long time no see ☾


elle se délecte de voir le nombre de vues gonfler, comme un ballon qui ne voudrait jamais, jamais exploser. milieu de la nuit, téléphone porté à hauteur de visage, et une gamine descendant dans les rues de zaun pour quoi ? parce qu'elle a faim. et elle ne s'en cache pas, rym, ne se cache jamais de rien. — redwood road, c'est le coin où on trouve de tout. et quand je dis tout, c'est vraiment tout. explications nécessaires pour ces petit.e.s midriais.e.s et autres âmes de la haute ville qui ne connaissent pas ou peu les profondeurs chaotiques de zaun. elle lève la caméra pour montrer les étals autour d'elle, les rues escarpées, les silhouettes encapuchonnées. — on est jamais sûr de trouver ce qu'on veut d'une journée à une autre, et si ça se trouve, je suis venue ici pour rien, pour être franche. mais, vous me tenez compagnie ! commentaires qui défilent, entre injures, questions, et autres déclarations d'une communauté toujours plus hétérogène; elle ralentit le pas à hauteur du coin où elle trouve habituellement ce qu'elle cherche.

— ah, le voilà. je dois arrêter de vous parler, je vais avoir des problèmes si je filme. la camera retombe, visiblement tenue à bout de main quand elle s'approche d'un vendeur, semble user d'un langage codé pour commander un pack de cherry heart. quelques minutes de transaction à peine, que des cris semblent être entendus dans la rue. l'écran devient noir, puis, semble s'agiter, s'arrêter sur une créature humanoïde attaquant un vendeur, le laissant alors inanimé sur le sol. — merde. merde. merde ! rien de scénarisé : juste une gamine qui trébuche jusqu'à rejoindre une ruelle annexe, se dissimule derrière une benne pour s'y accroupir. — je sais pas ce que c'est que ce truc. mais il est clairement pas là pour faire son shopping nocturne. un nouveau fracas assourdissant lui fait fermer les yeux, se recroqueviller un peu plus devant la caméra. — je vais faire profil bas ici. espérer.. qu'il.. que ça ne vienne pas par là. peu importe ce que c'est. le nombre de vues sur le live explose. l'appât du danger. évidemment. pourtant, rym est bien moins joviale que lorsqu'elle est sans ses camarades habituels. majoritairement parce que cette fois, elle n'a pas de sablier du temps pour la sauver... elle n'a rien, pour la sauver.

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La journée avait été longue. A sonder les abords du Fold à une vitesse d'escargot avec ces chercheurs, traquant, guettant le moindre signe pouvant indiquer qu'une créature viendrait troubler le calme apparent du petit groupe. Mais non, rien. Rien n'était venu entraver le projet de ces scientifiques dont nous ignorions tout les witchers et moi, et pour le coup malgré mon côté pragmatique, j'en avais presque été déçu. Tout était pourtant le bienvenu pour m'enlever de la tête cette saloperie de goule qui nous avait échappé quarante-deux heures auparavant. J'étais tracassé, perturbé par ce travail mal fait qui réussissait à entraver mon équilibre mental. Comment une goule avait-t-elle pu nous échapper, sérieusement ? Une goule. Allongé sur un banc, ne cessant d'ouvrir et fermer mon briquet à clapet dans un tic incontrôlable, je ne savais dire depuis combien de temps je ressassais cette histoire, repoussant le moment où j'allais me décider à rentrer dormir. Tout juste calmé par le silence de la nuit et l'absence d'être vivant alentour dans ce square familier de Ketterdam, je finis par me sortir une cigarette, histoire de laisser mon briquet tranquille.
Puis, comme si mes mains ne pouvaient décidément pas rester au repos, j'attrapais mon téléphone et me connectais à momento. Non pas que je raffolais de ce genre de truc - il suffisait de regarder ma page pour ainsi dire... inexistante pour comprendre l'intérêt que j'y accordais - mais il fallait avouer que cela restait un bon moyen de se tenir informé de ce qu'il se passait autour de soi. Le regard vide, je fis défiler les contenus plus débiles les uns que les autres, plus affligé à chaque secondes passées, prêt à fermer l'application décidément aux antipodes de ce que j'étais. Puis d'un coup, mon doigt resta suspendu. Bloquant sur le compte de Rym où une petite icone indiquait "en live". Visage fermé, impassible, je cliquai. — redwood road, c'est le coin où on trouve de tout. et quand je dis tout, c'est vraiment tout. Je la regardai exposer sa vie, mettant de côté ce que pouvait m'inspirer son visage blafard dont les traits étaient sans nul doute possible accentués par la soif. Je ne comprendrai jamais les influenceurs. Mais ce qu'elle faisait elle et sa bande, ces vidéos bleak, ça me dépassait complètement. Au delà de ça, j'étais persuadé qu'ils n'étaient tous qu'une bande de jeunes stupides immatures - et suicidaires avec ça.
Pourtant je la regardai, ravivant des souvenirs lointains, presque enfouis, parce que c'était bien plus simple ainsi. Puis je me redressai, d'un seul coup, droit comme un piquet. — merde. merde. merde ! La goule. Ma goule ? Putain ! Sans réfléchir une seconde de plus, j'enfourchai ma moto et décampai. Elle avait dit redwood road, à peine à quelques minutes d'ici. J'accélèrai pourtant, l'adrénaline augmentant avec la vitesse. J'essayai de me concentrer, ignorant le sang qui tambourinait à mes tempes alors que j'imaginais Rym coincée avec le monstre. Ma moto ralentit alors que l'arcane venait à manquer. Je jurai, poussai la bécane dans ses retranchements. Finalement, je déboulai sur redwood road où j'abandonnai mon véhicule hors d'haleine. Regardant rapidement dans tous les sens, je me mis à courir, dévalant la ruelle presque déserte. Courus plus vite en entendant un cri strident.
Enfin je la vis: courbée sur ses avant-bras, la peau à vif relevée par l'odeur de décomposition, la goule déchiquetait le cadavre de ce qui a été un être humain quelques secondes plus tôt. Aussitôt mes griffes se manifestèrent et comme si elle les avait entendues, la créature se retourna vers moi dans un cri immonde, dévoilant sa bouche aux crocs acérés. Elle chargea en même temps que mes griffes se refermèrent sur elle, tranchant, découpant, tailladant dans ce qui se transforma rapidement en un bain de sang. Ses jappements témoignaient de sa souffrance et pourtant, elle avançait encore, se rapprochant inexorablement de moi. Dans un dernier geste cruel et froid trahissant ma maîtrise de l'exercice, je lui tranchai la gorge, mettant fin au carnage. Haletant, je cherchai Rym des yeux, la panique commençant à me gagner alors que je ne la voyais pas. — Rym ?

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le fracas assourdissant des pauvres âmes n'ayant pas su fuir dans les temps fait se recroqueviller un peu plus la silhouette. les notifications sur le téléphone affluent, réclamations en tout genre : ça manque de lumière, filme le monstre si t'as du cran, ou encore, t'es un vampire, t'as qu'à le mordre. dans l'immédiat, l'instinct de survie prend toutefois le pas sur l'inconscience, live qu'elle choisit de couper pour mieux ranger son téléphone au fond de sa poche. un cri fend la nuit. un homme vient de s'aventurer en courant dans la même rue qu'elle, rattrapé, hélas (( ou heureusement pour elle )) par la bête avant qu'il n'atteigne son niveau. l'odeur du sang humain afflue rapidement jusqu'à elle, déclenchant instantanément sa transformation. les iris se marbrent de rouge, les veines escaladent ses bras tout en se noircissant. non. l'impression que l'air se raréfie autour d'elle, que les sons deviennent sourds quand pourtant, elle croit percevoir des signes de combat derrière elle. le bataillon d'exploration rym respire plus fort, tente de contenir ses griffes, les veines qui apparaissent, disparaissent successivement tandis qu'elle cherche à réprimer la soif. danger.

c'est alors qu'elle reconnaît la voix qui l'appelle, et de ce fait, l'identité de celui venu réduire la créature à de vulgaires lambeaux de chair. elle plaindrait presque le service de nettoyage. si elle n'était pas occupée à se tenir littéralement en laisse. — Rym ? Azan. une part d'elle voudrait répondre. l'autre se recroqueville un peu plus dans son abri de fortune, à quelques mètres pourtant de l'endroit où il se trouve. l'avertissement ne vient pas de prime abord : tout ce qu'elle parvient à laisser échapper ressemble à un grognement, alors qu'elle ferme les yeux, souffle. — ne viens pas. c'est dangereux. une paume dressée devant elle pour le dissuader quand le visage s'enterre dans ses genoux, canines sorties en dépit de ses efforts. manque de contrôle.

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Mon coeur tambourinai dans ma poitrine quand les secondes défilaient, interminables, déchirant le silence de la nuit. Etais-je arrivé trop tard ? Cette pensée me noua la gorge alors que je l'écartai aussi vite qu'elle est venue, quand j'aperçus du mouvement dans la ruelle où la goule avait failli se jeter. Je m'approchai, sur le qui-vive, et retins un soupir de soulagement quand je reconnus la silhouette recroquevillée dans un coin. Les muscles inconsciemment toujours bandés, la tension ne redescendit pas pourtant, et je ne me l'expliquait que lorsque j'entendis un grognement menaçant s'échapper des lèvres de la jeune femme. — ne viens pas. c'est dangereux. Sa main se dressa devant elle dans une tentative bien fragile pour me protéger de ce qui semblait l'effrayer peut-être plus encore que la goule. Pour me protéger d'elle-même. Lentement, je laissai la main qui s'était inconsciemment dirigée vers elle retomber le long de mon corps pour m'immobiliser, serrant mes mâchoires. Tout en gardant le silence, je m'efforcai de me calmer, baissant mon rythme cardiaque tout comme la pression dans mes veines qui, à cet instant je le savais, résonnaient comme des alarmes dans l'esprit de Rym. — Rejoins-moi quand ça ira mieux dis-je, impassible. Je reculai sans pour autant lui tourner le dos, puis une fois dans la rue principale, m'attelai à rassembler les morceaux de la bête. Mes gestes étaient précis, méthodiques, ne prirent qu'une poignée de seconde en réalité. Regardant alentour, je finis par repérer ce dont j'avai besoin: une bouteille de whisky. Sans plus attendre j'arrosai le tas, et l'enflammai à l'aide de mon briquet. Les chairs s'embrasèrent rapidement, engloutissant ce qui restait d'un mauvais souvenir. Mon regard se posa sur les corps déchiquetés qui recevraient bientôt les pleurs des malheureux qui les reconnaîtront, mais surtout sur le sang répandu un peu partout. — Il faut partir d'ici dis-je, un poil tendu, mais assez fort pour qu'elle comprenne que je m'adressais à elle. Elle ne parviendrait pas à se calmer tant qu'elle serait entourée d'autant d'hémoglobine.

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elle ne peut que deviner, les sens en alerte, mais ceux de la prédatrice qui s'activent quand elle préfèrerait, à l'inverse, les contraindre au silence. odorat développé, elle peut percevoir jusqu'aux battements du cœur qui s'approche d'elle, reconnaît jusqu'à son odeur, celle là même qui devenait parfois trop entêtante il y a un peu plus d'un an. mais il s'arrête, azan. il l'écoute. — rejoins moi quand ça ira mieux mains crispées autour de ses genoux pour y contenir les tremblements, elle soupire, soulagée de le voir reculer, petite silhouette terrée dans l'ombre observant à la dérobée. et si ce geste apaise la soif, elle n'arrange pas le reste, pas cette atmosphère ensanglantée autour d'elle, presque un lac d'hémoglobine qui semble s'étendre sous ses yeux quand en réalité, à oeil humain, il ne s'agit que de traces laissées par les cadavres. et chaque fois qu'elle y pense, ça repart. réflexe que de venir mordre dans son propre bras pour tenter de réprimer les canines, les contraindre à repartir. juste un peu. laisse moi juste un peu de temps avec lui.

bientôt, c'est l'odeur de chair brûlée qui vient remplacer celle du sang, odeur plus forte, quoique n'estompant pas pleinement le reste. la douleur dans son bras s'évade. elle passe sa langue sur ses dents, de nouveau rentrées, devine les attributs vampiriques écartés. — il faut partir d'ici. elle se redresse. il a raison. elle sait parfaitement que dès lors que le feu se calmera, elle pourrait perdre de nouveau le contrôle. — je suppose qu'il n'y a pas de bouteille bleue avec un bouchon rouge, autour de toi. quand il se trouve dans cette rue où elle aurait du faire "ses achats", désormais désertée, la plupart des commerçants survivants ayant emporté leur marchandise et leurs étals. — je remonte à la surface. quitte les profondeurs étouffantes de zaun, sinuosité des cavités creusées pour agrandir le quartier, mais l'air trop rare, rendant les odeurs décuplées, et de ce fait dangereuses. sans attendre, elle s'éloigne, rym. remonte vivement les marches jusqu'à atteindre l'un des ascenseurs à l'arcane menant sur les toits de la ville, offrant une vue sur ketterdam et au loin, midrias et celestia qui se dessinent.

elle devine rapidement sa présence dans son dos. et une part d'elle en est soulagée. ainsi placée, le vent ne porte pas son parfum jusqu'à elle. alors, elle s'y autorise, se tourne dans sa direction pour mieux lui adresser un maigre sourire. — ça faisait longtemps, azan. elle cache la gêne derrière une expression neutre, penche la tête sur le côté avant de demander, curieuse : — comment tu savais que j'étais là ? encore gravé sous l'épiderme, dans la mémoire, la nuance d'inquiétude qu'elle a cru percevoir lorsqu'elle a entendu son prénom appelé, reconnu le ton étrangement familier de sa voix.

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Les flammes dansaient sous mes yeux, jonglant avec mes émotions. A la fois j'étais content, satisfait d'avoir enfin coincé cette saloperie qui m'avait tant pris la tête. Est-ce que j'en avais fait une affaire personnelle ? Clairement. Et à la fois je ne pouvais m'empêcher de penser à la situation cruelle dans laquelle se trouvait Rym, sa situation, ce fardeau qu'elle se traînait depuis plus d'un an maintenant, et qu'elle ne pourrait plus jamais effacer quand bien même elle l'aurait souhaité de toute son âme. J'étais mal à l'aise, je ne savais pas comment me comporter. Bien trop perturbé par les évènements qui me rappelaient ce passé qu'on avait en commun, ces mois où je l'avais cachée dans mon appartement quand elle ne pouvait maîtriser sa soif. Ce jour où elle était partie en ne laissant qu'un mot derrière elle.
Enfin j'entendis ses bruits de pas derrière moi, signe qu'elle était parvenue à se contrôler -du moins, en partie. Une bouteille bleue ? Soudain je compris, mais déjà elle filait, cherchant probablement un air moins saturé. Je regardai autour de moi, fouillai parmi les décombres de ce qui avait été l'étal d'un marchand nocturne. Illégal bien sûr. Illégal mais connu de tous. Puis je la repérai, petite fiole bleue au bouchon rouge -certainement la taille la plus petite. Mais ça ferait l'affaire. Je grimpai les marches à mon tour, débouchant sur les toits de Zaun où s'étalait une vue imprenable sur les beautés de Midrias et Celestia. On aurait dit un autre monde. — ça faisait longtemps, azan. Je tournais mon visage vers elle, et nos regards se croisèrent après ce qui me semblait être une éternité. Comme si nous nous étions connus dans une autre vie. — Oui. Elle semblait avoir repris une certaine contenance maintenant, bien qu'elle restait tendue, je le voyais. Sans un mot, je lui tendais la bouteille que j'avais ramassée. — ... je t'ai vue sur ton live dis-je après une brève hésitation. — Je pourchassais cette goule depuis un moment. Comme si cela pouvait tout expliquer.

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quelle étrangeté que de se revoir dans de telles circonstances, et pas dans le meilleur des états. pourtant il l'a déjà vue pire, azan, tellement pire. dès les premiers instants à avoir connu rym la vampire, et non plus romy, la fiancée, gamine effrayée, déroutée, assoiffée. c'est celle-là qu'elle se refuse à dévoiler de nouveau, masque de marbre, attitude paisible qu'elle vient dévoiler dans un sourire, quand il confirme avec cette même sobriété que dans ses souvenirs. — Oui. elle se souvient encore des longues soirées silencieuses, de celles où parfois, l'un ou l'autre lançait une conversation, souvent brève, mais profonde. jusqu'à ces limites dépassées, le danger pressenti, et cette décision que de laisser le foyer qu'il lui a offert avec une bienveillance jusqu'alors inconnue de lui. sa note avait été aussi sobre qu'il l'était, à simplement le remercier pour tout ce qu'il a fait, le libérer du fardeau imposé par leurs familles mutuelles, celles-là même qui les a rassemblés, puis séparés lorsqu'elle n'était plus en droit de porter ce nom qu'elle scande toutefois toujours avec arrogance, seul le prénom laissé aux oubliettes.

elle se veut curieuse, presque intrusive quand son regard se baisse sur la bouteille qu'il lui tend, les iris qui se teintent de rouge sitôt qu'elle en devine le contenu. griffes plantées dans les paumes de ses mains pour mieux se maintenir, la douleur la rappelle à l'ordre, et aussi vite, chasse le carmin de ses yeux, paume redevenue normale qu'elle tend vers lui pour récupérer le récipient d'un hochement de tête reconnaissant. — ... je t'ai vue sur ton live elle s'interrompt une seconde, penche la tête. — vraiment ? et malgré elle, elle sourit. — Je pourchassais cette goule depuis un moment. semble-t-il justifier, attisant ainsi le regard curieux de la môme. — et donc tu t'es dit que tu la trouverais peut-être dans un de mes lives ? le monstre et la vampire ? ça pourrait faire un bon titre de vidéo. elle taquine, cherche, se promène sur le toit tout en creusant innocemment de nouveau cette distance sécuritaire entre eux. — ça explique l'application à la réduire en petits morceaux, si tu la cherchais depuis un moment. carnage évident qu'elle avait su percevoir en dépit de la soif. elle ouvre la bouteille entre ses mains, maigre récipient, insuffisant pour pleinement la rassasier, mais assez pour la garder sous contrôle de sa soif. — tu y passes souvent ? sur mes vidéos. sincère curiosité, quand les questions pourraient être nombreuses. y allait il déjà avant qu'elle soit transformée ? est-ce qu'il le fait pour la juger, ou simplement savoir si elle va bien ? tant d'interrogations tenues sur le bout de la langue, celui-là même qui va chercher le contenu de la bouteille non sans détourner son visage, lui épargner la vue.

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C'était bizarre, tellement bizarre de me retrouver face à elle. Je ne pouvais ignorer à quel point elle m'étais familière d'un côté, et totalement étrangère de l'autre. Nous avions été fiancés, mais on ne se connaissait pas vraiment au final. Et paradoxalement, j'avais sans doute partagé une partie des plus intimes de sa vie. Sans avoir pu être à la hauteur, une fois de plus. Qu'est-ce que j'avais bien pu lui apporter ? Pas grand chose. Lui ouvrir mon appartement m'avait paru bien peu à côté de ce que j'avais fait. Une fois de plus alors qu'il s'agissait d'elle, je sentais la culpabilité m'envahir comme un raz de marée.. sans que je n'en dévoile le moindre signe.
Que pensait-elle du fait que je regardai ses lives ? J'en savais rien, je n'y réfléchissais pas tellement en réalité, persuadé que les gens ne se posaient pas ce genre de question à mon sujet. — et donc tu t'es dit que tu la trouverais peut-être dans un de mes lives ? le monstre et la vampire ? ça pourrait faire un bon titre de vidéo dit-elle, un brin taquine. Malgré moi, je laissais une espèce de grimace tirailler mes lèvres - peut-être se qui se rapprochait le plus d'un sourire chez moi. —Je.. j'étais là par hasard. Premier degré bonjour. Elle commenta le carnage que j'avais effectué un peu plus tôt avec une légèreté que je lui enviais. Si elle savait combien je me sentais plus monstre qu'elle dans ses moments là, elle qui s'efforçait d'acheter du sang pour ne pas se nourrir directement sur une être humain. — J'aime le travail bien fait. Ce qui n'était pas faux tellement j'étais maniaque et psychorigide pour certains trucs. — tu y passes souvent ? sur mes vidéos demanda-t-elle en se détournant, comme pour m'épargner son état. — Ça m'arrive. Je suis affligé par ce que vous faites avec tes potes dis-je en toute sincérité tout en m'adossant au mur derrière moi et en sortant une nouvelle cigarette. — Tu n'es pas obligée de te cacher tu sais ajoutai-je. Surtout qu'elle ne se cachait pas autant sur les réseaux, alors pourquoi agir ainsi avec moi ?

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elle se joue de ses réactions, une part d'elle conservant malgré elle cette espieglerie avec laquelle elle le traitait déjà bien avant que tout ne dégénère, que ça ne soit romy qu'on enterre, oubliée de la famille oesterwind. — Je.. j'étais là par hasard. elle laisse apparaître un sourire en coin, pointe d'amusement lisible dans les yeux à cette maigre défense qu'il lui sert. — donc... ton doigt a accidentellement glissé sur l'écran jusque mon live au bon moment. incroyable. elle joue avec les mots, et derrière l'apparente légèreté avec laquelle elle aborde la situation, une part d'elle est sincèrement ravie qu'il l'ai trouvée, et au passage... l'aie sauvée. avec dextérité, qui plus est, pas moyen que la bête se relève après le traitement infligé. — J'aime le travail bien fait. elle marque une courte pause, avant de répondre : — il vaut mieux ça que le bâcler et mettre le quartier en danger. quand bien même les habitants de zaun sont des coutumiers du risque, créatures émanant du fold trop souvent à son goût.

puis elle questionne, banalités balancées non sans orienter son corps de manière à ce qu'il ne la voie pas boire. — Ça m'arrive. Je suis affligé par ce que vous faites avec tes potes elle s'interrompt une seconde avec la bouteille à mi-chemin de ses lippes, laisse apparaître l'ébauche d'un sourire, et avec, les canines sorties. — en attendant, ce qu'on "fait avec mes potes" m'a fourni les réflexes de survie nécessaires aujourd'hui. courir, se cacher, faire le moins de bruit possible. — Tu n'es pas obligée de te cacher tu sais bien sûr, qu'elle sait. elle porte la bouteille à ses lèvres pour ne prendre qu'une gorgée, et c'est automatique, les nervures noires qui remontent le long de ses bras, les iris incandescents, griffes cachées derrière le récipient. — je sais. elle inspire, soulagée par l'odeur de la nicotine qui s'élève entre eux, et elle se risque à tourner les yeux dans sa direction. — mais je préfère éviter. c'est un peu comme être au régime, et manger une pomme en face d'un fast food. et c'est clairement pas le meilleur des moods. elle se rapproche du bord du bâtiment pour aller s'y asseoir, jambes pendant dans le vide, là où, plus bas, la vie commence à reprendre déjà son cours, les gens tristement coutumiers de ce genre d'évènement. — merci... pour m'avoir sauvé. et pour ça. relève la bouteille pour la désigner, déjà presque vide, les nervures noires qui s'estompent déjà le long de ses bras et de son visage, suffiront probablement pour un temps. — il est tard, tu dois être fatigué. et elle ponctue ses mots en levant les yeux vers le fold qui couvre les étoiles d'ici, obscurité constante à zaun, mais la nuit qui se dessine bien au loin vers celestia et midrias. vers chez eux.

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Je méditais silencieusement les mots qu'elle posait sur ce qu'il s'était passé précédemment et, sans nul doute avait-elle raison. En intervenant et en agissant de cette manière, j'avais probablement sauvé plusieurs vies, dont la sienne. Pourtant même si elle faisaient parties de moi, une part de moi continuait d'exécrer ces griffes. Comme si parfois, je me demandais pourquoi elles étaient là, qu'est-ce que ça pouvait bien faire de moi. Quand certains pouvaient guérir, moi je déchiquetais les chairs. Au fond ma soeur n'était pas très loin de la réalité lorsqu'elle m'appelait le monstre.
Elle me parlait de ses lives et immédiatement, mon esprit s'arrêta sur ces vidéos qu'elle tournait avec ses amis, ces situations dangereuses dans lesquelles ils arrivaient à se foutre juste pour le buzz. Pour se donner de l'adrénaline. Je ne les comprenais pas, je ne la comprenais pas. Ça avait toujours été d'ailleurs. Nous étions tellement différents. — en attendant, ce qu'on "fait avec mes potes" m'a fourni les réflexes de survie nécessaires aujourd'hui. J'expirai la fumée de mes poumons, alors qu'elle se détournait pour boire le contenu de la fiole. — J'ai du mal à comprendre que vous puissiez vous amuser du danger juste pour divertir les autres. Je la jugeais tellement insouciante à faire ce genre de choses. Soudain en la voyant presque se cacher - du moins c'est ce que je pensais - je croyais bon de lui dire qu'elle n'était pas obligée. Que ça ne me dérangeais pas. Que j'acceptais totalement qui elle était, en vrai. — je sais. Les nervures noires sur ses bras me fascinaient alors qu'inconsciemment je suivais leur trajet, remontant le long de son poignet, de son coude, puis son épaule... Vacillant intérieurement alors qu'elle m'embrasait de son regard sanglant. — mais je préfère éviter. c'est un peu comme être au régime, et manger une pomme en face d'un fast food. Je reprenais toute ma lucidité en entendant sa comparaison aussi crue. Un léger sourire frôlant mes lèvres. — Evitons que je finisse en craquage d'hamburger alors. Je la regardais s'asseoir les jambes dans le vide, lever les yeux vers le ciel lugubre de Zaun alors que je finissais ma clope, plus détendu que je l'avais été depuis un moment malgré le danger imminent qu'elle pouvait représenter. — merci... pour m'avoir sauvé. et pour ça dit-elle en levant la bouteille. C'était bien le minimum que je puisse faire après ce que je lui avais infligé. Mais les mots restaient coincés, refusaient de se frayer un chemin jusqu'à la sortie. Fatigué ? Pas vraiment. Je te ramène dis-je en écrasant mon mégot au sol, affirmation à laquelle je n'attendais pas de réponse. Puis je me redressais, la jaugeant du regard. Tu penses pouvoir grimper sur ma moto ? Avec moi à l'avant. Peut-être étais-ce encore trop prémédité.