(( outfit )) Cela fait combien de temps que tu n’as pas fait cela Naë ? Une éternité. Suffisamment pour s’étonner d’être invitée à l’anniversaire d’une personne qu’elle connait à peine. Pourtant, quand bien même l’information lui avait été transmise par le biais d’un simple SMS de son mécène, elle avait parfaitement compris qu’elle n’avait pas réellement le choix. Par ailleurs, ce dernier ne comportait aucun point d’interrogation, il s’agissait donc littéralement d’un ordre. Un soupire s’était donc échappé de ses lèvres tandis qu’elle se rendait dans sa chambre. Sur son lit, était délicatement posé une robe neuve, encore étiquetée. Le consentement était donc devenu une pratique complètement dépassée ? Visiblement, tu n’avais pas le choix sur la tenue que tu devais porter … C’est quoi la prochaine étape, le choix de tes sous-vêtements ?

Mais il fallait bien avouer que finalement, cette histoire d’anniversaire, cela l’arrangeait. Elle savait pertinemment qu’une bonne partie du gratin de Celestia serait présent et c’était bon signe pour ses affaires. Au vu de l’âge de la birthday girl, elle imaginait une horde de vieilles prises par d’innombrables maux causés par la vieillesse. Arthrose, rétention d’eau et j’en passe. Des pathologies bien maigres face au potentiel de son don mais ces dames sont prêtes à payer cher pour une atténuation des douleurs immédiatement et la certitude d’échapper aux bas de contention pendant deux ou trois jours. Ecoutez, elle est healer, pas une fontaine de jouvence non plus. Alors quand bien même elle avait la certitude inébranlable qu’elle allait mourir d’ennuie là-bas, elle était bien déterminée à au moins remplir son carnet d’adresse. En vérité, elle était encore à mille lieux de savoir ce qu’elle allait se prendre dans la gueule.

En attendant, elle avait enfilé sa jolie robe noire et c’était rendu sur le lieu de la fête. Comme d’habitude, tout n’était qu’opulence. Tout était trop, littéralement trop. Mais elle n’en était plus étonnée. Chaque de ces soirées semblaient avoir pour but réel de montrer qui a la plus grosse, qui est le plus blindé et qui se présente comme celui ayant le plus de pouvoir. Elle ne se faisait pas trop d’illusion non plus. Elle était elle-même un de ces trophées destiné à démontrer l’étendu de la richesse de son mécène. Si cela n’était pas le cas, pourquoi lui avoir imposé une robe incroyable et l’ordre incontestable de se présenter à cette soirée ? Ils ont beau l’avoir élevée, elle ne fait pas partie de la famille. Elle ne porte même pas leur nom. Et peu importe ce qu’elle a pu croire auparavant, elle n’était en réalité qu’un être vivant possédant la même valeur qu’un objet précieux à leurs yeux. La fameuse carte du : j’ai adopté (enlevé à sa famille) un enfant avec un don et toi ? Un peu comme un bijou ou une grosse bagnole.

Mais elle avait gardé la face. Elle avait ravalé son amertume, salué quelques personnes, avait été présentée à d’autres et avait distribué ses plus beaux sourires. Parce que ce n’est pas en tirant la gueule que son planning de rendez-vous allait se remplir et que le temps passerait plus vite. Chaque chose en son temps Naëlah …

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(( outfit )) La motivation manque à l’appel mais il n’a pas d’autres choix que de se rendre à l’anniversaire d’une personne beaucoup trop âgée pour parvenir à souffler sur l’ensemble de ses bougies. Il espère que les boissons alcoolisées seront présentes pour combler l‘ennui presque inévitable. Désormais vêtue de sa tenue de soirée, le jeune homme observe son reflet. S’il aurait pu porter quelque chose de plus habillé, il se rassure en pensant que les grands-mères ont sûrement des problèmes de vue qui les empêcheront de voir le bas de son torse dévoilé par l’athlète. Soufflant en désespoir de cause, il se dirige vers les hauts quartiers de Célestia au dernier moment. Son appartement possède une valeur inestimable alors il n’est pas étonnant de trouver le lieu des festivités dans son voisinage, ce qui pourra lui permettre de s’échapper assez rapidement. De toute façon, la soirée ne pourra pas s’éterniser s’ils ne veulent pas voir certains noms sur la page des décès, dès le lendemain.

Saluant les personnes présentes, les sourires de courtoisie sont de mise. Sa mère doit déjà être arrivée mais il n’est pas question pour le jeune homme de la retrouver dans la foule. S’il ne ressent aucune aversion à son égard, Kaëden préfère échapper à sa série de questions ou de conseils pour préparer ses futures fiançailles. Il a besoin de tranquillité et de toute façon, il ne sait pas vraiment ce qu’il pourrait dire. Lui qui pensait accepter la nouvelle avec dignité, il commence à se poser des questions sur son avenir. La chance ne semble pas être de son côté et il ne trouve aucun moyen de changer la donne. Parfois, le Draigwen devrait s’armer de patience. Il décide finalement de rester en compagnie des chefs pacifieurs et de leurs conjointes. Il a toujours l’impression d’être un louveteau, perdu dans la meute, alors qu’il doit certainement connaître chaque nom présent dans l’assemblée. Si certains travaillent au conseil de la ville, d’autres ont eu l’occasion de s’arrêter au commissariat. On ne se doute pas du nombre d’excès cumulés par ces dits-gens bien. En tout cas, il s’étonne de ne pas entendre un seul commentaire sur les évènements de la fête nationale. Est-ce que personne n’a été en mesure de le remarquer sur cette place ? Non pas que le garçon devrait s’en plaindre mais... Il boit une gorgée supplémentaire, se rappelant que ces personnes n’auront pas fait le déplacement jusqu’à là-bas. Pourquoi se mélanger avec le bas peuple ? Même Kaëden est incapable de répondre à cette question alors qu’il a su se perdre dans les bras d’une femme, de l’autre côté. Une vague de nostalgie manque de l’envahir quand son regard finit par se poser sur une silhouette, excusez-le du terme, alléchante. Mais, les secondes avancent et créent une sensation étrange chez le pacifieur. Il a l’impression d’avoir un mirage quand un homme décide de faire un baise-main auprès de cette inconnue. Si c’est monnaie courante ici, cet acte n’est pas forcément respectable quand il est adressé aux mécènes healers. La marque de leur don manque de se retrouver bafoué par ces lèvres teintées de luxure. Tentant de cacher sa surprise et de contrôler ses pupilles qui pourraient trahir aussi sa colère, il sourit avec difficulté quand l’un des invités décide de les présenter. “ Kaëden, fils aîné des Draigwen. “ Qu’est-ce qu’elle fout ici ? Merde. Depuis quand elle est revenue ? Il ne peut pas lui offrir ce plaisir, d’être mal à l’aise en sa compagnie. Et pourtant, il ajoute de façon complètement stupide. Comme si les deux dernières lui ont permis d’oublier la femme avec laquelle il a passé un bon nombre de ses nuits. “ Je ne vous ai jamais vu par ici. Vous êtes nouvelle à Célestia ? “  

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(( outfit )) Elle s’ennuyait à mourir entre ces murs immaculés. Et pendant qu’elle échangeait ces mondanités habituelles et usantes avec les invités, elle avançait à chaque nouveau visage l’heure à laquelle elle souhaitait rentrer. Si on départ elle avait songé rentrer à minuit, elle en était arrivée à vingt-deux heures. De toute façon, mamie allait devoir aller coucher. Pas vraie mamie ?
Ses mots s’envolaient naturellement alors qu’elle écoutait à peine ses interlocuteurs ennuyants. Poussée par la curiosité, son regard fut attiré par chaque nouvelle silhouette qui entrait. Et puis …

Fuir. Loin. Par où sont les sorties de secours ? Où sont les panneaux lumineux ? Vu de l’extérieur, elle semblait parfaitement sereine et pourtant à l’intérieur, elle n’avait pas réellement le souvenir d’avoir connu pareil ouragan. Pourtant, elle en avait vu des choses. Que ce soit à Zaun, Ketterdam ou Celestia. Elle avait vu la mort plus d’une fois, l’avait frôlée parfois et l’avait même commandité. Pourtant, elle n’avait jamais été aussi paniquée à l’idée de voir quelqu’un. Qui pouvait être plus perturbant que la mort en elle-même ? Kaëden. Et bien que son statut de pacifieurs pourrait expliquer cette crainte au vu de ses actes, il ne s’agissait pas du tout de cela. Elle craignait l’homme en lui-même. Cela faisait combien de temps ? Deux ans ? Deux ans qu’elle s’était volatilisée, malgré elle, du jour au lendemain. Aucune explication, aucune note, pas plus de nouvelles, aucun indice, rien du tout. Comme si elle n’avait jamais existé. Un comportement qu’elle n’a jamais souhaité. Mais comme à chaque fois, on ne lui a pas laissé son mot à dire. Le pion avait été placé dans un nouveau foyer pour une nouvelle mission. Et peu importe le cœur déchiré dans sa poitrine. Comme la plupart de ses camarades gifted, elle ne comptait pas assez pour que ses sentiments soient pris en considération. Rectification, elle ne compte toujours et ne comptera jamais assez pour qu’ils le soient.
Pourtant, cela faisait combien de temps que tu avais fait ton grand retour à Celestia, Naëlah ? Plusieurs mois ? N’était-ce pas suffisant pour quelques explications ? Elle n’en avait aucune à donner. La vérité devait rester cachée. Ordre de ses supérieurs. Et puis au-delà de cela, la peur de ressentir cette vive douleur dans la poitrine à nouveau.

Celle-là même qu’il avait provoqué par sa simple présence. La même qui la poussait à chercher les portes de sorties. Celle qu’elle parvenait à dissimuler. Trop bien dissimuler. Parce qu’elle était à peu près sûre que si elle avait cessé d’afficher cet air sympathique, cet ami de son mécène ne serait jamais venu la voir. Elle avait l’impression d’être une biche coincée dans une ruelle par un chasseur. Et comme si elle n’était pas suffisamment perturbée comme cela, ce baise-main qu’elle n’a pas demandé. Cela devenait de plus en plus compliqué de rester de marbre avec la colère qui montait telle une éruption volcanique. Parce que après avoir côtoyé le plus méprisant et dégoûtant de tous, elle ne tolérait plus aucun contact physique avec des inconnus. Inconnus ou personnes en qui elle ne faisait pas confiance. Pas mal de personnes en soit. Et peu importe qu’ils soient accidentels ou innocents, la rage la saisissait automatiquement. Un mode de défense en réponses à des évènements passés auxquels elle ne veut plus repenser. Un mode de défense activé bien trop tardivement si vous voulez mon avis.

Certainement que si elle n’avait pas dissimulé ce torrent d’émotion, elle n’aurait pas fini pile devant celui qu’elle souhaitait éviter. Mais elle gardait la face. Par fierté et parce que ce n’est certainement pas l’endroit, ni le moment, de se laisser transporter par ses émotions.
Etait-il réellement nécessaire qu’il use de la salive inutilement en se présentant ? Elle n’était pas certaine. Si leur relation passée devait rester secrète, il n’était pas non plus honteusement secret d’admettre qu’elle l’avait déjà soigné. Mais peu importe … « Naëlah. » Un sourire faussement dessiné sur les lèvres alors qu’elle avait juste envie de disparaître.

Cela aurait très certainement pu s’arrêter là. Un échange d’identité pour ceux qui se connaissent déjà, enchanté, par où est la sortie ? Mais non. Alors qu’elle était très clairement dépassée par ce qu’il se passait et ce qu’elle ressentait, il fallait bien en rajouter une couche. Jamais vu ? Pardon ? On en était à ce point-là ? Pendant un instant, elle se demandait si il l’avait réellement oublié ou si ce n’était qu’une comédie. Et s’il le prétendait, était-ce réellement dans le but que rien ne soit découvert ou pour la blesser ouvertement ? Si la dernière option était la bonne, il avait visé dans le mile. « Non, pas vraiment. Je suis très prise ces derniers temps, c’est sûrement pour cette raison que nous n’avons jamais eu la chance de nous rencontrer. » Elle tâchait de rester cordiale alors qu’elle avait littéralement envie de hurler jusqu’à se briser les cordes vocales. Dans une volonté plus que discutable d’être drôle, leur connaissance commune s’élançait dans une blague signifiant que d’une certaine manière, connaître des healers est de bien mauvais augure. Cette soirée allait être longue, très longue …

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(( outfit )) Son regard braqué sur elle, il tente de contrôler ses émotions. Il ne faudrait pas grand-chose venant de sa part pour qu’il lâche prise devant tous ces êtes superficiels. Mais, il ne peut strictement rien faire, ni dire, comme le jour où la demoiselle a décidé de ne plus donner aucun signe de vie. Lui qui pensait être en mesure de choisir ses proches correctement, Naëlah avait été sa première grande trahison. Mais, elle représentait beaucoup plus pour lui, tristement. Fut un temps où elle était son rayon de soleil, cette fée qui lui permettait de mettre du baume au coeur ou de reprendre ses esprits quand ses pensées étaient trop sombres. A ce jour, il pourrait toujours la dessiner, la peindre mais le pacifieur n’utiliserait plus la même palette de couleurs. Pourtant, elle est une superbe source d’inspiration dans cette robe raffinée. Ça serait du gaspillage de jeter un seau de peinture noire sur la toile, pas vrai ? Devrait-il se vouloir de commettre un tel impair quand elle n’a pas hésité une seule seconde à faire pareil à l’égard de leur relation ? Bon sang, heureusement que le jeune homme n’a jamais voulu se montrer à ses côtés, il serait devenu la risée de Célestia si ce n’est de Vélaris.

Maintenant, Naëlah représente une menace, détentrice de ses secrets et d’un cœur loin d’être intact. Elle a clairement le dessus sur lui. Car contrairement à ce que son visage pourrait laisser penser, elle aura toujours cette emprise, cette supériorité numérique. Kaëden n’a jamais déménagé, n’a jamais bougé d’endroit. Comment aurait-il pu envisager la voir ici ce soir ? L’effet de surprise n’est pas le même et c’est pour cette raison qu’il décide de mener la conversation. La laisser parler et poser des questions pourrait le mettre encore plus en difficulté. Non, le pacifieur doit garder son sang-froid et rester droit dans ses bottes. Il se présente alors de façon anodine alors qu’un volcan menace de se déclencher. Il commet malgré tout ses premières erreurs comme rayer l’existence de la jeune femme de sa vie alors que bon nombre connaissait sa participation dans le rétablissement du garçon. Il a beau vouloir faire le fier, il en perd toute logique et toute raison. Qui sait... Il lui donne peut-être ce qu’elle attend : un spectacle ridicule orchestré par les conséquences d’une importance qu’il lui a tant donnée.

Le numéro vaut le détour quand il lâche un rire malgré lui. “ Vraiment ? Qu’est-ce qui vous prend autant de votre cher précieux temps ? Sans vouloir être indiscret. “ De qui se moque-t-elle cette diablesse ? Elle ne lui répondra pas dans tous les cas mais la compétition de ping-pong a le mérite d’être lancée. Qui a le premier point ? Certainement, leur interlocuteur qui commence à lancer deux-trois blagues sur les healers. Parler des dictons du coin toute une soirée ne risque pas de l’intéresser.  “ Il est vrai qu’on se porte beaucoup mieux sans les healers à notre côté. “ Faux quand on voit les capacités de sommeil du pacifieur. Mais là n’est pas la question. “ J’imagine qu’ils doivent penser pareil de nous. “ A force de subir les effets indésirables d’un soin réalisé pour autrui. Kaëden en a déjà entendu parler plus d’une fois. Attrapant finalement une flûte de champagne posée sur le plateau d’un serveur, l’alcool lui changera peut-être les idées mais c’est sans compter sur la nouvelle intervention de leur petit camarade. “ Vous étiez là le jour de la fête nationale ? Il est vrai que je ne devrais pas parler de ces choses à voix haute alors que nous sommes présents pour un anniversaire. Mais le jeune homme à nos côtés a rempli son rôle de pacifieur à la perfection. Ma petite fille a même mis une photo de lui sur son fond d’écran depuis qu’il lui a sauvé la vie. “ Chacun a sa version des faits...

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(( outfit )) La fuite était impossible. Trop de personne, s’éclipser soudainement pourrait paraître suspect. Et avant même de lui laisser l’occasion de trouver une échappatoire, elle se retrouvait devant lui. Une tempête de tout sentiment en tout genre prenait place dans sa poitrine. Quand à lui, il ne laissait rien paraître mais elle semblait avoir distinguer au fin fond de ses pupilles de la colère. Rectification au vu de son comportement, elle en était certaine …

Et si jusqu’alors, la peine était le sentiment premier dans son cœur, les choses basculaient doucement vers la colère. Elle ne saurait dire si c’est ce flot d’émotion qui la rendait légèrement irritable mais elle prenait légèrement mal ses propos, ou plutôt, le ricanement qui les avait précédés. A vrai dire, elle avait presque la sensation qu’il se foutait explicitement de sa gueule. Ajoutons à cela la sensation d’être une biche coincée par un chasseur et le fameux coup du : on ne se connait pas qui aurait pu être démonté par n’importe qui … « Pneumonie, cancer, blessures à longue cicatrisation … » Elle jetait un rapide et discret coup d’œil à sa jambe, complètement inconsciemment, avant de reprendre. « La liste est longue et malheureusement, tout le monde n’a pas la même santé de fer que vous. » Un ton complètement maitrisé pour ne rien trahir, un sourire aimable entièrement faux, un comportement superficiel et si peu sincère qu’elle n’aurait jamais imaginer devoir lui offrir.

C’est à se demander si leur compagnon n’avait pas senti la tension palpable pour s’élancer dans de telles plaisanteries. Pourtant, elle était certaine que non. Habitués aux faux-semblants, ils jouaient parfaitement leurs rôles. Pensez-vous qu’elle avait réellement envie de rire avec légèreté lorsqu’on insinue que sa présence est un mauvais présage ? Non, absolument pas. Elle n’avait certainement pas envie d’être ici alors si c’était pour en plus se sentir offensée, encore moins … Mais elle l’avait fait, malgré l’amertume sur sa langue et les mots remplis de colères qu’elle retenait. Alors elle se contentait de paraître agréable, polie, de sourire et de ne surtout rien laisser paraître. Surtout pas. Pas même quand la personne à qui vous avez offert votre cœur mentionne spécifiquement qu’il est vrai qu’il se porte mieux sans healer.
…
Ça fait un mal de chien, pas vrai Naëlah ? Tu t’attendais à quoi ? Des retrouvailles enflammées ou au moins chaleureuse ? Ou peut-être que tu t’imaginais que cette supposition stupide se réaliserai ? Celle à laquelle tu t’es accrochée comme une demeurée pendant tout ce temps où tu te cachais ? Celle où vous ne vous serez plus jamais revus afin de laisser au moins les miettes de ton cœur intacte ?
Parce que tu n’avais pas l’audace de venir te confronter par toi-même à sa colère. Parce que tu savais pertinemment qu’il te demanderait des explications que tu ne pouvais pas lui offrir et parce que tu voulais encore moins le laisser découvrir tout ce qui a suivi. T’en serais pas sortie indemne, tu le savais.
Regarde le terminer le travail maintenant.

Elle les laissait donc débattre sur le sujet des healers entre eux sans y prendre part, préférant davantage se saisir d’une coupe de champagne. Les plans avaient changé. Elle n’allait pas attendre d’être rentrée pour boire pour oublier. Et puis, elle allait au moins avoir besoin de ça pour survivre à cette soirée.

Lorsque la conversation déviait sur les évènements de la fête nationale, elle haussait légèrement les sourcils. « Oh vraiment ? » Elle lui accordait un bref regard, attendant une intervention qu’il semblait vouloir passer volontiers. « Eh bien, je n’ai pas eu la chance d’être secourue par Monsieur Draigwen. » Un reproche dissimulé concernant des faits dont il n’a même pas connaissance, c’est complètement gratuit non ? Certainement … « Du moins si on peut appeler cela une chance, ce qui est arrivé est tout de même effroyable.  Mais c’est important de savoir qu’il y a des gens sur qui on peut compter et que les pacifieurs donnent tout leur possible pour nous protéger. » Evidemment … Elle échangeait ni vu, ni connu, son verre vide contre un autre rempli sur le plateau du serveur repassant auprès d’elle. … Déjà avalé ? Oui. En vitesse grand V avec une discrétion sans précédent. Doucement sur l’alcool Naëlah, la soirée ne fait que commençait et son lot de surprise avec …

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(( outfit )) Kaëden est beaucoup trop égoïste pour la féliciter d’avoir sauvé des vies, au détriment de la sienne. Il est surpris de la voir dans cette soirée d’anniversaire en plus d’être en colère contre la jeune femme. Dans cet état, il est impossible de détecter un soupçon de mensonge dans le ton de sa voix. C’est pourtant dans ses habitudes de pacifieur. Il regarde le moindre signe corporel qui pourrait trahir le prévenu. Mais tout lui semble si limpide qu’il regrette de lui donner autant de crédit. Certes, il a beau faire son maximum pour contrôler ses émotions, à l’intérieur, il ne sait plus où donner de la tête. Il la confronte devant cette tierce personne, espérant comprendre pourquoi elle a décidé de le laisser tomber du jour au lendemain. Est-ce que ça vaut le coup de lui demander en privé ? Malheureusement non. Il serre les dents quand elle le soupçonne d’avoir une santé de fer. Elle se sert désormais de ses secrets pour l’attaquer indirectement ? Comment pourrait-il faire confiance aux gens maintenant ? Raconter ces problèmes n’est jamais simple. La vérité, c’est que Naëlah a décidé de donner un coup de main aux Draigwen pour mieux trahir sa famille ? Mais dans ce cas-là, elle aurait eu les moyens de le faire depuis bien longtemps. Est-ce pour ce motif qu’elle est revenue en ville ? Depuis combien de temps elle est dans les parages, à jouer à cache-cache avec lui sans même qu’il soit informé ? Toutes ces questions pour aucune réponse. Ils entrent dans un autre type de jeu dont il est à l’origine, en faisant mine de ne pas la connaître. Le pire, c’est que leur comparse ne se doute rien. Apparemment, ils sont tous les deux de parfaits acteurs. Néanmoins, Kaëden est convaincu que la récompense sera récupérée par la belle.

Sa fierté est malmenée en sa présence. Il affiche presque un sourire de gratitude à l’attention de cet homme qui cherche à vanter ses mérites. Pourquoi ? La healeuse a soigné des cancers. Ses actions de pacifieur ne valent rien à côté de son excellence. Et surtout, le jeune homme a conscience que la vérité est déformée par ses pairs. Ceux-ci préfèrent voir le bon côté des choses, voir les leurs être sauvés au détriment d’autres. S’ils devraient avoir honte, Kaëden a aussi conscience qu’il a suivi leurs consignes à la lettre. Il ne vaut pas mieux qu’eux. Pire, il fait mine de s’intéresser au bas peuple alors qu’il s’apprête à se marier avec une fille de la haute. Il suit les ordres de sa mère, les ordres de son chef comme un vulgaire toutou. La loyauté d’un chien est sa plus belle qualité comme son pire défaut. Lui qui aurait pu tant donner pour une simple healeuse, eux qui ne font pas partie du même monde malgré ce que l’on pourrait croire ce soir.

Il lève le menton vers elle après avoir retracé l’historique de son intervention à la fête nationale. Elle sait très bien ce qu’il peut penser à l’instant-même. Quoi que, de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Ce qu’il peut le perturber n’a plus d’intérêt aux yeux de la demoiselle. Kaëden n’est plus son patient maintenant. Et si quelqu’un avait secouru l’autre dans leur semblant d’histoire, il s’agit de Naëlah, une vraie héroïne. Elle avait été sa bouffée d’air frais quand il ne voyait plus le bout du tunnel. Il ne reste désormais plus que de la rancune et des conversations forcées. Un discours poli auquel il ne saurait répondre, observant la jeune femme se servir un nouveau verre. Il ne dit rien, constate que la healeuse a besoin de plusieurs remontants. Alors quoi ? Sa vision lui est aussi insupportable ? Dans un sens, c’est presque un soulagement. Malheureusement pour elle, son premier grand amour n’est pas au bout de ses surprises. “ C’est vrai. J’espère que votre fiancée ne sera pas trop inquiétée de vous voir sur le terrain. “ Ah merde. Il fixe Naëlah, le visage sombre. Impossible de regarder ailleurs après une telle révélation. “ D’ailleurs, la préparation du mariage avance bien ? “ Il aurait bien voulu lui annoncer, comme s’il lui devait quelque chose... Mais en y réfléchissant un minimum, c’est loin d’être le cas, pas vrai ? Alors, il répond avec un sourire, loin d’être sincère. “ Plutôt mais nous n’avons pas encore réussi à nous mettre d’accord sur les fleurs. La professionnelle nous a proposé un bouquet avec des hibicus mais c’est un peu dépassé d’après ce que j’ai pu entendre. “

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(( outfit )) Elle n’avait jamais rien senti d’aussi frustrant. L’idée d’être bloquée, coincée, dans une situation qu’elle n’avait jamais souhaité. Elle aurait préféré prendre ses jambes à son coup, lâchement. Parce que dans les pauvres éclairs de génie qu’elle avait pu avoir, elle avait envisagé cette hypothèse. D’une certaine manière, elle s’était préparée à la douleur que tout cela engendrerait. Visiblement, elle s’était mal mise en condition. Les pauvres restes de son cœur était piétiné avec force. Elle se sentait triste, coupable, énervée. Tout cela à la fois. Et parce que les choses n’ont visiblement pas changé, son estomac était littéralement retourné et elle n’était plus tout à fait sûr de ce qu’elle devait faire ou penser. Parce que peu importe les années qui se sont écoulés, ses sentiments sont restés intactes. Littéralement inchangé, nullement flétrie.
Alors même si elle laissait apparaître l’image de quelqu’un qui se porte bien, calme et détendue, elle ne se sentait littéralement pas en bonne posture. Elle ne savait plus vraiment comment réagir, que dire, ni même comment penser. Elle voulait seulement disparaître, là, maintenant, tout de suite. A quoi bon ? L’idée d’enchainer discrètement les verres lui avaient semblés une option non négligeable. Pourtant, rien ne changeait et rien ne changera. Une fois rentrée chez elle, une fois les faux-semblants et sourire hypocrites, elle s’effondrera sous le poids de ses sentiments. Et rien ne pourra éviter cela. Pas même cette hypothèse ridicule de se bourrer la gueule pour tenir bon. Si par miracle elle viendrait à s’endormir directement en rentrant, ivres de ces bulles affreusement couteuses, les coups lui seront assénés dès le réveil.

Mais elle n’était pas encore au bout de ses surprises, le coup de grâce arrivait. Alors qu’elle portait une fois de plus la flûte de champagne à ses lèvres afin d’oublier, elle manquait littéralement de s’étouffer avec le liquide en entendant le mot fiancée prononcé. Pardon ? Prise par une misérable toux causée par cette fausse route, elle perdait involontairement et quelques instants ses moyens. Dans un premier temps en tapant peut-être un peu brusquement la main se voulant sûrement réconfortant alors qu’elle s’apprêtait à prendre son bras sans sa permission, une nouvelle. Pourtant consciente de ce qu’elle avait fait, elle s’était contentée de reculer un peu, levant une nouvelle fois la main pour lui dire un peu difficilement : « Ça va, ça va passer. » pour le laisser reprendre le court de sa conversation. La toux, pas âme littéralement arrachée par cette révélation. Et dans un second temps lorsque son regard remplie de colère, de tristesse et de tellement d’autres choses, croisait un quart de seconde celui de Kaëden avant de se détourner. Elle essayait de se reprendre, difficilement, les yeux larmoyant par la toux mais pas seulement. Non. Elle n’y arriverait pas. Elle n’y arrivera plus. Il fallait qu’elle mette les voiles au plus vite. Le volcan entrait dangereusement en éruption et ce n’était clairement pas le moment, ni l’endroit pour le laisser exploser. Elle ne relevait même pas la mention de ses fleurs visiblement dépassées. La seule raison pour laquelle elle se trouvait encore là lorsqu’il les mentionnait était par hypocrite politesse. Elle aurait d’ailleurs certainement dû laisser un court silence dès lors qu’il eut terminé sa phrase mais il ne fallait pas trop lui en demander non plus. « Si vous voulez bien m’excuser. » Adressait-elle rapidement, un sourire complètement fictif dessiné sur les lèvres avant de partir sans leur laisser l’occasion de répliquer. 1-0 pour Kaëden ?  Et parce que de toute façon, tout est déjà fichu, elle avalait d’une traite sa coupe alors qu’elle se dirigeait vers la sortie. Enfin. C’est ce qu’elle pensait.
Mais l’univers avait visiblement décidé qu’elle serait son bouc émissaire du jour. Se pensant libérée, naïvement, elle distinguait du coin de l’œil la vieille dame qui soufflait ses fameuses bougies aujourd’hui : la bouche ouverte, visiblement à la recherche d’air et les mains posées autour de son cou.
Son corps fut plus rapide que sa pensée. Comprenant rapidement que la pauvre femme était entrain de s’étouffer (elle aussi, quelle ironie), elle se précipitait derrière elle. Ni une, ni deux, elle lui pratiquait alors la manœuvre de Heimlich supplément don de healer pour s’assurer que tout irait bien. Tout aussi rapidement, le morceau de nourriture préalablement coincé fut recraché et la vieille femme pu reprendre son souffle. « Est-ce que ça va ? » S’inquiétait alors la jeune femme, tout en continuant à utiliser ses pouvoirs pour l’aider à respirer. Ce n’est que lorsqu’elle en fut assurée, qu’elle cessait. Maintenant, elle allait pouvoir rentrer. Mais non, en fait non, toujours pas. Parce que le sort continue de s’acharner. Elle avait bien senti, cette soudaine bouffée de chaleur qui l’avait prise dès lors qu’elle avait commencé à utiliser ses soins. Mais elle avait mit cela sur le compte de l’alcool, pensant naïvement que cela irait. Mais dès lors qu’elle tournait les talons, prête à faire un premier pas, sa tête se mit à tourner. Le monde divaguait, littéralement, comme si cette soirée se passait sur un bateau. Le temps de reprendre ses esprits, elle s’appuyait quelques instants contre un mur. Quoi Naëlah, tu vais oublié que l’utilisation de ton don et la consommation d’alcool ne faisaient pas bon ménage ?

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(( outfit )) Un mariage forcé n’a rien de romantique et réveille beaucoup de frustration chez lui. Revoir son véritable premier amour après un tel événement le décontenance. Est-ce un signe du destin qui la pousse à revenir vers elle ? Impossible. Si le jeune homme cumule les souffrances, il ne fait pas non plus partie de ces gens masochistes. Il aurait tendance à être plutôt sadique en citant sa fleur préférée pour la briser un peu plus. Un retour à l’envoyeur, une vengeance plus ou moins subtile, et pourtant, toutes ces preuves peuvent déterminer facilement la culpabilité du garçon. Naëlah reste une personne importante pour lui. Si son amour semblait être sans limite, son mépris l’est tout autant. Est-ce qu’il la déteste réellement ? Pas vraiment. C’est plutôt lui qui regrette amèrement de lui donner tout ce crédit. Le pacifieur est frustré de savoir à quel point la demoiselle a été en mesure de I'ignorer. Il devrait la laisser partir au lieu de jouer au grand méchant loup. Naëlah Moranth n’a rien d’une femme innocente. Lui non plus.

C’est pour cette raison qu’il est capable de continuer dans son discours. Garder la tête haute pour voir la sienne se baisser. Pourtant, quand la jeune femme manque de s’étouffer, Kaëden se sent honteux. Mais cette gêne est bien maigre comparé au reste. Non pas qu’il la souhaite voir mourir. Il est juste ravi de l’avoir touché même s’il est convaincu que sa douleur avait été plus vive, quand elle s’est enfuie du jour au lendemain. Pourquoi devrait-il la respecter quand son adversaire a été incapable de s’expliquer ? Œil pour œil, dent pour dent. Il la regarde partir avec un sourire presque triomphant. Néanmoins, ce dernier finit par s’effacer peu à peu. Que vient-il de faire ? Est-ce qu’il a réellement tourné la page ? Bien sûr qu’il a clairement pu refaire sa vie depuis mais... Le pacifieur écoute à peine les dires de son partenaire de crimes, sans le savoir. Les mains dans ses poches, une hésitation se lit dans son regard quand ses jambes semblent bouger toutes seules. Est-ce qu’il devrait la rejoindre ? Non. Il ne peut pas faire naître des rumeurs, il ne peut pas non plus se comporter de cette façon dans un tel endroit.  Encore moins quand la vieille star du jour décide de souffler sur ses bougies d’anniversaire. Souffler ou cracher, il ne saurait dire car il n’est pas assez près pour le déterminer. Et il est hors de question d’utiliser ce pouvoir pour se moquer. Le jeu n’en veut clairement pas la chandelle s’il souhaite goûter une part de gâteau... A condition que son attention soit portée là-dessus et non pas sur la belle healeuse. Il en oublie la grand-mère en train de crever quand celle-ci devient certainement l’héroïne de la soirée. Malgré son nouveau statut de star, il parvient quand même à s’approcher d’elle facilement. C’est qu’il a évidemment remarqué son état. Les effets secondaires ne devraient pas être aussi forts, surtout que la demoiselle a déjà utilisé son don avec une durée plus longue... Il a du mal à comprendre pourquoi elle est à deux doigts de s’évanouir. Alors, quand Naëlah menace de tomber, il la rattrape en la tenant par le bras, son autre bras se trouvant désormais derrière ses épaules pour la soutenir. “ Depuis quand tu te sens aussi mal après avoir utilisé brièvement ton don ? “ Ce n’est pas de l’inquiétude. Juste une curiosité mal placée, bien entendu.  

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(( outfit )) Avoir les yeux braqués en sa direction n’était clairement pas ce qu’il lui fallait à ce moment-là. Si on lui avait demandé, elle aurait certainement commandé une amnésie bien dure ou encore la visite de la grande faucheuse. Cela pourrait sembler complètement exagéré mais cela lui semblait un bon compris en échange de cette douleur qu’elle ressentait dans sa poitrine. Si Kaëden avait jusqu’alors de faire vivre des tourbillons incroyables à son cœur, il avait visiblement la même force pour lui arracher. Pouvait-elle réellement lui en vouloir ? N’était-elle pas celle qui est partie ? Si, et pourtant … Il l’avait visiblement oubliée, était passé à autre chose là où elle semblait figée dans le passé. Comment avait-il pu ? Qui est cette fameuse fiancée ? Elle ne la connaissait pas et pourtant, elle lui vouait déjà une haine innommable. Peut-être était-elle quelqu’un de bien, certainement quelqu’un de mieux pour que Kaëden en vienne à l’épouser mais cela ne changerait probablement rien.

La vieille femme entourée, il était finalement temps de mettre les voiles. Du moins, c’est ainsi qu’elle voyait les choses. Ne serait-ce pas de l’acharnement si elle n’arrivait pas à s’éclipser rapidement ? Si. Et pourtant, rapidement, sa tête se mit à tourner. Une chaleur diffuse venait prendre possession de l’entièreté de son corps et c’est presque par chance qu’elle parvenait à s’adosser contre un mur. Avec ce qui lui tombait dessus depuis le début de la soirée, elle n’aurait certainement pas été étonnée de rater son coup et de s’effondrer. Une petite, microscopique, victoire ? Un peu de répit après cet acharnement du tout puissant ? Elle pensait visiblement trop vite.

A peine l’idée d’avancer lui avait de nouveau traversé l’esprit qu’elle sentait ses jambes réfléchir un court instant. A ce moment-là, elle avait complètement abandonné.  Elle avait commandé la grande faucheuse, avait le cœur brisé, qu’est-ce que de plus ou de moins des genoux éraflés ? Mais étonnement, elle n’atteignait pas le sol, subitement rattrapée dès les premiers instants. Qui ? Un pauvre invité qui s’intéresse subitement à l’état dans lequel se trouve la healeuse ? Non. Tout le monde en a rien à foutre de la pauvre healeuse, tous agglutinés autour de la star de la soirée l’empêchant probablement de respirer. Et alors qu’elle s’apprêtait à se questionner davantage, son odorat lui donnait immédiatement la réponse. Elle pourrait reconnaître ce parfum entre milles. Et puis si le moindre doute l’avait saisie, le son de cette voix lui confirmait.
Alors afin de garder les misérables restes tremblants de son cœur entier, elle ne levait même pas les yeux lorsqu’elle lui répondait, se contentant de garder ses yeux baissés et fixant le sol. « Une longue journée de travail. » C’était presque robotique et pas tout à fait vrai. De toute façon, qu’est-ce que cela pouvait lui faire ? Pourquoi s’intéresse-t-il soudainement à elle après tous ces tirs qu’il lui a envoyés ? « Et du champagne bu trop vite j’imagine. » Voilà la vérité. Elle avait enchaîné les verres avec une facilité déconcertante. L’expression ne disait-elle pas boire pour oublier ? En l’occurrence, elle n’avait rien oublié du tout et visiblement, ne l’aidait clairement pas à se faire oublier.
Se sentant de nouveau stable sur ses pieds et ne levant toujours pas les yeux vers lui, elle poursuivait. « Je vais rentrer, bonne soirée. » Sa voix n’avait pas plus de vie que les pas peu assurés qu’elle avait entrepris. Peut être que la faucheuse l’attend dans le uber ?

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(( outfit )) Sa boisson alcoolisée ne parvient pas à couvrir le parfum de vengeance qui l’anime. Si ses yeux s’attardent trop longtemps sur elle, il craint qu’un compliment occupe ses pensées. Et toutes les statues de dragon le savent : Naëlah Moranth est toujours aussi sublime. Alors, il essaye tant bien que mal d’occuper son esprit ailleurs mais chaque seconde où il détourne le regard devient un supplice. Il se rappelle ses nuits blanches où il pouvait se perdre dans sa beauté, de caresser sa belle chevelure noire de jais et les bisous qu’elle déposait sur son cou, à son réveil. Kaëden s’est souvent considéré chanceux d’avoir croisé la route d’une femme aussi patiente et merveilleuse. Elle, elle s’est efforcée de tenir éveillée pour savoir si ses soins fonctionnaient sur son sommeil. Lui ? Il faisait mine de s’endormir pour ne pas l’inquiéter plus. Parfois, il y arrivait car son cœur était comblé de bonheur. Malheureusement, tout s’est arrêté du jour au lendemain sans qu’il puisse s’en rendre compte. Il lui avait donné toute sa confiance, plus qu’à quiconque. Elle lui avait tout donné pour mieux lui arracher ?

La rancune est tenace et son regard décide de suivre le même traitement. Tant pis pour les souvenirs qui sont toujours aussi difficiles à avaler. L’amertume n’est rien, comparé à ce qu’il peut ressentir à son égard. Mais en réalité, il ne parvient juste pas à l’ignorer. C’est pourtant le meilleur comportement à adopter dans ce type de situations. Maintenant ? Il lui laisse encore toutes les clés, celles qui lui permettront de comprendre à quel point elle est toujours aussi importante pour lui. Au moins, demain, quand elle retrouvera toute sa lucidité. Qu’est-ce qu’il s’en veut d’être aussi faible face à elle … Voilà qu'il se retrouve à sa hauteur quand la demoiselle semble désorientée. Comme lui, qui sait. Après tout, Kaëden semble avoir gagné le premier round et il est sûrement le seul à avoir engagé le combat. La jeune femme ne s’est pas vraiment motivée à lui répondre pour le briser. Peut-être qu’elle a voulu agiter le drapeau blanc ou qu’elle regrette ? Ces options, le pacifieur ne semble pas les envisager, bousculé par le cumul de toutes ces émotions.

Rattrapant la demoiselle en détresse par le bras, il la juge directement pour masquer son inquiétude. Il continue de parler comme s’il la connait par cœur, alors que leur relation relève du passé voire même de la mascarade. Ses traits sévères font face à une healeuse qui détourne le regard. Logique à force de la provoquer. Ce n’est pas une bonne méthode pour savoir si tout va bien. Il tente de se reprendre et donc de se détendre quand son ancienne partenaire parle de longue journée de travail. Il l’a connu meilleure menteuse. Cette réplique lui brûle les lèvres avant qu’elle justifie sa perte d’équilibre par l’alcool. C’est peut-être plus logique mais dans tous les cas, Naëlah tient à se débrouiller seul. Il ne peut pas lui en vouloir. S’il se trouvait dans sa situation, il aurait fait pareil. Pourtant, quand la belle part vers la direction opposée, il finit par tourner la tête vers sa silhouette. Décontenancé, les paris sont lancés pour savoir combien de temps il va mettre pour regretter les mots qui suivent : “ C’est tout ? “ A quoi il s’attend ? A un résumé sur sa croisière en bateau ? Il n’aurait pas envie de l’entendre. “ C’est tout ce que tu as à me dire ? Bonne soirée ? “ Et il a beau dire et se comporter comme un mec hautain, le pauvre Draigwen est en demande... Il ne peut pas s’empêcher de vouloir des explications. Il aurait pu pourtant proposer simplement son aide, pour la mettre en confiance mais ce soir, être intelligent ne fait pas partie de son vocabulaire.

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