chapter i.
leaving midrias
(and esfir)
par la fenêtre arrière de la voiture il regarde midrias défiler sous ses yeux et s'éloigner. "when will we come back? — what do you wanna come back for?" il ne connaît pas l'homme qui conduit la voiture, et il ne connaît pas la voiture non plus. "esfir?" qu'il demande avec de l'insolence dans la voix, l'air de dire t'es bête ou quoi ? ma soeur jumelle est restée là. "who? — esfir ! — there is no esfir." dans le retro principal, le conducteur lui lance un regard insondable. histoire de voir si le gamin va mordre à l'hameçon. histoire de voir le pouvoir des mots et des mensonges sur un enfant de cinq ans. "i've got a twin sister." s'évertue le petit soleil, avant de se retourner pour regarder de nouveau midrias s'éloigner.
il ne doute pas, pendant le trajet jusqu'à celestia, d'avoir une soeur jumelle. mais il en doutera plus tard, de plus en plus, jusqu'à ne plus en être convaincu. puis, au fil des manipulations des adultes, il se pensera fils unique. fils unique capricieux qui n'a jamais rien partagé aucun jouet. ((c'est faux. il les partageait)).
une âme jumelle, il en trouvera une autre, de coeur ((shade)) et il la perdra encore, car décidément les âmes jumelles ne sont pas faites pour rester.




chapter ii.
there's a moon on your forehead
(and your eyes are turning red)
il peut prédire qu'un vase va se briser avant même qu'il ne se brise. dans le grand château de burns, son tout nouveau père, qu'on lui demande de ne pas appeler papa car ce n'est pas réellement son père, mais qu'il appelle papa quand même car, depuis toujours, il a été effronté et a fait tout l'inverse de ce qu'on lui a demandé.
à l'école il rencontre d'autres enfants qui partagent avec lui la même lune, et dont les yeux se retournent aussi. il apprend que tous n'ont pas la même couleur, que la sienne est bleue comme des veines lorsqu'elle est tranquille, rouge lorsqu'elle est énervée. il apprend qu'il est mauvais pour les visions, qu'il ne voit pas très bien le futur lointain. il rencontre quelques esprits, mais ça va, on pourrait croire à des amis imaginaires. il essaye de lire des trucs dans les astres (il déteste les astres) et dans les cartes (il adore les cartes). on ne le laisse pas boire ses tasses de thé tranquille, il faut toujours qu'il inspecte les dessins des feuilles après. et bientôt on trouve sa force : l'instinct. soleil qui murmure avant une dispute, alors que rien ne l'annonce : oh, this is not gonna end well. soleil qui lève les yeux vers le ciel immaculé, le visage baigné par son homonyme : look at the sky ! all moody and grey. so many clouds. it'll be raining soon. et sans que l'on y comprenne rien le ciel fait un caprice et tout est détrempé.
(c'est donc pour ça qu'on l'a enlevé à sa famille ! et à ce frère jumeau qu'il n'est plus sur d'avoir vraiment eu. et à midrias dont il aimait tous les toits. c'est donc pour ça qu'on l'a confié à burns arkham qu'il n'a pas le droit d'appeler papa. pour cette lune sur le front qui ne lui apportera surement rien de bon).




chapter iii.
finding shade
(and losing shade)
il a presque huit ans quand il supplie shade de ne surtout pas passer son rituel familial. mais shade a huit ans aussi et, à huit ans, il n'y a rien que l'on puisse faire. "you'll get sick. and then you'll die. i can feel it ! please don't. don't, don't, don't. don't do it." égoïstement : "you're my first friend. i can't lose you. you're my… my brother ! you're like a twin brother." shade, son tout premier ami ici, à celestia, celestia qu'il n'est pas sur d'aimer car quelque chose dans ce quartier est trop propre, comme trop beau pour être vrai (ça aussi, il peut le sentir). shade qu'il supplie, bien que les supplications ne servent à rien.
quelques jours après on lui annonce que shade est parti. parti dans l'au-delà, parti dans un endroit où il ne reviendra pas. on ne lui explique pas comment ni pourquoi. i knew it ! i knew it. i should have… moment d'arrêt. qu'est-ce qu'il aurait dû faire de plus ? qu'est-ce qu'il aurait pu faire de plus ?



chapter iv.
evil mister burns
(and good mister burns)
"can it move to midrias?" alors que burns arkham lui lit une histoire avant d'aller dormir, très maladroitement, de la voix d'un homme qui n'a jamais lu aucune histoire à aucun enfant. "hummm? — like in the book." le livre parle d'un château ambulant, qui va de contrée en contrée, de langue en langue, de monde en monde. "the castle we're living in…" il montre du doigt tout ce qui les entoure, la chambre parfaite au petit lit magistralement sculpté, les grandes fenêtres qui donnent sur celestia. "your castle, can it move? back to midrias? — why do you want to go back to midrias? — i don't know." d'esfir, il ne se rappelle plus. de ses parents, il ne se rappelle plus. son esprit d'enfant emmagasine tant d'informations qu'il faut bien virer les anciennes pour faire de la place aux nouvelles.
il y a chez burns une peur bleue, la peur que soleil ne mentionne ce frère et ces parents qu'il essaye tant de lui faire oublier. pour qu'il ait moins mal. moins mal d'avoir tout quitté. mieux vaut qu'il ne sache pas ce qu'il a laissé derrière. monsieur burns aime à penser que c'est la loi, que dans tous les cas, ce gamin aurait dû venir vivre à celestia, qu'il n'a pas été volé à sa famille rien que pour lui, monsieur burns, monsieur burns qui voulait tant un enfant tandis que personne ne voulait en avoir avec lui.
"shade… it hurts… picturing shade in the places we were." sur l'allée des richesses, ou sur la baie. "remember when we went to the seaside ? just the three of us, and—" burns arkham en costard sur la baie, l'air de ne pas y toucher et de tout y détester, l'eau, le sable, le soleil. son souvenir le plus précieux, pourtant, qu'il réalisera plus tard : shade et soleil en train de rire dans les vagues. "it hurts… now that he's not here anymore… it just— hurts."
et ainsi monsieur burns, qui pourtant travaille au gouvernement et n'a pas le droit de trop s'éloigner, demande la permission d'aller vivre à midrias ; à la frontière, certes, mais à midrias quand même. au moins pour le bonheur du soleil.





très friendly, taquin, presque blagueur. socialement à l'aise, extraverti. caprices légendaires, difficulté à comprendre qu'il ne pourra pas toujours avoir ce qu'il veut. besoin qu'on lui fixe des limites et qu'on lui explique pourquoi. anger issues, crises de rages incompréhensibles et violentes. tendance à se recroqueviller et à se protéger le visage des mains quand il y a un mouvement brusque. narcissisme étrange, se trouve immensément beau tout en trouvant les gens qu'il aime plus beaux encore. débrouillard as hell, always gets his way out, mais horriblement dépendant. relations généralement conflictuelles, mais aime démesurément et s'accroche de toutes ses forces. tendance à accepter qu'on lui fasse n'importe quoi passé un certain stade de proximité. peur de l'abandon. vit dans les extrêmes, trouve difficile d'être dans la demie-mesure et manque parfois d'opinions nuancées. loyal comme personne, pourrait cacher un corps à cinq heures du matin. tendre, soft, mots doux murmurés et difficilement assumés.




chapter v.
i can't believe you went to jail
you have the face
of someone who never saw anything
but the sun
"three years ago..." commence le juge, "i told it was your last chance. then two years ago… i told it was your last chance. and then last year… arkham ! are you listening? — yes, yes." répondu d'un air endormi, l'air de s'en foutre. oui oui oui oui toujours la même rengaine, des années qu'il entend que c'est la dernière chance pour lui. il n'y croit plus, il sait que c'est faux, de la menace en l'air, des paroles en l'air. son père est trop riche pour qu'il ne lui arrive quoi que ce soit — et il sait que burns l'aime tellement qu'il le protégera. "arkham. — humm? — you fucked up your last chance yesterday." il se redresse sur sa chaise. c'est la première fois qu'il entend ça. et son instinct ne lui a rien dit ; il ne l'avait pas vue venir, celle-là. "you burned all your bridges. it's over. — i-" mais il n'a rien à dire. depuis bien avant sa majorité il les enchaine ; les bastons au sortir d'un bar, les conduites en état d'ivresse, les insultes aux agents qui viennent le chercher, les nuits en cellule de dégrisement. "i wanna speak to my father. — there is nothing your father can do for you. he's been saving your ass since you were sixteen." ses seize ans ! ses belles années. son premier passage devant le juge. "listen, your honnor… — oh, you're calling me your honor now ?" soleil reste muet. c'est vrai qu'il a eu bien du culot devant le juge jusque là. depuis toujours. "he's been saving you since you were a child, if you want to know what i think about this. don't know what he saw in you. a moon, alright, but certainly not the best psychic over there. if it was up to me… you would have died in that pretty family of yours. a bunch of humans without any fucking bit of magic."




chapter vi.
il est vrai qu'il a peut-être un peu trop abusé. il est vrai que c'est souvent avec une gueule de bois qu'il s'est réveillé. il est vrai qu'il a souvent été abruti, loin qui n'est déjà pas un génie, par le bruit des basses. il admet que, peut-être, certaines nuits, il a salement déraillé. il est vrai qu'il est un petit con de la haute qui s'est toujours cru tout permis, born et raised dans l'audace, l'insolence à la bouche. il est vrai que beaucoup ont surement rêvé de le foutre en taule pour de bon, bien qu'il ne soit qu'une petite frappe. il est vrai que certains de ses "amis" de celestia ont fait bien pire que lui et qu'ils n'auront rien, car il n'est qu'un petit con pris presque au hasard dans la foule des petits cons de celestia avant d'être érigé en exemple.

il est vrai qu'il gardera une haine sans précédent pour le système. vrai que des amis cités ci-dessus, presque aucun ne viendra le voir derrière les barreaux. ça lui apprendre la loyauté. ça lui apprendra à se méfier encore mieux de celestia. il ne nie pas ses méfaits mais ne pense pas mériter deux ans. deux ans ! dans ans dans le fold. putain. il peut lire sur le visage de son père qu'il ne s'en remettra pas. qu'il n'est pas assez fort pour ça. il peut lire quelque chose d'autre, aussi, sur le visage de son père. il n'arrive pas exactement à déchiffrer quoi. son instinct lui souffle de creuser mais il s'y refuse.
(l'horrible vérité est ainsi : monsieur burns arkham commence à se faire quelques ennemis au gouvernement. lui qui joue le terrible jeu de la corruption sans que ni son soleil, ni l'opinion publique ne le sache. lui qui joue un jeu dangereux qui retombe sur son fils, que sur un presque prétexte on envoie en prison à sa place. oh le sentiment d'injustice gronde et gronde et soleil rêve de les y voir, eux tous, à sa place à lui.)

il est vrai qu'il y a une personne en particulier qu'il aimerait voir à sa place, derrière les barreaux. "can we talk about this? — no." la seule chose dont il ne peut pas parler. la seule chose qui ne veut pas franchir ses lèvres. "what he did to you… it wasn't okay. and it wasn't your fault." ce qu'il rêve d'entendre.
à la place il se demande : why did i stay that long? why was i so weak? why was i covering the bruises? why was i lying about what that time he left me half-dead? how come i thought this was love? how can someone be so STUPID? HOW COME I THOUGHT THIS WAS LOVE?




chapter vii.
bien sur il s'échappe. bien sur il lui faut du temps, et il lui faut écouter son instinct bien correctement, comme on le lui a appris à l'iron gates academy. il a presque déjà purgé ses deux ans quand il découvre ce passage rempli de magie qui lui semble être sa meilleure opportunité de sortie.
bien sur il pensait bêtement, car il est bête, que le passage l'emmènerait tout droit jusqu'à midrias, où il pourrait recommencer à se la couler douce comme si rien n'était arrivé.
bien sur le passage ne débouche pas à midrias, mais traverse le fold pour recracher soleil au milieu de zaun.

soleil a beau être devenu un taulard, il donne quand même l'insupportable impression d'être un riche taulard. il a le port beaucoup trop altier et la tenue pas assez froissée. ((la prison a creusé des trous sous ses yeux, néanmoins. la prison a grisé son teint. la prison l'a laissé seul avec ses pensées, dans une cellule où il ne voulait pas du tout être seul avec ses pensées. la prison l'a laissé anxieux, claustrophobe, avide des quelques minutes de sortie quotidiennes. avide de l'air frais sur ses épaules et des rayons du soleil sur son visage. l'impression de ne pas respirer est réelle, en prison. bien qu'un type, un certain kassian, lui ait donné des tips sur comment survivre. surement grâce à kassian que son petit coeur de petit riche bat encore.))
à zaun l'on remarque vite qu'il n'est pas d'ici, et son escapade est bien vite écourtée ; tout comme l'humain n'a que dix doigts, la liberté n'a que dix jours.

pendant ces dix jours, il :
— retire de l'argent, ce qui est bête, car il est aussi bête que riche ; ainsi les autorités savent immédiatement où il a échoué. (ainsi burns le sait aussi, et peut mandater reagan en hâte de retrouver son fils, la prunelle de ses yeux, perdue à zaun) ;
— se fait une soirée karaoké, car après tout pourquoi pas, et après tout on ne l'y cherchera pas. (et n'a t-il pas passé deux ans à dépérir ? il se le doit bien. il le mérite. s'il ne veut pas devenir fou) ;
— rentre en titubant dans une allée zaunarde qu'il ne connait pas et se fait déchirer le cou avant d'être laissé dans le caniveau.

chapter viii.
dans des chambres miteuses, dans des motels miteux. dans des baignoires, allongé sur le carrelage de la salle de bain, gémissant au dessus d'un lavabo plein de sang ; tout pour chercher de la fraicheur et soulager la douleur. ses canines poussent sans qu'il ne veule comprendre ; il soulève sa lèvre pour inspecter ses gencives dans le miroir sale. il est en détresse et il n'a pas vu qui lui avait fait du mal. de l'attaque il ne se souvient de presque rien, si ce n'est cette douleur soudaine et insoutenable accompagnée de quelques images floues. il se meurt dans ce motel de zaun, attaque un innocent dans un couloir. il est obnubilé par le sang, le sang, le sang, et le rouge, le rouge, le rouge. il pleure comme un gamin avec ce sang sur les mains et ce sang dans la bouche. il débranche le téléphone et ferme les rideaux pour ne pas qu'on le retrouve. s'il n'avait pas aussi peur d'être enfermé de nouveau il joindrait les mains et implorerait pour qu'on le retrouve.
il en est là quand reagan le retrouve.