Libéré. Délivré. Douce illusion que celle de pouvoir voler quand le vieux s’était finalement tiré.
Un “au revoir” pas trop joyeux sur les lèvres, neutre et sans réel ton, contenir le grand sourire de bonheur, déclarer qu’on ne va rien faire de plus que tirer quelques cartes aujourd’hui… et surtout contenir le sourire de bonheur jusqu’à ce que la porte se referme enfin pour le laisser seul.
Le vieux était parti… lui laissant des heures de liberté devant lui, bien assez pour commettre une folie.
Une folie qui ne rimait pas avec Myevi, ou avec une connaissance imaginaire qu’il se serait fait dans le coin.
Mais avec la douce et belle Zylith qu’il spammait de messages quand il en avait l’occasion.

Depuis que le rendez-vous de l’imprudence avait été pris - et malgré des débuts chaotiques de conversation - il n’avait pensé qu’à ça… nuit et jour, en tirant ses cartes comme en se brossant les dents… au point de faire chier une fois de plus l’homme qui lui servait de père et de modèle en l’assaillant de questions.
D’accord, c’était vrai, fallait bien l’avouer, il avait été un peu stressé.
Assez pour… « Dites, ça va mes cheveux ? Et la tenue, ça passe ? » … arrêter la première passante dans la rue une fois qu’il s’était retrouvé en bas de chez le vieux…
Peut-être qu’il en avait même arrêté une autre sur la route… mais il jurait qu’à la troisième tentation, il s’était contenu pour poursuivre sa route jusqu’au fameux point de rendez-vous.

Approche pas à pas… un coeur qui s’en était accéléré en se rappelant les angoisses des dernières nuits…
Pourquoi ça le faisait autant flipper ?
… Zylith était au moins aussi contente que lui de le revoir non ?
… elle devait être vraiment jolie Zylith, c’est sûr que sa coiffure ça n’allait pas à côté !
Et puis, c’était un peu niais ce vol de fleurs dans un jardin sur la route ?
Peut-être qu’elle allait trouver ça lourd.
Ou pire… lui dire qu’elle avait un copain maintenant…
… pourquoi est-ce qu’il pensait à ça ?
Il allait revoir Zylith.
La phrase n’avait pas besoin d’être plus longue que ça.

Inspiration. Expiration. Il avait trouvé le courage des derniers pas en concentrant très fort son cerveau à oublier ses idées à la con. Son regard avait pu la chercher aux abords du musée…
Et puis il l’avait finalement vue…
Pourquoi elle était aussi belle ?
Pour mieux te faire souffrir mon enfant
Quelque chose comme ça…
Ou alors c’était un truc en rapport avec de l’envoûtement… si quelqu’un avait ce pouvoir, c’était bien Zylith…
Il n’y avait qu’à le voir. Un, deux, trois grandes enjambées… il avait bousculé quelqu’un sans même le remarquer… puis quatre, cinq, six et les dernières…, poussées par cette vision qui lui avait tant manquée… et ça avait été un kidnapping sans réel questionnement.
Ses bras s’étaient simplement ouverts pour lui voler une étreinte. Comme ça. Sans un mot. Il l’avait même resserré à l’en étouffer. Si fort contre lui… Sa Zylith… comme un pansement qu’on resserre sur un coeur meutri par le manque. Et tant pis si elle avait pris du temps à se coiffer, sa main ne s’était pas gênée pour laisser ses doigts se serrer entre des mèches.
La communication par la parole… c’était surfait.

Quelques mois plus tôt, manger était devenu un calvaire pour la blonde. Incapable de se nourrir quand son âme-sœur ne fait plus partie de ce monde. Elle se souvient des regards inquiets de son père adoptif, de ses remarques insupportables et de cette façon dont il est parlé de leur vieil ami en utilisant le présent. Comme lors de son enfance, elle s’est égarée dans une solitude sans fin jusqu’à cette soirée. Un cristal se brise dans le ciel quand la panique envahit l’atmosphère des personnes situées autour d’eux. Une lumière dans l’obscurité la plus profonde. Sa lumière à elle et le cri de bonheur d’Elan... Elle ne saurait décrire ce qu’elle a pu ressentir à ce moment-là mais elle était bel et bien déterminée à le retrouver avant que les autres le fassent pour elle. Zylith avait été déçue de ne pas pouvoir être la première à le revoir. A défaut, elle continue de vivre pour cet espoir : celle dans la première dans son cœur. Et sans le savoir, Callen a encore réussi l’impossible. En dehors de revenir à la vie alors qu’elle le pensait mort, le jeune homme lui a offert toute son attention. Des messages écrits, des messages vocaux, des appels avec ou sans vidéos. Elle se souvient de sa fébrilité quand il lui propose de la revoir, pour de vrai.

Et le jour est arrivé. Manger est encore un calvaire pour la blonde. L’excitation voire même le stress l’a empêché d’avaler plus d’une bouchée. Le jeune homme n’a pas intérêt de lui faire faux bond cette fois-ci. Callen mérite de voir tous les efforts de son amie. C’est qu’elle a passé une heure à se boucler les cheveux, se demandant s’ils lui plairont suffisamment pour qu’il puisse de nouveau jouer avec eux. La veille, elle a passé une bonne partie de la journée pour acheter une tenue pour l’occasion. C’est dans une tentative désespérée qu’elle est rentrée dans une dernière boutique avant de tomber sur cette robe de couleur bleue. Un détail pour beaucoup et une attention pour elle. Va-t-il le remarquer ? Elle espère qu’il saura apprécier ce geste car elle n'a pas mieux à lui offrir. Comme si le simple fait de se revoir ne serait pas suffisant. Pour les deux petits tourtereaux.  

La demoiselle s’impatiente au point de rendez-vous et jette un coup d’oeil sur son téléphone toutes les dix secondes pour vérifier sa coiffure. Il l’a toujours complimenté sur sa beauté et il n’est pas question de créer une première exception. Elle veut continuer à lui plaire. Elle veut continuer à être sa Zizi. Celle-ci finit par relever le menton quand une agitation semble avoir lieu à quelques mètres d’elle. Très vite, elle l’aperçoit dans sa course et affiche instantanément un grand sourire sans vraiment s’en rendre compte. Son cœur s’accélère quand elle hésite à courir vers lui mais Callen a toujours été le plus rapide d’entre eux. Elle se contente de lui offrir son plus beau sourire tandis qu’elle sent ses yeux briller. Pas besoin de poussières d’étoiles aujourd’hui. Ce qu’elle retient, c’est que le bonheur se présente de nouveau à elle. Ce bonheur se traduit d’une seule façon : être dans ses bras. Elle plonge dans ses bras et sautille légèrement pour se mettre à sa hauteur. Elle colle son nez contre le creux de sa poitrine et resserre son emprise sur son dos. Elle ne bouge pas d’un cil, préférant profiter de son parfum et de cette étreinte. Puis, au fil des minutes, ses mains caressent l’entièreté de son dos. Elle réalise peu à peu qu’il est bien auprès d’elle, là où devrait être sa seule place. Une larme coule le long de sa joue avant de sangloter. Les pleurs étaient censés être interdits, aujourd’hui, Zylith mais c’est plus fort qu’elle. Elle se blottit un peu plus contre son torse pour cacher ce qui est pourtant une illustration de son bonheur. Malheureusement, la blonde n’est pas aussi discrète. Elle se met à renifler, bêtement. “ Je... Je ne pleure pas. “ Zylith a tant de choses à lui dire, et pourtant, c’est la première chose qui lui vient en tête. Ce gros bébé...

Maintenant que le moment est arrivé, savoir si ses cheveux sont aussi ok que sa tenue ne semble plus si important.
En réalité, il n’y pense même plus. Et si une vague pensée avait été capable de subsister malgré la vue de Zylith, elle l’aurait aussi effacée en un battement cils.
Quelle importance de toute façon ? Zylith est bien trop jolie pour qu’il tente d’être à sa hauteur. Et s’il veut lui plaire, le manque ressenti depuis trop de mois chasse toutes ses préoccupations superficielles quand elle rentre finalement dans son champ de vision….
Il chasse même sa capacité de paroles. Tout ce qu’il est capable de faire maintenant, c’est la serrer fort à l’en étouffer.
Pourtant, il l’a bien remarqué qu’elle était jolie.
Non.
En réalité, Zylith est au-delà de ça, pas simplement jolie. Même magnifique n’a pas l’air d’être un adjectif suffisant pour la complimenter.
Il le voudrait. Il le fera. Mais plus tard… après l’avoir étouffé dans ses bras pendant de longues minutes.

Cette fois, il ne gâche pas tout. Il ne tue pas le silence comme cet autre soir où ils ont gravé leurs noms dans l’écorce d’un arbre.
Il en serait bien incapable de toute façon. Parler est une faculté beaucoup plus dure qu’il n’y paraît quand vous tenez enfin dans vos bras cet être cher dont le manque fait mal à votre coeur depuis des mois.
Pas vraiment raisonnable cette étreinte qu’il resserre tandis qu’à ses narines parviennent l’odeur d’un enivrement, synonyme de sa perte.
C’est beaucoup trop bon pour qu’il s’en prive. Alors ça l’est aussi pour qu’il songe à se blâmer.
Et s’il entend bien un reniflement qui vient trahir la demoiselle, il ne fait aucun commentaire sur le coup. Il est juste le con qui laisse sa main se serrer à l’arrière d’un crâne, entre des mèches que Zylith a pourtant si joliment arrangé.
Qu’elle lui colle un procés, c’est le dernier de ses soucis.

« Je sais. » … alors il accepte son mensonge sans réfléchir. Même s’il pouvait voir son visage maintenant, sa réponse serait la même. Mais le manque de ses traits, il le comblera plus tard, après de longues minutes d’étreinte.
Le mensonge est pourtant évident. Ne pas y croire l’est aussi. Autrement son autre main ne se perdrait pas dans le bas d’un dos dans un geste de réconfort évident.
Il mentirait aussi de toute façon. Ses joues n’étaient pas si sèches non plus. Et parce qu’il voulait avoir l’air d’un type fort. Celui qui la protégerait toujours même s’il était pourtant celui qui l’avait abandonné des mois en arrière…. il attendrait de ne plus avoir l’air si faible pour la regarder dans les yeux « Je sais Zylith. »
Son prénom avait une saveur particulière maintenant qu’elle était là pour l’entendre…

Sa connerie à lui n’était peut-être pas si discrète. Pourtant, elle avait essayé de l’être sa main, quand elle était remontée pour essuyer ses joues l’air de rien. Intérieurement, il avait émis le souhait de ne pas avoir le regard trop brillant quand il s’était reculé assez pour pouvoir enfin le poser sur le visage dont il avait rêvé presque toutes les nuits.
Capricieux enfant qui avait toutefois gardé une main dans le bas d’un dos afin de retenir sa Zylith prisonnière… c’était déjà trop loin, oui, s’il ne pouvait pas lui serrer dans les bras.
« Tu m’as manqué. » l’enfant était ceci dit assez audacieux pour déposer ses lèvres sur un front dans un soupir aussi torturé que soulagé… un front que son souffle avait caressé de quelques mots l’instant suivant « … tellement manqué. »

Zylith n’a jamais douté de l’importance du jeune homme dans sa vie. Pas une seule seconde... Mais en son absence, elle a compté les conséquences dévastatrices sur son existence. Avec lui, il n'était pas question de tricher, si ce n’est pour fuir, il n’était pas question de retenir ce qu’elle pouvait avoir sur le cœur ou non. Elle était comme un livre ouvert mais Callen n’a pas assez une bonne vue pour voir les petits caractères écrits en bas de la page. Si le garçon était sa moitié, il était aussi le seul à la connaître et le seul avec qui elle se sentait réellement libre. Pas besoin de se donner des airs de grande femme, pas besoin de manipuler les autres contre un bout de peau. Lors de sa disparation, Zylith était à la fois prisonnière de ses sentiments, de son quotidien et de ses regrets. Cette nuit, bercés les bruits de la forêt, elle aurait pu sauter le pas en lui volant un baiser. Cet autre jour, elle aurait pu confier qu’il est la seule personne qu’elle aime et qu’elle aimera pour toujours.

Et maintenant ? La blonde s’est avouée vaincue et peut-être qu’elle ne parviendra plus à avoir autant d’espoir qu’avant. Mais son vœu le plus cher a été exaucée. Zylith s’autorise le droit de pleurer, car contrairement aux mois précédents, c’est un sentiment de joie qui l’anime. Elle est heureuse dans ses bras et c’est bien la seule chose qui n’a pas changé depuis. Ça et autre chose qu’elle continue de vouloir taire, malgré les regrets. Rassurant le jeune homme, tous les deux savent très bien la réalité derrière ses propos. Il lui faut un petit instant pour qu’elle puisse se reprendre tandis que Callen s’évertue à essuyer les larmes qui coulent sur ses joues. Quand ils échangent un regard, la pauvre manquerait presque de s’évanouir, tellement elle n’en croit pas ses yeux. Elle accueille son baiser avec un sourire apaisé et referme ses yeux. Zylith a retrouvé sa place aujourd’hui. “ Dis-le encore. “ chuchote-t-elle. Puis, elle pose ses mains sur son visage, caressant du bout de ses doigts, les traits de celui-ci et ses joues humides. “ Tous les jours, j’ai pensé à toi. Tous les jours, je tâchais de me rappeler de ton visage et ta voix. Je ne voulais pas t’oublier. “ Mais les mois ont eu leur influence sur ses souvenirs et c’est dur à avouer. “ Je ne veux pas revivre ça. “ Elle caresse ensuite ses cheveux, replace sa frange pour éviter les soucis. “ Je ne suis vraiment rien sans toi, Callen. “ Une fois de plus, elle a croisé la route de sa comète, celle qui annonce un merveilleux présage, espérant qu’elle ne soit pas dans l’obligation d’attendre des siècles pour la revoir.

L’instant, pourtant attendu, semble irréel.
Le rêveur qu’il est, le grand optimiste, était sans doute le genre à penser : on se reverra. Un jour, on se reverra, c’est sûr.
Mais maintenant… le moment semble être tiré de l’un des songes avec lesquels il se berçait ces derniers-mois.
Zylith dans ses bras… enfin… après tout ce temps… ça ressemble au rêve d’un gosse qui préfère vivre dans le déni plutôt que d’accepter qu’il a foutu sa vie en l’air par imprudence.
Elle est pourtant bien là… celle qui fait tourner son univers… celle qui rend un souffle possible et donne à son monde de la couleur.
Là, comme si elle n’était jamais réellement partie…
… ou plutôt, comme s’il n’avait jamais loupé ce rendez-vous.
C’est bien son odeur, son corps qu’il presse contre le sien… un peu plus fort même pour s’en assurer.

Et puis, c’est bien sur ce visage tant aimé que ses doigts passent ensuite pour tenter d’en chasser les larmes.
« Tu m’as manqué... » la répétition sort sans forcer. Son coeur vient même se serrer pour approuver ce qui le force à se retenir de la prendre à nouveau dans ses bras pour la serrer fort.
L’étreinte est tentante. Trop même.
Mais ce serait se priver de ce visage dont il n’a pas assez regardé les traits.
« Je suis désolé… » tellement désolé même… des excuses plutôt que de lui avouer qu’il a joué au même jeu.
Un jeu peut-être inutile quand son coeur cherchait à se persuader qu’il était incapable d’oublier ce visage qui hante ses pensées.
Mais le doute malgré tout. Celui de laisser une odeur lui échapper… de ne plus se souvenir tout à fait de la sensation de ses doigts sur une main qu’il n’aurait jamais dû lâcher. Celui de ne plus pouvoir entendre à la perfection son rire … de ne plus sentir ses doigts jouer de prudence sur son front… « ça n’arrivera plus…. » vraiment ? Est-ce qu’il en est sûr à ce point ?
…
« Je te retrouverai toujours. » une promesse plus certaine cette fois…
Vivre sans Zylith, c’était trop difficile.
L’imaginer sans lui… c’était terrifiant aussi.
Mais le visage sur lequel ses doigts avaient persisté à laisser de la tendresse… il le trouvait plus fatigué… c’est vrai, quelques données pour le faire culpabiliser mais… elle était là… elle n’avait rien… « J’te laisserai plus comme ça…. » même si ça n’allait pas être évident… réalité qu’il ne pouvait pas ignorer, mais à laquelle il n’avait pas envie de penser maintenant, préférant de loin céder à la reprendre dans ses bras… laissant sa bouche flirter avec sa peau contre une tempe… sa Zylith… « C’est mal si on passe notre temps comme ça ?  » une heure d’étreinte sur le port… pourquoi pas ?

Avant leurs retrouvailles au port de Midrias, Zylith avait pu profiter de sa voix au téléphone. Elle avait peut-être oublié quelques nuances dans le ton de celle-ci mais il existe toujours des variantes lors des appels. Alors, elle lui demande de se répéter pour la forme, si ce n’est peut-être plus pour le fond. Elle adore entendre l’importance qu’elle peut avoir dans sa vie, elle l’adore l’entendre chuchoter son prénom comme s’il était capable de tout dire rien qu’avec son identité. Peut-être même qu’elle aurait été capable de l’adorer en train d’inventer des noms étranges, tant qu’elle reste la seule auditrice. Des évènements avaient provoqué des changements dans la vie de la shymer mais aussi dans la sienne. Les traits ont sûrement changé depuis leur dernière rencontre mais elle préfère les ignorer. Son attention n’est que pour lui, bien qu’il doive la partager avec un cœur qui s’accélère. Oui, beaucoup de choses avaient changé dans la vie de Zylith Arroyal si ce n’est son exception. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres quand ses pleurs finissent par cesser. Il était bien en vie, occupé à l’envelopper dans ses bras. Ses sentiments pour lui étaient toujours ancrés en elle, à l’image de ses bateaux qui attendent leurs propriétaires pour voguer sur les vagues. Bateaux auxquels elle n’a pas prêté attention, son visage étant la plupart du temps collé contre le torse de son ami. Elle se laisse bercer par ses mots, par des promesses qui le dépassent mais elle les ignore. Pas de dispute, pas besoin de ressasser le passé si ce n’est peut-être comprendre dans quelle situation il se trouve maintenant. Bien sûr, Callen lui a donné quelques informations mais elle veut en parler avec lui. Plus tard. La belle veut juste profiter de son prince quelques instants de plus, et apparemment, ils sont sur la même longueur d’ondes. Des vraies colles glu alors qu’ils pourraient marcher le long du port ou manger un bout dans un endroit pas trop cher. Est-ce que c’est toujours plus intéressant qu’un câlin avec l’homme qu’on aime, porté disparu pendant des mois ? Elle pourrait grimacer à cette question avant que son esprit s’oriente vers de nouvelles pensées. A quoi fait-il réellement intéressant ? A leurs étreintes ou à ses lèvres qui effleurent sa peau avant d’y déposer un délicat baiser ? Les deux sont compris dans le même lot ? “ Pourquoi ? Le temps ne s’arrête pas quand je suis dans tes bras ? “ Niaise, beaucoup trop niaise. Zylith échappe un rire. “ Tu avais un autre programme en tête ? “ Elle tente de deviner la réponse en le fixant et s’éloigne légèrement de lui. “ Bien, j’accepte mais à condition que... “ Et sans tarder, elle s’empare d’un de ses bras. Ses deux bras entourent le sien. Un vrai petit couple. La demoiselle le regarde ensuite d’un air joueur. “ Tu me fais visiter ta nouvelle contrée, Mr Komeyt ? “ Mais elle qui avait décidé de mettre un terme à leur étreinte, semble vouloir montrer les premiers signes de regret. Son bras est délaissé pour qu’elle puisse finalement glisser le sien derrière sa taille et poser sa tête contre lui. C’est mieux ainsi.

Figer le temps.
Voilà un pouvoir qu’il aurait trouvé bien plus intéressant que les fausses prémonitions données  par la lune tatouée sur son front.
Evidemment, ce pouvoir devenait plus intéressant en faisant la rencontre de celle que de mauvaises décisions lui avaient retirée.
« Ou pourquoi il ralentit quand tu es loin de moi. » sans doute tous les deux étaient aussi niais l’un que l’autre oui… aucun regard jugeur, aucune moue écoeurée de tant de sucre, le Komeyt n’y aurait de toute manière prêté aucune attention quand il ne voyait plus que Zylith, sa Zylith.
« Programme Zylith. La description est assez vaste c’est vrai… » en d’autres termes :
Retrouver Zylith.
Prendre Zylith dans ses bras.
Savourer le son de sa voix autant que profiter de son parfum.
Pour le reste, au final, c’était assez flou.

Mais les étreintes, on ne pouvait pas les rendre infinies.
Vague de regrets dans son coeur, le manque qui se fait déjà ressentir ne l’empêche pas de sourire à sa belle « Tes désirs sont des ordres. Ordonne et tu auras. » ce n’était pas trop pour une simple visite d’un coin de Midrias ?
…
L’excès n’était pas un terme qui existait, ou du moins capable de rimer avec le doux prénom de Zylith.
Qu’on pardonne à l’homme heureux d’enfin retrouver celle pour laquelle son coeur battait. Comme un bonheur sur les traits, la volonté d’oublier que tout n’était pas si rose, il n’avait même pas eu besoin de la commander.
Profiter de Zylith et du moment présent. L’entraîner sur le port et prétendre qu’il ne faisait pas que lui montrer un bout de sa vie… mais également un bout de celle qu’elle allait pouvoir connaître désormais.
« Voici donc l’incroyable port du coin. » incroyable carrément ?
Il semblait l’être de cette main libre qui avait désigné l’étendu « Construit il y a 2307 ans par une tribu des terres du sud. » quoi ? « Il porte le nom du quartier qu’il occupe mais aussi celui de son concepteur, Jaran Midrias.  » sincèrement ? « Jaran était un grand explorateur, banni de chez lui peu avant sa majorité, il a passé 10 années de sa vie à se chercher une nouvelle maison. Une terre d’accueil, une terre promise que ses nombreux voyages ne lui ont pas permis de trouver avant qu’il ne mette les pieds, ici, à Velaris.  » il n’allait pas mieux… à priori, Midrias ne lui avait pas ordonné la tête… à ça de parler de Columnicus, il avait amené Zylith plus avant dans le port sans se lasser d’inventions « Il est tout de suite tombé amoureux du coin, mais évidemment, ça ne suffisait pas pour lui. Le goût des voyages, le besoin de prendre le large, il s’est mis en tête de construire ce port dans lequel tu te trouves.  » elle était longue l’histoire de ce Jaran ?
Sans doute un peu trop…
C’était le jeu du prétendre.
Prétendre qu’hier était encore aujourd’hui et qu’il n’y avait pas eu ce lendemain plus sombre que leur rêve commun.

A-t-elle vraiment envie de mettre fin à leur étreinte ? Pas vraiment. Leurs niaiseries ne créent aucun impact sur le temps et s’ils veulent se forger de nouveaux souvenirs, ils vont devoir se faire un peu de mal. Alors, il n’est pas question d’un désir même si elle ne peut pas s’empêcher de se sentir fière. D’être à ses côtés. C’est la seule vocation dont elle ne pourra jamais se lasser. Alors, si le jeune homme est prêt à suivre tous ses désirs, elle devrait peut-être en profiter mais les idées qui lui viennent ne peuvent pas se faire sans le consentement de Callen. Dommage. Elle va se contenter de la visite du port de Midrias sans pour autant lâcher son camarade. Elle ne voudrait pas qu’il s’envole de nouveau mais il continue de se perdre dans ses paroles. Ils devraient songer à construire un moulin, dans le coin. Entre le moulin à paroles qui répond au doux nom de Callen, et le vent maritime, ils pourraient augmenter leurs productions en un clin d'œil. Un sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu’elle pose son regard sur lui. Elle écoute d’un air amusé les dires du Komeyt. “ Tu sais pour quelles raisons il a été banni ? “ Elle ne devrait pas l’encourager mais c’est plus fort qu’elle. Peut-être que Zylith souhaite savoir si le jeune homme connaît désormais des limites dans sa créativité. Ça serait étrange. “ Il a peut-être dû construire d’autres ports ailleurs. Tu ne trouves pas qu’il est un peu imbu de lui-même ? “ Ou ont-ils choisi ce nom pour lui rendre hommage ? Elle n’est pas convaincue par cette théorie mais elle se contente de profiter de la belle vue. La modernité du quartier l’impressionne toujours autant. Elle se demande à quoi ressemblait la région à l’époque de Jaran Midrias. Ça devait être une toute autre ambiance. “ Il avait beaucoup de courage en tout cas. Je ne sais pas si je voudrais passer toute ma vie en mer, j’aurais peur d’avoir le tournis. “ Pourtant, elle l’a constamment quand elle se trouve en présence de Callen. Son manège à elle, c’est lui, comme dirait une parolière, un peu plagieuse sur les bords. ” Je ne suis pas très à l’aise pour nager quand je n’ai pas pieds. Je ne suis même pas sûre de l’avoir fait une fois, en fait. “ Comment aurait-elle pu apprendre ? Il y avait certes des lacs mais ils n’ont jamais été profonds à Zaun. Peut-être qu’ils pourront mettre un pied dans l’eau ? En attendant, voici qu’un commerçant semble les interpeller. Zylith, curieuse, jette un coup d'œil sur les travaux de l’artiste, qui semble faire des caricatures. “ Le charmant petit couple, vous voulez un dessin ? “ S’il devait forcer sur les traits de Zylith, ça serait certainement le rouge de ses joues. “ Seulement si c’est moi qui garde le résultat final. “ Peut-être qu’elle parle trop vite aussi…

Un peu pénible l’enfant.
Certains auraient envie de le faire taire. ça ne lui ferait pas de mal un peu de silence dans sa vie.
Malheureusement pour les intolérants, aujourd’hui il se promène avec celle qui trouve toujours le moyen d’encourager ses perditions. Et un sourire se fige sur ses lèvres quand sa Zylith entre dans son jeu.
« Et bien, il y a plusieurs versions à cette légende. » et on n’est pas certain de vouloir les entendre plus Callen. T’as des quantités de choses dans la tête que t’as envie de dire à Zylith… ne pourrais-tu pas plutôt choisir l’une d’entre elles plutôt que de muscler ton imagination qui n’en n’a plus besoin ?
Il le fera….
Mais se perdre, et voir Zylith rentrer dans son jeu… c’est une douce saveur dans son coeur… l’impression de retrouver hier… l’impression de ne pas avoir désespéré de la revoir pendant des mois « Mais la plus répandue, et celle que la plupart des gens admettent comme une vérité, c’est l’accusation qui porte sur lui d’avoir décroché une étoile du ciel pour en faire un collier à sa bien aimée. » alerte niaiserie.
Pourtant, lui aussi, s’il le pouvait… il irait en décrocher une ou deux pour offrir un bijou à la personne près de lui « Hum, ça ne m’étonnerait pas. Vraiment pas le genre à se contenter d’un port ce Jaran ! »

Doucement, sa main en resserre une autre.
Le regard perdu dans celui de Zylith, il cherche quel récit est le plus susceptible d’allumer une petite flamme dans ses yeux.
Il brûle de la voir… il brûle d’arriver à lui faire cet effet là « Si un jour tu te jettes à l’eau, je serais là.  » promesse un peu culottée si on considérait la situation actuelle.
La pensée vient torturer son esprit. Mais en guise de meilleure promesse, sa main se resserre un peu. Il ne recommencera plus… non.
Même si le choix n’est pas vraiment sien
« Tu sais…  » ... ce serait pas si mal de prendre un bateau maintenant et de partir loin d’ici ?
Quelque chose dans ce goût-là.
Une folie qui vient lui chatouiller la langue avant que la raison ne se manifeste sous les traits d’un artiste.

« Hey !  » protestation formulée dès l’instant où Zylith s’accapare le souvenir.
Vaine protestation. Evidemment que, malgré sa moue, il lui laissera l’emporter.
Il n’insiste même pas plus que ça, et sa tête accepte la proposition pour tirer le tabouret à disposition où ses fesses se retrouvent.
Vague idée qu’il aurait pu le laisser à Zylith et s’asseoir à côté.
Idée rejetée quand il l’attire par la main pour l’inviter à s’asseoir sur ses genoux.
…
Quoi ? Zylith et lui sont proches non ?
…
D’accord, il y a bien un petit sourire sur ses lèvres… il en profite un peu… mais le cœur battant, c’est surtout parce que l’artiste en question les a pris pour un couple.
Evidemment, lui… il n’a pas démenti…

Le grand Jaran a plusieurs casquettes à son actif. Le qualifier de simple navigateur serait un outrage pour l’ambition de cet homme. Pourquoi se contenter de voguer sur les océans quand il peut découvrir l’obscurité de l’espace ? Zylith, dans une pensée réaliste, cherche à comprendre comment un homme pourrait dérober une étoile. Mais, si on écoute chaque légende, elles sont souvent toutes décousues. Elles forgent le rêve et l’espoir en dehors de rendre les autres naïfs. Qui pourrait croire que des dragons existaient ? Personne sauf qu’ici, il existe des monstres bien plus horribles et d’autres créatures, comme elle. Enfin, ces mois de disparition la poussent à être crédule devant Callen, cet excellent baratineur. C’est peut-être les légendes sorties de la bouche du garçon, qu’il faudrait éviter de croire. Mais comment faire ? Cette journée marque leurs retrouvailles et pour tout dire, son imagination lui a aussi beaucoup manqué. Il pourrait lui raconter des histoires à longueur de temps, qu’elle ne pourrait pas s’en lasser. Car si Zylith craint de monter sur un bateau, il lui permet de voyager à n’importe quel moment. Quand il ne nous reste pas grand-chose dans la vie, on persiste simplement à rêver, non ? “ Elle devait briller de mille feux. “ Est-ce lourd à porter ? Est-ce qu'elle n'est pas devenue aveugle à force ? Hm, l’Arroyal n’a pas spécialement envie d’avoir un collier issu d’une étoile. Elle préférait largement profiter de la présence de Callen. Lui seul sait autant être lumineux.

Un sourire se dessine sur ses lèvres. Les promesses de Callen n’ont pas forcément le même effet mais si Zylith a bien compris une chose ces derniers temps, c’est que le destin est bien motivé à se jouer d’eux. Les réunir pour mieux les séparer. Que se passera-t-il dans quelques heures quand la belle devra rejoindre Ketterdam et retourner à sa routine ? Cette discussion lui semble être un passage obligatoire, comme si les échanges téléphoniques n’étaient pas suffisants pour comprendre dans quoi Callen Komeyt s’était embarqué, de gré ou de force. “ Tu seras là pour quoi ? Pour me noyer ? “ Où a-t-il appris à nager ? Elle se pose la question quand le jeune homme attire de nouveau son attention. “ Je sais quoi ? “ Mais celle-ci restera sans réponse quand un artiste de rue leur propose une activité : celle de devenir mannequin. Oh bien sûr, personne ne sera en mesure de représenter une marque de bijoux à la Mr Jaran mais apparemment, quelque chose brille entre eux deux. Ainsi, Zylith accepte de jouer le jeu. S’il les trouve mignon ensemble, le dessin sera peut-être offert ? Ils s’écartent du trottoir pour prendre place. Callen s’installe sur un tabouret et pendant quelques secondes, la demoiselle se demande bien ce qu’elle va pouvoir faire. Mais comme l’expression l’évoque, chassez le naturel et il revient au galop. Un geste naturel à son égard, et la voici assise sur ses genoux. Elle échappe un rire doux, embarquée dans cette danse dont elle ne saurait jamais se lasser. Dans une bravoure exceptionnelle, elle résiste à chatouiller la peau de son cou avec son nez. Elle glisse plutôt ses bras autour de ses épaules et le regarde avec tendresse. Enfin, après l’avoir taquiné. “ Tes cuisses sont assez musclées pour me porter tout ce temps ? Ça peut prendre un petit moment, tu sais. “ Finalement, elle pose sa main sur sa clavicule. “ Tu as peut-être perdu l’habitude de me supporter. “ Et en hommage à l’élégance dans laquelle la jeune femme plonge pour le travail, elle joue avec les pans de sa robe. Zylith tourne finalement sa tête en direction de l’artiste, qui travaille déjà sur son œuvre. Et finalement, ils sont libérés au bout de quelques minutes. “ Regarde en premier ! “ Histoire de savoir si le ridicule va la tuer ou non.