il repense à quelques lignes d'un livre encore ouvert sur sa table de chevet. Le premier dont il s'est emparé, en rentrant chez lui, après avoir été sauvé. La nuit est noire, parce que les étoiles sont déjà mortes.

iii. if it makes me a king in your eyes « So what do you say? » Reyn sursaute. Saisi dans sa contemplation, les vertèbres menaçant de craquer à force de regarder l’étoile qui s’étale sur l’étendue de sa nuque dégagée dans le reflet que lui renvoie le miroir. Le minois s’extirpe à moitié de l’encadrement de la porte de la salle de bain, son regard cherchant la silhouette de Karma, puis alignant les regards, lorsque ses sourcils s’arquent sur son air désolé. « Mh? » Le sourire qui s’esquisse sur le visage de son compagnon répond en chœur à ses troubles qu’il prend soin de taire. Son petit ami recommence à parler. Reyn repart à reculons, l’œil harponnant le miroir dans l’impulsion d’y voir plus clair, tandis que l’écho de la voix de Karma semble arpenter les murs de la pièce. It’s been two years now. Ne l’écoute qu’à peine, de nouveau, lorsque son compagnon lui propose une escapade nocturne (something exciting, c’est ce qu’il parvient à attraper au vol, quand sa paume dégringole de son cuir chevelu jusqu’aux deux triangles entremêlés étalées sur sa peau, les dissimulant sous le creux de sa paume). Il pense souvent à ce don envolé, étouffé dans la carne par la providence (ou un traumatisme qu’il serait bien incapable de déceler). Y songe, du petit matin à l’amorce du sommeil. Karma lui dit qu’il finira bien par revenir. Bryleigh le lui assure également. Reagan ne dit rien de tel (et, contre toute attente, le garçon apprécie sincèrement l’acte manqué de son aîné). Mais c’est dans l’œil inquisiteur du pater que Reyn semble commencer à y déceler—une sorte d’impatience. Un éclat qui le glace.

« Mh? Mh. » Le grondement gratte sa gorge tendue, en abandonnant la méticuleuse inspection qui n’a de cesse de le troubler. Son petit ami de nouveau dans la ligne de mire lorsqu’il s’extirpe de ses quartiers et se rapproche de lui, les mains croisées dans le bas de son dos, ses responsabilités battant la cadence de ses propos. « I can’t go out tonight, Karma. My father needs me first thing in the morning. » Reyn pose un genou à terre. Aucune insolence dans le geste et, s’il en vient à écourter ses explications, ce n’est nullement pour exprimer un quelconque mépris. Les opinions de Karma sont certainement celles qu’il chérit le plus. Le garçon relève le menton, l’œil tendre. Ne remarque qu’à peine la confusion de Karma, similaire à la sienne quelques minutes plus tôt, lorsqu’immobilisé dans ses observations. « I’ll make it up to you. » Reyn se redresse, et passe un bras autour des épaules de son petit ami, les yeux fermés, à mal envisager la trajectoire de son baiser qui s’écrase sur le bout de son nez. « Eh. What do you say? Name your price. » Du bout des lèvres que ça se susurre, en arborant un air mutin—de celui qu’on lui voit rarement, mais qui lui donne un air plus juvénile. Dans un recoin de son crâne, pourtant, les rouages s’ébranlent. Les idées naissent.

iv. salt and the sea I think there was someone else. Ses lèvres s’entrouvrent, et ses souvenirs s’éparpillent silencieusement à la commissure. Le front collé contre la vitre, sa respiration se répand en buée, grignotant partiellement Celestia qui s’étend devant lui. Pour autant, c’est à Zaun que ses pensées le ramènent. Plus que l’amnésie, qui a longtemps empiété sur son quotidien (et il s’agit encore une tare—dont il a toutefois fini par s’accommoder), c’est ce jour-là qui s’arrache douloureusement de ses neurones. Another boy. Mais il ne le voit pas. Pas réellement. Il pourrait en parler à Reagan. Il pourrait se pencher sur le sujet, en tête-à-tête, quand il craint de brusquer Bryleigh (et ce, probablement à tort) et que les bons mots griffent sa trachée à mesure qu’il essaie de les formuler. Il n’y a rien, vraiment, à expliciter. Rien de pertinent. Reyn aime être certain de ce qu’il avance. Aime parler, pour dire quelque chose—et il a souvent quelque chose à dire. Pour l’heure, ça se coince—même dans ce moment d’accalmie. « Who are you? » Que ça se soupire, lorsque ses yeux harponnent son reflet et s’y abandonnent longuement. Who are you, kid?

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Sujet aux insomnies (un foutu comble d’après lui), les nuits de Reyn sont généralement noires. Éteintes. Conserve un petit carnet à son chevet, qu’il prend soin de dissimuler pour que Karma ne le remarque pas, afin d’y retracer les rêves qu’il aurait pu faire durant la nuit. Sans grand succès jusqu’à présent, alors il y gribouille ce qu’il aurait voulu y voir. Les pages sont couvertes de chimères, de ces mensonges qu’il se raconte mais auxquels il ne croit pas. ☾  L’héritier est idéal sur le papier — prêt à s'embarrasser de toutes les responsabilités qui lui incombent, sa force tranquille tranche avec l'insolence qu'on lui connaissait avant. Pour autant, Reyn est de bonne compagnie, l’humour doucement présent (sans qu’il ne soit jamais cinglant), intéressé et engagé, à pouvoir tenir de longues conversations sans trop s’y efforcer. ☾ Ne laisse place à aucune zone d’ombre. Après qu’il ait été sauvé, et afin de palier à des lacunes que son amnésie aurait pu éventuellement créer, Reyn s’est abreuvé d’écrits, de livres et de démonstrations scientifiques—s’inspirant d’abord de sa propre bibliothèque avant de patiemment remonter celles les autres. Il s'est ainsi découvert plus cérébral qu'autre chose. Pensées qu'il essaie parfois de faire fluctuer en s'octroyant quelques substances stimulantes ; jamais bien souvent, ceci dit, seulement lorsqu'il en ressent le besoin, et que la fatigue l'étreint. ☾ Reyn revêt un rôle de protecteur, tirant sur la corde de l’instinct que sur la pleine conscience. Dans ces cas-là, il agit dans l'élan le plus viscéral de son ressenti immédiat, plutôt que sous le joug d'une transmission entre ses neurones. Ainsi, il s’exprime souvent au nom de, en usant parfois de mille précautions ; parfois non, lorsque l’arrogance et l’excès de zèle gomment le soin qu’il s’efforce d’apporter à ses attentions.

Reyn se sent seul. Cette solitude n'est pas foncièrement évidente au premier coup d'œil. Sous la courbure de son crâne, il se pose encore énormément de questions à propos de sa vie d'avant, celle qui a été rognée de son cortex, qu'il ne parvient pas à formuler comme il l'entend. Après cinq ans de vie à Celestia, où son existence le satisfait, il lui semble tout bonnement impossible de s'attarder outre-mesure sur ce qui lui manque ; sur ce qu'il n'a fait qu'imaginer, au travers des récits qui lui ont été contés. Il ment parfois. Prétend que tout est rentré dans l'ordre, sans qu'il n'y voie toujours tout-à-fait clair ; car, s'il prétendait le contraire, qu'est-ce que ça ferait de lui ? ☾ Jeune homme privé, qui distille les informations comme il l'entend. On ne lui fera jamais dire ce qu'il n'a pas envie d'énoncer. Tout ce qui est relevé est méticuleusement réfléchi, calculé et pesé. A l'évidence, Reyn ressent le besoin d'avoir une certaine maîtrise sur son image (qu'il s'efforce d'ailleurs de lisser au maximum), quand le contrôle qu'il a eu sur son passé (ou ce qu'il imagine comme tel) lui a vraisemblablement échappé. ☾ Un seul mot d'ordre : no self-pity. A la recherche de solutions plutôt que de réconfort, si Reyn est tendre sur bien des aspects, il n'en reste pas moins un garçon particulièrement pragmatique. Conditionné pour agir avant tout au nom des siens, et notamment de sa famille, il n'a jamais frémi à l'idée de faire des choix—et, bon sang, qu'il a pu en faire. Des bons, et des moins bons.