Le visage baigné de larmes, la moue boudeuse, reniflant difficilement tant les émotions étaient importantes - trop pour ce petit bout qui était émotif. La peur de ses rêves, le rejet, un tout qui lui faisait beaucoup de mal, beaucoup de tort. Elle ne savait comment réagir face à tout cela. La petite fille était aidé comme elle pouvait par sa famille. Ses rêves étaient souvent bien trop présent, ne sachant comment tous les gérer. Elle s'était enfuie de chez elle, fatiguée, ses rêves essayant de la réconforter comme elle pouvait mais le méchant rêve avait pris beaucoup trop de place dans sa petite tête, sous ses yeux avant de disparaître. Elle n'avait su gérer le tout. Elle marchait depuis longtemps sur ses petites pattes. Elle finit par s'asseoir dans un coin, enroulant ses bras autour de son corps. Pixy voulait juste dormir et oublier tout ça. Mais son cauchemar, encore trop vivace l'en empêchait, la maintenant un peu plus éveillée que jamais. "Je veux dormir..." murmura-t-elle de sa petite voix cassée, épuisée de sommeil, fatiguée de ses pleurs.

Du bruit lui fit relever la tête, assise sur son petit trottoir au milieu des fleurs, posant le regard sur un petit garçon. De son âge ou plus jeune. Elle ne savait pas. Pixy fronça doucement des yeux pour le discerner un peu mieux. "Qui..." souffla la petite bien trop épuisée pour former des phrases cohérentes, des phrases entières. Le visage du garçon lui semblait reposant mais elle était méfiante. Pour une raison obscure • le cauchemar. Elle rebaissa la tête, comme se doutant qu'il passerait son chemin comme tout le monde le faisait depuis le début, ses petites bouclettes retombant sur son visage en cascade.

Le monde était bien grand pour ce gamin de huit ans tout au plus – surtout pour un gamin qui avait si peu vu l’extérieur de ses propres yeux. Dangereux ; c’était fou comme ce mot lui apparaissait inadéquat, maintenant qu’il avait mis un pied dans ce monde. Tout lui apparaissait fascinant, plutôt. Les yeux brillants, la bouche grande ouverte, Qio fut content d’avoir échappé aux filets de sa mère le temps de quelques heures. Peu importe les conséquences quand ses parents lui remettront la main dessus. La ville était animée à cette heure de la journée, et si bien que personne ne remarquera la présence d'un enfant seul dans les rues du quartier. Ainsi, le sourire aux lèvres, les yeux curieux, le jeune garçon erra entre ketterdam et midrias de longues minutes. Qiorah serait probablement incapable de retrouver son chemin après cette aventure, mais sur le moment cela lui importa peu. Ce ne fut qu'après une approfondie découverte des ruelles qu'il s'éloigna enfin de la foule. Dans sa périphérie plus dégagée, le petit garçon fut attiré par une présence – un chagrin. Une petite fille assise dans un coin qui attira sa curiosité, ses sens. Si bien qu'il fut incapable de continuer sa route sans s'approcher. S'il put croiser ses yeux un instant, elle rebaissa bien vite le regard – faisant naître inconsciemment une inquiétude certaine chez Qiorah. Doucement, le garçon s'approcha avant de s'accroupir à la petite fille. « Tout va bien ? Tu n’es pas avec ta maman ou ton papa ? » demanda-t-il calmement en gardant un sourire rassurant sur son visage. On (sa famille) avait toujours dit à Qiorah qu'il avait un côté apaisant depuis bébé, qu'un simple regard sur lui suffisait à calmer les esprits. Il espèrait que cela fonctionnerait sur la jeune fille, car il sentait sa peur et son chagrin sans même la toucher. « Je m’appelle Qiorah, j’ai huit ans. Et toi ? ». Il se rendit compte que c'est la première fois qu'il parlait réellement à une personne proche de son âge. Et qu'il se présentait à quelqu'un d'autre que ses professeurs ou les amis très proches de ses parents.

Si elle avait pensé qu'il passerait son chemin, elle s'était trompée. Elle voyait encore ses chaussures dans son champs de vision avant d'entendre sa voix. Douce. Beaucoup plus que son cauchemar. Même si ce n'était pas difficile, elle y trouva un certain réconfort qui la fit relever la tête pour répondre à sa question. Toujours regarder les personnes qui nous parlaient, la politesse avant tout. C'était ce que ses parents lui avaient enseigné. "Non, je suis toute seule ici...je suis partie de la maison." Ce n'était pas forcément la meilleure décision qu'elle avait pris mais elle avait pu rencontrer ce jeune garçon. Peut-être que ça valait le coup. Elle leva ses doigts, en dévoilant neuf. "J'ai neuf ans." Elle était plus vieille d'un an et cette information la fit sourire. "Et je m'appelle Pixy, Pixy Mori." Son regard brilla d'une fierté d'appartenir à sa famille, si heureuse d'être là avec eux. Pixy n'avait aucun souvenir de sa famille biologique. Et elle ne voulait pas particulièrement en savoir. Pour elle, les Mori étaient sa véritable famille, son véritable chez elle.
"Et toi? Que fais tu tout seul ici?" Elle lui tapota la place à côté d'elle comme pour l'inviter dans sa petite expédition impromptue. La jeune fille se frotta les yeux, baillant légèrement. Oui, elle était fatiguée et elle avait encore plus l'impression de l'être davantage. "J'ai fait un cauchemar." Petite enfant qi parle beaucoup, elle n'avait pas de soucis à s'ouvrir aux autres. "Il était effrayant et très sombre...c'est pour ça que je suis partie...je veux dormir mais j'ai peur..." Elle grimaça rien qu'en repensant à celui-ci. Pixy secoua la tête comme pour l'enlever de son esprit. Elle posa sa tête sur ses mains pour regarder Qiorah. La plus vieille l'observa, se rendant compte qu'elle ne l'avait jamais vu ni même croisé. Il n'était pas dans son quartier, c'était quelque chose de certain. Avait elle fui si loin sans s'en rendre compte une nouvelle fois? C'était sûrement ça.

C’était peut-être une question osée, sachant que lui-même était seul dans les rues de la ville. Mais lui, cette solitude avait des airs de liberté – enfin, respirer l’air frais autant qu’il lui plaisait, marcher des minutes et des minutes encore. Tout ce que papa et maman ne lui autorisaient pas en temps normal, pour le protéger. À la maison, Qiorah était protégé et dehors, il était vulnérable – mais il se sentait plus heureux en cet instant de liberté qu’enfermé à la maison. Même s’il était bien conscient que cela ne durait pas tout sa vie, il faudrait bien rentrer à la maison. Si lui était heureux d’être seul, il comprenait bien que la petite fille ne le vivait pas ainsi. Quand on n’a pas l’habitude, être tout seul ça fait peur alors Qiorah chercha à la rassurer. Se montrer calme, comme un grand garçon et rassurant comme sa grande sœur faisait avec lui. Si elle s’était perdue, le petit garçon aurait compris la panique mais si elle avait choisi elle-même de s’enfuir, c’était un peu plus confus. « Tu ne sais plus comment rentrer chez toi ? ». Qiorah ne connaissait pas bien les rues de Celestia – juste le chemin retour jusqu’à chez lui. Ce qui était déjà bien, au moins il parviendrait à rentrer tout seul et éviterait de se faire rouspéter. « Je voulais me promener, je n’ai pas souvent le droit… » expliqua-t-il à son tour en venant s’asseoir à côté de Pixy, sa nouvelle amie. Il espérait que sa présence près d’elle aiderait sa nouvelle amie. « Car dehors c’est dangereux ma maman a dit. » ; il ne comprenait toujours pas pourquoi, tout le monde refusait de lui expliquer. Cela ne faisait pas si peur finalement… Qiorah n’avait pas la moindre idée – encore – que la raison était plus compliquée que cela. Le monde était dangereux pour lui – car il avait une valeur non pas humaine, mais commerciale. Un fait qu’un enfant de son enfant n’avait pas à savoir ni à comprendre – mais qu’il apprendrait tout de même avec le temps. Quand Pixy annonça enfin la raison de sa fugue, Qiorah colla un peu plus son épaule à la sienne tout en fronçant les sourcils. Inconsciemment, une légère et délicate odeur de bonbons au miel commença à enrober les deux enfants. Son don, une aura, une odeur qu’il ne connaissait pas et était incapable de contrôler. « Oh non, il ne faut plus avoir peur ! Un cauchemar ce n’est pas la réalité Pixy ! » encouragea-t-il en la regardant avec des grands yeux ronds. Qiorah lui adressa un grand sourire également, essayant de l’aide à se rassurer. Le petit garçon attrapa la main de sa nouvelle amie dans la sienne, avant de la serrer légèrement. « Je suis là maintenant, je vais te protéger tu peux dormir sans avoir peur ! ». Qiorah n’est pas capable d’empêcher Pixy de faire des cauchemars mais il pouvait essayer de lui tenir compagnie pour qu’elle évite d’en faire. Il aurait été plus intelligent d’aider la petite fille à rentrer chez elle, mais elle semblait si fatiguée qu’il préféra la laisser dormir à ses côtés.

Innocence enfantine aux regards intrigués vers ce petit inconnu. La méfiance s'était envolée si facilement qu'elle lui répondait comme si c'était tout à fait normal. Et pourtant, elle entendait toujours ses parents lui dire qu'elle ne devait absolument pas parler aux étrangers. En aucun cas elle respectait les conseils de sa famille. Mais il ne semblait pas dangereux, lui. La jeune fille secoua la tête à sa question, négatif. "Non, je sais ou c'est. En partie d'ici je vais tout droit puis à droite, puis à gauche." Dit elle en s'arrêtant, se rendant compte qu'elle ne devait pas tout lui dire. Du moins, elle se souvenait de ce conseil : ne jamais dire ou tu vis. Si elle ne comprenait pas cet ordre, elle le respectait plus ou moins. Elle fronça des sourcils. "Pourquoi n'as tu pas le droit de te promener?" Pixy détesterait être enfermer dans un lieu sans pouvoir sortir. Gamine au coeur aventurier, elle ne pourrait pas rester dans une maison tous les jours sans prendre un bol d'air frais. Jamais. Alors pour elle, ce qu'il lui racontait, cela ressemblait à un véritable cauchemar. "Dangereux?" L'innocence dans sa voix montrait qu'elle ne comprenait pas ce qui pouvait être dangereux. Pour elle, le monde était juste coloré et vibrant. "Il n'y a rien de dangereux regarde!" Elle lui montra devant eux comme si cela résumait tout le monde entier. Elle lui sourit comme si elle venait de résoudre tous les problèmes de sa vie.
Pixy lui annonça ce qui n'allait pas. Ce vilain cauchemar qui ne lui avait pas plu, qui revenait souvent pour l'embêter. Mais au contact de Qiorah, sans réellement en faire le lien, elle se sentit un peu plus apaisée. La sensation lui fit froncer son petit nez, cherchant à comprendre avant de sourire aux paroles si adorable de son nouvel meilleur ami - elle l'avait déjà décidé. Elle secoua néanmoins vivement la tête. "Non il semblait très réel. Et papa a paniqué quand j'ai fait mon cauchemar." Parce qu'elle l'avait tout simplement ramené dans la réalité. Mais ça, elle ne le comprenait pas encore totalement. Penchant la tête sur le côté, elle lui présenta son petit doigt. "C'est une promesse...Qio?" souffla t elle en utilisant déjà un surnom. "Alors moi...je te ferais découvrir tous mes lieux préférés !" Cela ferait un bon procédé d'échange entre les deux jeunes enfants. Puis il lui avait dit ne pas beaucoup sortir. Elle posa tête contre l'épaule de Qiorah. "Mais si je fais un cauchemar...on fait comment?" La simple idée la fit frissonner, refusant de renouveler l'expérience. Mais elle était fatiguée et Qiorah était étrangement très apaisant.