Les Affres de la nuit

2020

redwood road

@Rhaedyn Lesriel
blessures, mort

Carré court, frange droite et regard félin, elle enfonçait sa casquette sur sa tête avant d’enfiler sa veste noir simili cuir. Reste encore un peu Persé. La soirée ne fait que commencer. Rire amusé s’échappant délicatement d’entre ses lèvres galbées, la jeune femme se délectait de ce semblant de normalité, cette sensation de n’être qu’une jeune adulte de dix neuf ans, libre de déguster les plaisirs d’une jeunesse éphémère. Ils lui donnaient parfois l’impression d’appartenir à une famille, un groupe unis et loyal. Dire qu’elle ne rêvait pas de se perdre dans cette illusion serait mentir. Perséphone en mourrait d’envie. Vivre pour elle seule, répondre aux moindres de ses désirs et ne plus avoir à se cacher ni à fuir. Pourtant il ne suffisait que d’une poignée de secondes pour que la réalité ne la rattrape et que sa psychose ne reprenne le dessus. Toute relation était irrémédiablement fondée sur un intérêt commun, Perséphone n’échappait nullement à cette règle. Cette illusion, cette sensation d’appartenir à ce gang, d’être un peu plus qu’un simple élément, qu’un énième outil, était là pour rendre sa vie un peu plus significative. Cela lui donnait l’agréable impression d’être important au delà de ce qu’elle apportait aux membres du gang, bien au delà de son don. Et si parfois elle se laissait aller à y prendre goût, la jeune femme finissait toujours par se ressaisir, le cœur serré. T’es mignon mais sans énergie je ne suis d’aucune utilité alors permets moi d’aller me reposer veux-tu ? prononçait elle, un clin d’œil adressé au jeune bandit alors qu’elle tournait les talons quittant les lieux en direction de cet appartement qui leur avait été alloué. Une changement non négligeable lorsque l’on savait le nombre d’années que la jeune brunâtre avait passé à arpenter les rues à la recherche de bâtiments abandonnés dans lequel elle et sa mère pourraient squatter une poignée de semaines, au mieux de mois. Sa mère pouvait à présent se reposer et s’adonner à sa passion : le tricot. Rêvasserie de pauvres gens comme elle se plaisait tant à le dire. Une passion que seule les citoyens modestes et aisés pouvaient dévelloper. Les habitants de Zaun ayant bien d’autres occupations, celle de survivre par exemple. Le gang leur offrait ce confort inespéré qui cachant de nombreuses concessions restait loin d’être négligeable. Il n’y avait d’ailleurs plus rien que sa mère eut été capable de faire pour les nourrir. La maladie qui la rongeait n’était guère de celles que la jeune adulte était capable de guérir, même sur la durée Perséphone n’aurait su détruire ce mal qui la rongeait de l’intérieur, la progression s’était faite trop rapidement, plusieurs organes semblaient lentement dépérir et les lacunes de la jeune gifted en matière de contrôle de son don avaient rendus toutes ses tentatives vaines.

Redwood Road, harmonie des contraires, subjuguant de par la magnificence des couleurs automnales qui jonchaient l’allée et de par ses traînées de feu et de sang, témoin de la détresse constante qui demeurait en ce bout de ville décrépi. Le regard perdu vers un horizon de bâtiments insalubres où l’on s’entassait désespéramment, elle trainait des pieds envoyant balader les feuilles mortes. Elle peinait à s’imaginer la perception qu’elle aurait pu avoir de ce lieu si elle venait de Célestia. Aurait-elle été capable d’en apprécier la beauté complexe et ténébreuse ? Expirant, elle percevait les lieux comme possédant une sorte de saveur doucereusement amère. Ce lieu lui correspondait visiblement plutôt bien.

Argh... et merde. grognait elle alors que son corps s’écrasait âprement au sol, feuilles mortes absorbant le choc de sa chute alors que son regard agar se posait finalement sur l’élément ayant provoqué sa chute. Effroi, ses pieds frappaient la terre humide dans une tentative désespérée de s’éloigner du cadavre jonchant ce chemin qu’elle contemplait encore quelques minutes auparavant. Ses mains portées à sa bouche, elle tentait infructueusement de refouler la nausée qui s’emparait d’elle, son corps pivotant sur le côté alors qu’elle rendait son dernier repas. Elle n’avait pas eu besoin de s’attarder sur le corps inerte pour comprendre que « la chose » qui lui avait infligé de telles blessures n’était pas humaine et qu’elle risquait tout autant à s’attarder ici. Mais son corps ne répondait guère, tétanisé, sujet à des spasmes attributif d’une crise d’angoisse, elle qui pensait pourtant avoir appris à les gérer. Elle n’osait pas regarder, n’osait plus bouger, les yeux clos, les ongles enfoncés dans la terre, tentant de reprendre le contrôle de sa respiration. Et dans ce silence ombrageux où le temps semblait s’être figé, elle le perçut. Ce souffle, presqu’inaudible. Un râle, l’âme sur le départ.

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@"Frey Perséphone"
blessures, mort
Il y avait cru, persuadé qu’il pouvait se débarrasser de ce monstre avec beaucoup plus de facilité. Il est robuste, se veut fort et vaillant. Mais la richesse et l’opulence l’ont rendu faible, ignare des combats. S’il a dans un premier temps combattu dans l’espoir de tuer ce monstre, il s’est vite rendu compte qu’il devait désormais se battre pour sauver sa vie. Aspirant à une survie à peine possible, indélicate et méprisante, Rhaedyn avait sans relâche repoussé les attaques de ce monstre. Comment pouvait-il prétendre à un tel effort et se croire capable d’en sortir vainqueur ? Il était presque ridicule d’observer ce combat dont l'issue était plus qu’évidente. Aucun pari n’aurait été avantageux ici. Il avait donné jusqu’à ces dernières forces, pensant sa fin venue, et le souffle court, il s’était effondré au dernier assaut répété de son assaillant. Taeron était venu troubler sa vision, l’image de son fils avait été la dernière chose qui lui était venue à l’esprit. Un lien qu’il était persuadé de ne jamais perdre. L’avenir est parfois cocasse mais toujours terriblement cruel.

Le souffle erratique, le corps engourdi, il sent les coups lacérant de ce monstre profaner son corps et le malmener, le détruire. Il sent la vie lui échapper, lui donner froid. Il est glacé, peine à réfléchir. Les lumières sont aveuglantes, mais plus aucun son ne se fait. L’obscurité l'engloutit et il se surprend à n’avoir qu’une seule pensée c’est donc ça la mort ? Il n’a plus aucune force, et son courage s’étiole à mesure que son souffle se perd. Tout s’alourdit, il n’a conscience que du sol froid qui l'accueille pour son lit de mort. Il a toujours rendu hommage aux combattants qui perdent la vie sur le champs de bataille, aujourd’hui il n’y trouve aucune gloire, lui préférant la vie bien plus. Pardonne moi Taeron … Ses yeux se ferment une dernière fois et le monstre le laisse pour mort, quittant les lieux pour guérir ces blessures infligés par cet humain désormais à l’allure cadavérique.


Il n’a eu conscience ni des jours passés, ni des lieux qu’il a traversés. Il aurait pu se passer 2h comme 2 ans, tout aurait été pareil pour lui. Ses yeux peinent à s’ouvrir, son corps engourdi et encore trop endoloris pour qu’il puisse le bouger, mais bien moins qu’il ne l’aurait cru quand il encaissait les coups. Il papillonne des yeux, la faible lumière lui permet de s’ajuster. Il regarde autour de lui, sans comprendre ce qu’il voit. Est-il mort ? Il a froid. Son corps semble être toujours au même endroit, mais son esprit à voyager entre les mondes, il le devine. Il frémit, et cherche un visage familier, une explication, quelque chose qui puisse le sortir de ce nuage d’incompréhension … Il veut parler mais sa gorge est muette, il veut entendre mais ce qui l’entoure est inaudible. Sa tête est lourde et il sombre à nouveau percevant une silhouette frêle sans savoir s’il s’agissait là de son imagination où de la réalité.

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@Rhaedyn Lesriel
blessures, mort

En l’espace de quelques secondes, elle enregistrait tout, odeurs, bruits, couleurs et mouvements. Son corps pétrifié par la peur laissant entière liberté à son esprit, mouvementé, terrifié et aux pensées inextriquées. Râle d’agonie qui s’amenuisait au fil des secondes, faible et souffreteux. Sa raison lui sommait de se soustraire à cette situation, elle lui hurlait de se ressaisir, lui adjurait de prendre conscience des risques qu’elle encourait par sa simple présence en ces lieux. Il n’était pourtant pas complexe de fuir, après tout n’était ce pas ce qu’elle avait passé sa vie à faire ? Dix-neuf ans à s’évanouir dans les ténèbres, se donnant corps et âmes pour n’être qu’une ombre vaguement aperçus au coin d’une ruelle. D’innombrables heures à rester accroupis dans l’obscurité à prier pour qu’on ne la remarque guère. Dire qu’elle ne s’était jamais montré imprudente pendant toutes ces années serait mentir. Bien sûr qu’elle l’avait été et ce à chaque fois qu’elle s’était laissé aller à utiliser son don. Chacun de ses patients avait représenté un danger, une entrave à cette liberté à laquelle elle inspirait tant. Mais vivre sous la contrainte n’était ce pas en soi-même l’antonyme d’être libre ?

Son corps encore sujet aux spasmes d’angoisse, la jeune femme tentait de se ressaisir, s’accroupissant lentement alors qu’elle rampait vers ce qu’elle eût pensé être une dépouille. Depuis combien de temps attendait il désespérément que la faucheuse l’emporte avec elle ? Terre teintée de sang, Perséphone peinait à distinguer les plaies de cet être. Être, terme qu’elle employait de sorte à conserver une certaine distance vis à vis de l’infirme, le déshumaniser de sorte à pouvoir garder un plein contrôle de la situation et ce, qu’importe les aboutissements de celle-ci. La paume de sa main encore bandée se posant sur la poitrine de cet être, elle pouvait percevoir les battements prononcés de son cœur. Il avait beau être dans un état désastreux, son âme ne le quitterait pas aujourd’hui. Ses yeux parcourant les traits de son visage meurtris, l’infirmière se demandait bien ce qu’il avait pu vivre pour en arriver là. Une curiosité déplacé preuve de l’insouciance dont elle faisait irrémédiablement preuve. Que ferait elle si vampire il était et s’abreuvait à son cou ?

Ses doigts glissant dans la poche arrière de son jean, elle sortait prestement un petit couteau de cuisine dont elle venait déposait la lame contre le cou de ce qu’elle devinait être un homme. Simplesse d’esprit que d’envisager un seul instant que cela aurait pu l’empêcher de l’attaquer mais Perséphone n’avait jamais eu une bonne gestion de ses émotions et l’angoisse la faisait encore une fois agir en dehors de toute rationalité. je vais te mettre à l’abris mais au moindre faux pas je n’hésiterais pas à mettre fin à tes souffrance. soufflait elle en se penchant à son oreille trop peu consciencieuse de la facilité avec laquelle il aurait pu la maîtriser. Se relevant, elle entreprenait de se pencher en avant saisissant du mieux qu’elle le pouvait les deux bras de l’inconnu. Elle avait pour optique de le trainer dans les ruines de l’un des anciens bâtiments de ce bout de ville décrépi, à l’abris de l’attention qu’il pourrait attirer sur eux. Mais encore une fois, il était naïf de penser qu’une femme comme la jeune Frey pourrait déplacer avec aisance et sans envenimer ses blessures un individu qui faisait sans aucun doute le double de son poids. Elle tira une fois, puis une seconde et une troisième sans que le corps inerte ne daigne bouger ne serait-ce que d'un centimètre. Au contraire, elle avait cette affreuse impression d'envenimer la situation, de lui infliger de plus amples douleurs. Une énième torture. je n’y arriverais jamais. Pas sans l’avoir soigné un minimum au préalable, pas sans baisser encore plus ses gardes, pas sans s’exposer aux dangers de l’exposition de son don. Elle courrait à sa perte Perséphone, mais pourquoi était ce dans ces moments précis qu’elle se sentait le plus libre ?

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@"Frey Perséphone"
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Pourquoi restait-elle ? Pourquoi s’obstinait-elle ? Il était de toute évidence qu’il serait impossible pour la frêle jeune femme de déplacer le corps inerte et robuste de Rhaedyn. Ses maigres tentatives pour se défendre n’avaient d’ailleurs aucun sens. S’il avait encore la force de respirer ce n’était que parce que le destin avait jugé que ce n’était pas son heure. Mais Rhaedyn restait en vie sans trop savoir comment. La seule force qu’il pouvait avoir se concentrait sur sa respiration, espérant que son cœur tienne le coup jusqu’à ce qu’on puisse lui donner l’aide nécessaire à sa réelle survie. Le voilà en compagnie d’une enfant, au don certes exceptionnel, mais qui manquerait de vitalité pour le maintenir en forme. Si elle venait à le soigner avec de la magie, il est certain qu’elle n’y survivrait pas. Et si elle devait déplacer son corps robuste, elle réaliserait que trop vite à quel point la tâche est impossible. C’était bien sa veine.

N’existait-il pas meilleure destinée que celle qui était la sienne ? Allait-il mourir devant les efforts vains de cette enfant ? Dans sa perte de sens il aurait été incapable de définir l’âge de la jeune femme. Il pouvait lui donner 6 ans comme 20. Il n’arrivait de toute façon plus à percevoir ce qui l’entourait. Même les vaines tentatives douloureuses de la jeune femme le laissait de marbre. Son corps souffrait tellement qu’il ne ressentait plus rien. Il n’était qu’une plaie béante ankylosé. La nature est bien faite, l’endorphine sécrétée dans l’espoir de lui faire supporter l’affliction de cette mort certaine lui font tourner la tête. Il perçoit vaguement ses paroles, quelques menaces risibles. L’homme n’est même pas capable de respirer avec régularité. Sa tête s’alourdit et sa vision, bien que déjà trouble, s’assombrit. Il n’entend qu’un bourdonnement sourd au creux de ses oreilles. Il s’évanouit, le devine avant de la vivre. Qu’elle le laisse mourir ici, qu’espérait-elle pouvoir faire de plus de toute façon ? Il était clair que Rhaedyn n’avait pas conscience de son don, ou de ce pouvoir qu’elle avait. Il se savait condamner de toute façon, et finalement cette mort n’était pas plus douloureuse qu’une autre … Il expire bruyamment son dernier souffle … avec pour seule pensée, le visage de Taeron.

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@Rhaedyn Lesriel
blessures, mort

Candide d’une grande ingénuisité allant jusqu’à la crédulibité. Perséphone avait bien trop d’empathie pour ce bas monde, elle que l’on poursuivait dans l’espoir de pouvoir s’accaparer ce don si précieux que certains avaient l’ignorance de comparer à un elixir de vie. Si seulement. Une vie pour une autre, il n’y avait sur cette terre rien qui n’eut su être sans prix. Crédule mais pas ignorante, sa naïveté résidant dans cette vision bien trop optimiste qu’elle possédait vis à vis de vulgaires inconnus. Surestimer ses capacités n’était guère coutumier chez la jeune femme et penser qu’elle pouvait soigner cet homme n’aurait pas été seulement naïf mais bel et bien arrogant. Mais elle se plaisait à penser que c’était en initiant les plus petites actions que l'on amorçait de grands changements. Que le minimum n’était jamais méprisable et qu’elle vivrait toujours bien mieux en ayant essayé de sauver une personne dans le besoin qu’avec cette culpabilité d’avoir fermer les yeux sur le malheur d’autrui.

Elle remerciait le soleil de n’être que si peu présent au dessus de Zaun, lui offrant une protection non négligeable lorsqu’il s’agissait de se maintenir à l’abris des regards. Parfois seul l’ombre d’un arbre suffisait à représenter un abris sûr, le temps d’une poignée d’heures. Et c’était tout ce dont elle avait besoin, du moins pour l’instant.

Désolé ça ne va pas être agréable ni pour toi ni pour moi mais je suis obligé de nous mettre à l’abris. soufflait-elle alors qu’elle changeait de tactiques, reposant délicatement le buste du jeune homme au sol avant de ne s’emparer de ses jambes. Elle était contrainte à le traîner, du mieux que son corps frêle ne le lui permettait, dans ce paysage orangé parsemé de feuilles parfois rouge, parfois jaune, parfois orange et que trop rarement verte. Une distance qui ne leur aurait pris qu’une poignée de minutes, lui en prenait quarante cinq. A bout de souffle, s’arrêtant pour reprendre sa respiration, vérifier qu’il soit encore envie et parfois s’abaissant rapidement, se mêlant aux feuilles et au sang avec cette impression constante qu’à n’importe quel moment ils se feraient repérer.

On y est. à l’abris de ces trois grand chênes, imposant et d’une beauté qui, si elle n’était pas d’hors et déjà à bout de souffle, le lui aurait coupé. Le relâchant délicatement, elle se laissait tomber sur un tas de feuilles, des perles de sueurs roulant sur ses joues rougis par l’effort. Elle ne savait pas par où commencer.  Je suis désolé mais je vais devoir déchirer certaines parties de tes vêtements La jeune infirmière avait besoin d’examiner ses plaies abdominales, son visage bien qu’horriblement meurtris ne serait malheureusement pas sa priorité. Perséphone n’était pas assez expérimenté pour pouvoir soigner l’intégralité de ses blessures, elle ne pouvait qu’espérer soigner les plus graves d’entre elles. Retirant méticuleusement ses gants en laine puis ses bandages libérant ainsi son caducée, elle s’emparait hâtivement de son sac duquel elle sortait sa trousse de soin. Il n’y avait pas de temps à perdre, si il avait réussis à tenir jusque là rien ne lui assurait qu’il tiendrait encore longtemps.

In the blink of an eye, just a whisper of smoke. You could lose everything the truth is you never know.

De ses ciseaux chirurgicaux, la jeune femme venait couper le t-shirt de son nouveau patient en une ligne droite, dévoilant l’atrocité de ses blessures. Combien de temps avait-il été livré à lui même pour que certaines de ses plaies aient atteintes un tel niveau  de putréfaction ? Elle l’examinait méthodiquement, analysant les blessures qui ne représentaient guère un risque pour sa vie et celles qu’elle devrait absolument soigner. Les chairs infectés devaient être retiré et les plaies nettoyés meticuleusement mais ce qui l’inquiétait bien plus c’était les dégats non visible à l’oeil nu. Cyanose généralisée, son corps parsemés de tâches d’un bleu nuit lui rappelant étrangement les nuits étoilées qui recouvraient Zaun. Disparaissant au toucher avant de ne réapparaitre une fois ses doigts fins relachant la pression exercée, ces tâches n’avaient pour Perséphone rien d’une bonne augure. Respiration sifflante, poitrine se soulevant faiblement et de manière irrégulière, la jeune femme serrait les dents, décontenancé par la gravité des traumatismes qu’avait subis ce corps. Perforation du poumon droit. Comment peux-tu encore être en vie ?

Le destin n’est pas une question de chance mais une question de choix. La paume de sa main se posant chaudement sur le torse de cet homme, elle laissait ses paupières se fermer doucement, sa respiration ralentissant alors qu’elle se coupait du monde, oubliant tout ce qui l’entourait pour ne faire plus qu’un avec son patient. Perséphone avait fait son choix depuis bien longtemps. Celui de la vie.

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@"Frey Perséphone"
blessures, mort
L’inconscient l’engloutit et s’il pensait y trouver un endroit sombre et sans vie, c'est à la naissance de Taeron qu’il se retrouve. Il se souvient encore de l’angoisse qui l’avait saisie et de la panique qui avait tétanisé son corps. Pourtant, au premier cri de son premier-né, et malgré sa jeunesse, il avait senti une chaleur diffuse réchauffer sa poitrine. Ce froid incessant, constant de piques, s’était dissout pour laisser toute la place à Taeron. Son fils, son nouveau-né, ce bébé si frêle et si fort à la fois … Arraché trop vite des bras de sa mère, il retrouve ceux réconfortant de son père. Personne qui ne pourra jamais égaler la perfection d’une mère, mais suffisante pour lui apporter amour et protection.

La seconde qui suit la transporte à son premier anniversaire, richement couvert de cadeau, le petit garçon trônait sur sa chaise haute, regardant les gens de cette expression toujours aussi innocente. Il a les yeux de sa mère. Un constat qui lui rappelle sans cesse l’ignominie de son geste. Lui manque-t-il ? Il en était certain. Chercherait-elle à le revoir ? Elle avait promis de ne jamais s’y tenter. Rhaedyn observait son fils et savait qu’il avait fait le meilleur choix, et qu’importe qu’il soufflera bientôt ses 19 ans, il serait l’homme sur lequel son fils pourrait se reposer. Il craint l’avenir pour être honnête, mais désir lui offrir un monde dans lequel il pourra grandir et s’endurcir … échec d’un père qui s’est perdu entre l’amour d’un fils et celui d’un père.

Il sent de l’air brûler ses poumons, aimerait retrouver son souffle mais se perd dans les affres d’une douleur qu’il, si elle ne l’emporte pas aujourd’hui, ne voudrait plus jamais connaître. Dans sa brume de demi-conscience, il voit les efforts faits par cette jeune fille. Le sol lui fait davantage mal, et précipite même sa mort certaine, mais les feuilles sont son alliées, facilitent sa prise … Mais l’homme est lourd, et ses blessures bien trop graves. Il faudrait un miracle pour qu’elle puisse le tirer d'affaires sans y laisser sa propre vie. La zone est clairement peu propice à un acte médical, et assure encore moins leur sécurité. Il sombre à nouveau, se perd dans les gouffres de l’évanouissement. Tout disparaît à nouveau, toute sa réalité tout du moins, et le visage de son fils apparait. Un visage tendu sous l’effort de cet apprentissage de l’épée. Une lubie qu’il possède depuis ses 13 ans après avoir regardé un film chevaleresque.

Tout parait si simple, bien qu’hors de portée, Rhaedyn revoit ses souvenirs comme une récompense, annonce d’une fin imminente. il savoure la quiétude de ses instants car il sait que bientôt ils disparaitront. trop vite, trop tôt. Il grimace, baisse son regard sur son corps ensanglanté. tout se brouille autour de lui, et la réalité le submerge. Il reprends son souffle si brusquement, à l’image d’un nouveau-né, qu’il sent sa poitrine se crisper d’une douleur nouvelle. Le soulegament de pouvoir retrouver un souffle régulier anime les traits de son visage mais n’apaise en rien les douleurs du reste de son corps. fièvreux, il tourne le regard vers la jeune femme à ses côtés et gémit avec le peu de force qu’il retrouvait “ Que fais-tu …?” arrête, ca va te tuer … a-t-il envie de dire, mais voilà sa vision qui se brouille à nouveau, et malgré ses efforts de concentration sur ce minois fatigué par l’effort, il s’évanouit à nouveau.

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@Rhaedyn Lesriel
blessures, mort

Toute une vie structurée autour de la prise de décision, de la plus simple à la plus complexe. Perséphone estimait qu’aucune décision ne pouvait être qualifiée de simple mais son jugement était des plus subjectif, intégralement basé sur son expérience personnel et dénué d’éléments comparatifs. Toute sa vie, la jeune femme n’avait eu d’autres choix que de choisir entre la survie et la liberté, entre se lamenter et avancer, lâcher prise ou s’accrocher fermement à cette lueur d’espoir qui n’avait jamais eu de cesse de scintiller sous ses yeux. Elle en était persuadé, son existence sur ses terres n’était pas vaine de sens, il lui suffisait d’observer l’intérieur des paumes de ses mains pour comprendre que la misère n’était qu’une étape nécessaire vers l’avenir qui l’attendait. Elle se refuser à considérer son don comme une malédiction et ce malgré tout les malheurs que celui-ci avait apporté à sa famille. A défaut de pouvoir s’en débarrasser, Perséphone s’était promise d’en faire une force.

Le temps est très lent pour ceux qui attendent, très rapide pour ceux qui ont peur, très long pour ceux qui se lamentent, très court pour ceux qui festoient. Mais, pour ceux qui aiment, le temps est éternité. William Shakespeare.

Elle avait décidé d’aimer la vie telle qu’elle était et non pour ce qu’elle pourrait être, avec ses bons et ses mauvais côtés. Ses mains appuyés sur le torse nu de l’inconnu, elle se concentrait pleinement sur sa respiration, se laissant guider par ce petit souffle de vie qu’elle arrivait encore à percevoir. Elle s’y raccrochait fermement, créant une image, une réminiscence de tout ce qui la rendait heureuse qu’il pu s’agir d’émotions, de sensations, d’odeurs ou de sons. Elle se laissait porter, autorisait son coeur à se gonfler de ce bonheur illusoire. De sa paume, l’énergie s’évadait pour mieux s’immiscer au sein de la cage thoracique du jeune homme. Elle l'inondait de son don, ne cherchant guère à limiter celui-ci, sujette à ce don qui lentement prenait le dessus sur sa conscience. L'insouciante semblait percevoir un retour à la normale de sa respiration, des paroles sur lesquelles elle était incapable de se concentrer et une sensation de légèreté venant l'habiter. Elle savait pertinemment ce que cela laissait présager, avait conscience qu'il lui faudra rapidement lâcher prise si elle voulait être capable de pouvoir récupérer, se remettre de ses efforts. Mais la jeune Frey n'avait de cesse de repousser les limites de son don, de son corps et de son esprit. Avare, elle désirait toujours plus, obstinée et persuadée qu'elle en serait un jour capable. Un gémissement quittait la barrière de ses lèvres alors qu'elle serrait les dents, son visage crispé sous l'effort. Elle ne souhaitait qu'une chose: que son pronostic vital ne soit plus engagé. Perséphone s'occuperait du reste après, une fois qu'ils auraient récupérés, aussi bien lui qu'elle. Poitrine qui se soulève, air qui s'engouffre, doigts qui se replient contre sa paume, elle a tout juste le temps d'entrouvrir les yeux que sa vision se voile pour faire cette fois-ci place à l'inconscience.  je reviendrai promesse faiblement soufflée alors qu'elle se laissait tomber aux côtés de l'inconnu.

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@"Frey Perséphone"
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On ne réalise pas toujours l’importance des rencontres. Ces inconnus qui façonnent votre vie de la façon la plus inattendue qui soit. Le temps a cessé de couler, comme si les grains du sablier étaient retenus prisonniers du verre. Le temps se fane, disparaît, pour ne laisser place qu’à une langueur délicate. presque douce, salvatrice, libératrice de ses maux que l’on porte depuis trop longtemps. Rhaedyn était persuadé que la mort venait pour le cueillir et que sa fin serait signée. Il regrettait juste que les siens n’en soient jamais informés. Qu’il ne devienne qu’un corps de plus engloutit par le fold. Un inconnu que personne ne pleurera. Un homme qui a tourné le dos aux siens pour les protéger. Un homme qui s’est promis de ne plus jamais contacter les personnes qu’il aime le plus, afin de préserver ce maigre pouvoir qu’il a de les protéger. Les images de son fils s’abat sur lui avec une douleur lancinante au cœur. Taeron … je t’aime mon fils, tu es et resteras ma priorité dans ce monde comblé d’horreur. Une larme coule le long de sa joue alors que sa bouche hoquette d’un spasme. Ses paupières encore closes et le souffle erratique, Rhaedyn revient doucement à lui. La mort le fuit, elle aussi, elle préfère sa solitude à cette compagnie déplaisante. Il sent sa poitrine le brûler, ses joues glacées et ses pieds engourdis de picotement désagréable. Une douleur lancinante et vive traverse son visage alors qu’il ouvre un œil. Malgré une vision qui peine à s'ajuster, il peut percevoir ce même visage inconnu penché vers lui, les traits toujours crispé d’efforts. S’il en avait été capable il aurait trouvé ses traits plus tirés, sa peau d’une pâleur inquiétante et ses lèvres d’un beige effacé. Il ne perçoit que la chute de son corps lourd, une promesse soufflée qu’il peine à entendre et ses yeux qui se ferment après l’intense obstination dont elle a fait preuve pour le garder en vie … Elle se fan à son tour, emportée dans les méandres d’un esprit fiévreux. Ce n’est qu’après ce qu’il semble être une éternité qu’il reprend conscience de ce qui lui est arrivé. Ce combat perdu d’avance, cette maigre victoire qu’il a su arracher et son corps en lambeaux qui s’efforce de lutter. il est en vie et le seul miracle qu’il perçoit est évanouis à ses côtés. Prenant le temps de retrouver ses esprits, Rhaedyn se penche vers elle pour s'assurer qu’elle respire toujours, peu certain d’être en mesure de lui rendre les soins salvateurs qu’elle a su lui prodiguer. Elle déglutit doucement et c’est le signe qu’il saisit pour la prendre contre lui.

***

La nuit tombe déjà quand il entre dans la pièce en boitant, respirant difficilement mais suffisamment pour lui apporter du bouillon, un morceau de pain et de l’eau. Ce n’est pas grand chose mais c’est la seule qu’il a dans ses placards et qu’il est capable de lui offrir. Elle ne semble avoir ni fièvre, ni douleur particulière, si ce n’est cette immense fatigue qui accable son petit corps. Après avoir posé le plateau sur la table de chevet et remonté la couette sur ses épaules, l’homme se laisse tomber dans son fauteuil en grimaçant. Il s’enfonce et s’assoit comme il peut pour ne pas raviver les douleurs que lui cause ses côtes. Il revient de loin et il se sait bien chanceux de pouvoir encore marcher. Le trajet du retour a été laborieux, et bien qu’elle soit menu, elle lui a paru plus lourd qu’il ne pouvait le supporter. Il l’a allongé dans son lit et lui a posé un gant sur le front pour parer à toute fièvre montante. Il s’est hissé dans sa baignoire pour prendre un bain et laver ses plaies avant d’en sortir, les lèvres violettes. Il est épuisé. ses paupières lourdes bataillent pour ne pas se fermer alors qu’il surveille l’état de la jeune femme. Il la devine guérisseuse mais au vu de son état il ne serait pas étonné d’avoir épuisé sa magie pour quelques jours durant … Elle lui avait sauvé la vie et il lui en était plus que reconnaissant. Elle paraissait si jeune … plus jeune que Taeron encore si cela lui était possible. Elle a les traits fins mais marqué d’une fatigue que seule la misère peut imprimer. Elle n’en semblable pourtant pas moins robuste … Ses frêles épaules portent beaucoup de choses, il le devine, mais l’air serein qu’elle affiche en dormant lui donne encore l’espoir qu’elle gère du mieux qu’elle peut son quotidien. Il se sent coupable d’être venu le perturber, elle s’en serait bien passée de toute évidence. Un soupire lourd s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’il s’autorise à fermer les yeux quelques secondes. Bien qu’il lutte avec intérêt, la fatigue l’emporte et voilà sa tête roulant doucement sur son épaule alors que sa poitrine se soulève avec plus d’intensité. Quelques minutes de sommeil lui feront le plus grand bien … La pluie se met à cogner contre la fenêtre et le tumulte de la rue en contrebas disparaît pour laisser place à une musique différente. La pluie les font disparaître et les protège pour leur offrir quelques heures de répits et un repos mérité.