renata avait bien conscience que si l'on venait à savoir qu'elle traînait par ici - donc autant dire que si sa famille venait à découvrir qu'elle s'était encore aventurée là où elle ne devrait pas, la jeune femme savait qu'elle ne finirait pas d'en entendre parler encore longtemps. l'élitisme de ses parents, et leur besoin absolu d'avoir le contrôle sur ce qu'elle faisait ou qui elle fréquentait, c'était tout ça qui avait toujours poussé la brunette à faire tout le contraire, à vouloir être libre de cette cage dorée dans laquelle ils l'avaient retenue durant toutes ces années. oh, n'allez pas croire qu'elle haïssait ses parents, non ce n'était pas réellement ça, plutôt ils n'étaient pas sur la même longueur d'ondes, et tout ceci ne faisait que créer encore et encore des tensions entre la jeune femme et ses géniteurs. elle avait l'impression d'étouffer, et ce depuis l'enfance, cherchant dès qu'elle en eut la possibilité à s'écarter de tout ça, à fuir et laisser s'exprimer ses envies et ses besoins. était-ce pour cette raison que très tôt son esprit s'était tourné vers quelque chose qu'elle savait ses parents détester ?  ils ne comprenaient pas son intérêt pour les plantes, et pourtant aux yeux de la belle cela avait toujours sonné comme une évidence, une cérémonie dans leur clan qui ne fit que confirmer que c'était fait pour elle, qu'elle était née pour ça, pour leur plus grand malheur. quel échec, à leurs yeux, de ne pas pouvoir tirer profit de son pouvoir. quel bonheur, pour elle. une passion dévorante, accentuée par un apprentissage des plantes et poisons facilité par son don, d'un revers de la main elle pouvait les faire apparaître, modulables selon ses pensées... est-ce que cela faisait d'elle une mauvaise fille si elle avouait avoir songé à lâcher sa phytokinésie sur sa famille ? bref, là n'était pas la question, elle n'était pas venue ici pour songer à cela, l'héritière était venue s'aventurer jusqu'à zaun à la recherche de nouvelles plantes pour ses mixtures, pour ses expériences, jusqu'à se perdre au niveau de redwood road, prêt de la forêt qui bordait cet endroit, elle savait rena qu'elle pouvait trouver ce qui l'intéressait si elle s'enfonçait un peu plus dans les bois, l'ambiance étrange et pesante ne lui faisait pas peur, au contraire, c'était comme si les arbres l'appelaient aussi bizarre que cela puisse paraître. où était-ce son don qui lui faisait croire cela ? plus la jeune femme s'enfonçait parmi les arbres, plus elle se sentait en harmonie avec eux, suivant cet écho qui résonnait en elle, regard sombre qui cherchait, observait les lieux jusqu'à ce que ses yeux se posent sur une espèce non loin d'elle. sourire qui étire le coin de ses lèvres. je t'ai trouvée. pourtant quand elle s'approcha de la dite plante tant désirée, rena comprit rapidement en sentant du mouvement autour d'elle qu'elle n'était pas seule, ses yeux se plissant alors qu'elle observait les environs. il y a quelqu'un ? comme si on allait vraiment lui répondre. montrez-vous.  

Aska craignait bien des endroits. Davantage par prudence, dirait-il, que par lâcheté. Il demeurait toutefois certaines zones où il se sentait plus en confiance que d’autres. Difficile de parler de parfaite sécurité à Zaun, bien sûr. Ça n'existait pas. Mais il en connaissait suffisamment les recoins pour s’y aventurer sans retenue. La forêt qui entourait Redwood Road, par exemple, était de ces coins-là. Il y avait quelques règles , cela relevait du bon sens. Eviter les lunes pleines car les loups-garou grouillaient dans ces bois ; ne pas s’écarter du sentier qu’on connaissait car il y avait bien d’autres mauvaises rencontres que l’on pouvait faire au détour d’un buisson ; toujours se renseigner sur la météo car elle pouvait être annonciatrice de catastrophe bien plus importante qu’une simple averse. Bref. Des règles que le Feyn suivait scrupuleusement pour chacun de ses déplacements. Prudence régissait sa vie - même si Malchance aimait bien la secouer.
Aucune infortune n’était permise aujourd’hui. Aska avait son objectif en tête, l’esprit éveillait au moindre son de la forêt. Il cueillait sur son passage les ingrédients qui serviraient aux potions de Jazz, et ceux qu’il pourrait transformer en poison. C’était par ailleurs pour cette dernière option qu’il s’enfonçait dans la végétation. En fouillant dans les livres de la rêveuse, il était tombé sur un herbier répertoriant leur toxicité. L’une d’elle, qu’il n’avait jamais utilisée, lui sembla toutefois familière et il se souvint en avoir vu quelques spécimens dans la forêt qu’il arpentait en ce moment. On disait qu’elle pouvait tuer un Shoosuva et repousser les parasites qui se multipliaient à Zaun. Ce problème commençait à préoccuper les zaunards, surtout ceux qui, comme lui, se terraient sous la surface. De plus, l'hiver prématuré rendait la cueillette plus délicate, aussi espérait-il pouvoir mettre la main sur la plante avant que la neige ne réduise à néant son business.

Mais tandis que le Feyn avançait, il entendit bientôt l’agitation inquiétante des broussailles autour de lui. Un pas confiant, inhabituel. Aska se mit aussitôt à l'abri et se fit le plus silencieux possible. De cette démarche, il ne pouvait s’agir que d’une personne ayant l’habitude de ces bois. Brigand ou enfant du Fléau. Aska observa et… repéra au milieu des herbes la plante qu’il était venue chercher. Puis, une silhouette féminine apparut et cueillit son butin.
Quelle injustice !
Le Feyn s’efforça de ne pas s’en indigner tout haut. Il détailla la fille depuis son abri. Elle était simple, frêle, sans l’ombre d’une menace. Mais méfiance. Il connaissait les créatures qui utilisaient de vils stratagèmes. Il guetta la couleur de ses yeux, la pâleur de sa peau… Rien n’indiquait qu’elle était hostile. Ce qui ne suffisait pas pour décider Aska à se montrer. Toutefois, la jeune femme sembla sentir sa présence et son coeur loupa un battement, paniqué. Il demeura caché encore de longues secondes, la main glissant dans sa besace pour se saisir d’une bombe fumigène et assurer sa fuite à tout moment. Et la plante ? Valait-elle vraiment le coup ? Plus qu’il n’en avait conscience.

Toutefois, il sentit bientôt qu’on lui enserra la cheville et quand Aska baissa les yeux pour comprendre ce qui lui arrivait, c’était déjà trop tard. Une liane s’était enroulée autour de son mieux, comme se mouvait un serpent. Le zaunard étrangla un cri - parce qu’il n’avait aucune assurance que la jeune fille soit à l’origine de cette sorcellerie - mais il fut incapable de sortir la petite dague de sa besace car la seconde suivante, il était soulevait dans les airs par une force végétale. Cette fois, il cria. La peur au ventre, on le délogea de sa cachette et il fut amené devant l’inconnue - qui de toute évidence était doté d’un pouvoir familliale. ❝Pitié ! Laissez moi partir, je n’ai rien fait de m- !❞ mais la plante l’étreignait si fort qu’il en eut le souffle coupée. Les bras liés, il ne pouvait pas atteindre ses bombes…
Et une nouvelle fois : Aska Feyn se vit mourir.
 

renata ne devait pas être ici, elle en avait parfaitement conscience, de une à cause de sa famille mais le plus important (et le plus dangereux aussi) était qu'elle ignorait ce qui pouvait traîner dans l'ombre si elle venait à s'aventurer un peu trop dans ces bois. elle avait beau les connaître, être déjà venue à plusieurs reprises cela ne voulait pas dire que le risque zéro n'existait pas, bien au contraire. on ne pouvait jamais réellement ce qui traînait quand l'obscurité prenait le dessus sur le reste, c'était une leçon qu'on leur apprenait depuis qu'ils étaient petits, les risques que l'on prenait si on venait à ignorer les signes, à se croire invincible alors que l'on ne l'était pas. on pouvait la traiter d'inconsciente, rena le savait parfaitement qu'elle n'avait en théorie pas sa place par ici  et pourtant, elle ne pouvait s'en empêcher. c'était plus fort qu'elle, un effet de son propre pouvoir sur elle-même ? peut-être que oui, peut-être que non, elle n'avait pas la réponse et ne la cherchait pas vraiment. la jeune brune était venue ici en quête d'une plante bien précise, elle avait fait ses recherches et c'était dans ce coin-là que la rumeur et les ouvrages voulaient qu'on la trouve. et quand la jeune femme avait une idée en tête elle ne l'avait pas ailleurs, renata allait trouver ce qu'elle était venue chercher. le regard brun de l'héritière parcourait les lieux, ne s'arrêtant jamais réellement, son coeur qui vibrait doucement dans sa poitrine alors qu'elle sentait des frissons le long de sa peau. son don demandait à sortir, être si près de là où il était le plus puissant, c'était presque une trahison de ne pas en profiter mais rena était têtue, une femme en mission et quand enfin son regard tomba sur la plante tant désirée, elle sentait un sentiment de satisfaction intense prendre possession de ses émotions alors qu'un nouveau frisson ne la traverse... mais cette fois, ce fut une mise en garde. ses sens éveillés, la jeune femme se concentra, laissant son pouvoir prendre le relai là où son propre corps ne pouvait plus, elle écoutait, rena, ce qui l'entourait, était-ce un danger ? une autre personne ? un animal ? pire ? renata n'avait pas envie de se poser la question trop longtemps, les mots glissant entre ses lèvres sans avoir la moindre réponse. vous ne me laissez pas le choix. elle fera sortir l'être qui se cachait non loin par ses propres moyens. son pouvoir qui résonne en elle, fermant les yeux et se concentrant, ne faisait plus qu'une avec les lieux, les lianes qui se mouvèrent à la recherche de l'inconnu. te voilà. le cri qui la fait regarder dans la bonne direction, les pupilles sombres de la jeune femme croisant celles du nouveau venu. un garçon. que faisait-il ici ? depuis quand on se cache comme ça ? elle questionne avant de se rendre compte qu'il pourrait difficilement lui répondre vu combien ses amies végétales étaient serrées autour de lui. c'est bon, tout va bien. elle murmure autour d'elle, prenant une inspiration et laissant son pouvoir revenir à elle, relâchant l'étreinte suffisamment pour ne plus lui comprimer la cage thoracique mais pas assez pour risquer quoi que ce soit, les lianes le maintenaient toujours. rena était méfiante, pas elle ne voulait pas non plus blesser. que faîtes-vous ici ?  

L’air lui manque. La panique l’étreint autant que cette liane autour de lui. Il jure dans sa tête, il maudit sa malchance. Aska Feyn, voilà comment tu vas mourir : saucissonné par une plante. Il n’imaginait pas une fin plus glorieuse, ceci dit. Le rat avait toujours le don de se fourrer là où le danger l’attendait. Lui qui était si prudent, depuis quelque temps, les Grâces semblaient lui en vouloir. Malheureusement, aucune sorceleuse ne lui viendrait en aide au coeur de cette forêt. S’il voulait vivre, il devrait s’en sortir seul. Croyez-le ou non, il s’en sortait généralement plutôt bien…
Les choses s’annonçaient toutefois plutôt mal quand, alors que sa ravisseuse l’interpellait, il fut bien incapable de donner la moindre réponse, bien trop comprimé par la plante qui le retenait en l’air. A tout moment, il pouvait s’évanouir. Aska lutta tout en s’efforçant de ne pas se débattre bêtement pour économiser ses forces. Il entendit le murmure de la jeune fille qu’il distinguait sans netteté malgré leur rapprochement. Elle n’avait pas l’air de s’adresser à lui, ce qui inquiéta le zaunard. Un adversaire c’est une chose…. une bande, c’en est une autre ! Surtout si celle-ci comptait des pouvoirs familiaux ou des gifted…

Puis l’étreinte se desserra et, avant qu’Aska ne tourne de l’oeil, l’air emplit douloureusement ses poumons. Il jura malgré lui, cherchant à reprendre son souffle. Ses mains étaient toujours coincées mais il sentait qu’il pouvait doucement les bouger… Il lui fallait seulement un peu de temps. Et la jeune fille lui tendit la perche.
Ce qu’il foutait là ? ❝La même chose que vous ! Je crois… j’espère ?❞ Quoique. Si elle pouvait lui laisser la vie sauve et la plante… ❝En tout cas, rien n’indique que les balades sont interdites dans cette forêt… ❞ Aska tenta un sourire, mais cela ressembla davantage à une grimace douloureuse. ❝S’il vous plait, reposez-moi… Je cherche pas les ennuis,❞ plaida-t-il non sans continuer à bouger sa main dans l’espoir d’atteindre sa sacoche. S’il pouvait régler ça de façon diplomatique, tant mieux… mais une bombe fumigène lui assurerait la vie sauve…? Hum.