Une scène familière. Air de Déjà Vu aux arrières goûts amers. Les mots sont coincés au fond de la gorge, ne semblant pas vouloir prendre vie sur les lèvres de la jeune femme. Vouloir, ou pouvoir ? La frontière entre ces distinctions, si fine, ne fait aucune différence dans le chaos de ses pensées. Elle le regarde fixement, lui, qu'elle a lâchement abandonné il y a des années. Et sous des apparences de calme absolu, Adora, elle panique. Bien comme il faut.

La journée ne semblait pas différente des autres pourtant ; À parcourir les allées reluisantes de l'office des Pacifieurs, se demandant à quel genre de mission elle serait affectée ; À jouer au détective, l'espace d'un instant, lorsque des brides de conversations réussissent à être volés au détour d'un couloir mais également ; À s'imaginer déjà loin du tumulte ambiant et de ses obligations. Mais l'imprévisible, fier de sa définition, ne s'annonce jamais après tout. Imprévisible ? Tu es sûr ? Car elle le sais au fond d'elle-même et le lis dans ses yeux, que cette rencontre à priori fortuite est tout sauf le fruit du hasard. Parce qu'ils sont collègues -et même si elle aurait préféré que l'échéance ne survienne pas si tôt- on n'échappe pas à l'inévitable.

Si leurs premières vraies retrouvailles avaient été explosives, et leurs paroles maladroites, aujourd'hui la situation est bien différente. Prise de cours, perturbée par l’affairement général, elle se contente de l'observer dans le plus grand des silences, le regard légèrement fuyant. Elle aimerait tant être ailleurs, oui, n'importe où sauf ici. Car elle sent sa culpabilité refaire surface avec fracas, et ça, elle n'est pas sûr de pouvoir le gérer dans ces conditions, et certainement pas au milieu de la foule. D’un signe de tête discret mais qu’elle espère toutefois assez compréhensible elle les guide un peu plus loin dans le bâtiment, à une distance raisonnable des oreilles indiscrètes ; Avec Adora, on apprécie écouter aux portes mais, pas lorsqu'il s'agit d'y être sujet.

Bras croisés, face à Kaëden, les souvenirs resurgissent avec violence et la honte, qui l’envahit lentement mais sûrement, l’empêche de trouver les paroles qui amorceraient avec tact cette pénible mais indispensable conversation. Mais elle ne peut pas reculer, et encore moins fuir à nouveau. Elle l’a trop fait ces dernières années. Et, Il mérite des explications. Alors Adora lève les yeux et inspire. “Je sais pas par où commencer” Une seconde d’hésitation, elle vacille. “J’ai.. vraiment merdé. Et pas seulement la dernière fois”. Non en effet, et elle le sait parfaitement, à quel point elle a agit de façon détestable après leur première mission ensemble. Mais ne pas faire face, c’était tellement plus simple à l’époque. Alors qu’est-ce qui est différent aujourd’hui ? Elle ne peut pas le dire mais c’est sûrement un pressentiment, en le revoyant à cet instant précis, qui lui aura insufflé le courage nécessaire pour rester. Elle ne s’attend à aucun pardon donné gratuitement ni à aucune discussion à cœurs grand ouverts mais, et quelle que soit la finalité, elle doit désormais se lancer dans le vide. “J’ai aucun droit de demander mais, est-ce que tu… Hm, comment tu vas”. Ce n’est pas vraiment une question, et elle veut laisser entendre à Kaëden qu’il n’y a pas qu’une façon de répondre à cette formule s’il le souhaite.

Son retour dans le quartier de Célestia remonte seulement à hier. Chargé d’une mission avec d’autres pacifieurs, le séjour à Ketterdam n’a pas été de tout repos pour le jeune homme. Il ne parvient même plus à dissimuler les cernes sous ses yeux. L’insomniaque a été sujet de sauts d’humeurs mais son professionnalisme lui a permis d’atteindre ses objectifs avec brio. Mais à quel prix ? Il est pressé de retrouver sa potion pour essayer de récupérer son énergie, rattraper tout son sommeil en retard. Malheureusement, le jeune homme a conscience que ce n’est jamais simple de dormir, quand il revient de cette zone de la région. Les années d’expérience ne cessent d’accroître cette crainte, devenant une mauvaise habitude. Il ne trouve aucune solution sur le long terme, juste des choses qui ruinent peut-être plus sa santé qu’autre chose. Si seulement, elle n’était pas partie. Si seulement il pouvait s’endurcir. Il pourrait trouver un bon nombre de facteurs responsables de ses longues nuits et de tout le reste mais est-ce que connaître les causes pourrait engendrer de nouvelles conséquences ? C’est bien trop tard pour lui.

En compagnie de ses collègues de travail, ils désignent le rédacteur du rapport par un jeu enfantin. Kaëden gagne le droit d’être de corvée et il ne peut pas s’empêcher de soupirer. Le grand Draigwen n’est pas un fainéant mais parfois, il se demande si les autres ne s’amusent pas à le piéger. En attendant, il sent un lourd regard posé sur lui. Il ne sait pas si sa réaction a été aperçue par un de ses supérieurs et c’est ce qui le motive à tourner la tête pour découvrir l’identité du stalker. Une surprise, légèrement fâcheuse, se dessine sous les traits d’un joli minois : Adora Kingst. Il ne saurait dire s’il n’a pas eu l’occasion de la croiser depuis tout ce temps ou si son radar à échecs lui a sauvé la mise mais le destin les réunit ce jour. Elle qui est une cause parmi les autres. Si la jeune femme avait été plus talentueuse, Kaëden n’aurait pas été alité tout ce temps. Il n’aurait peut-être pas subi autant de cauchemar. Et puis, de l’autre côté, grâce à son incompétence, le pacifieur avait pu quitter les terres de Ketterdam plus tôt que prévu. Serait-ce donc l’heure des remerciements ? Vu sa mâchoire serrée, d’autres mots sont plus susceptibles d’être utilisés. Mais pour le moment, la jeune femme l’invite d’un signe de tête à le suivre. Pourquoi ? Il garde sa surprise pour lui et s’excuse auprès des autres avant de la rejoindre à l’abri des regards discrets. Adora est la première à prendre la parole. Arquant un sourcil, il la jauge pas trop sèchement. Il comprend ce qu’elle veut faire mais il ne comprend pas pourquoi. “ C’est bien de le reconnaître. “ Pour le coup, Kaëden n’est pas coupable. Bien sûr, il aurait pu agir autrement mais elle avait semé le trouble dans sa vie, en premier. “ Tu parles de ma jambe ? “ Il mordille sa lèvre inférieure. De quoi d’autre pourrait-elle parler ? Cette question est devenue insupportable et cela ne s’arrange pas depuis l’aveu de son petit frère. “ Personne ne m’a déclaré inapte donc oui, elle va bien. “ Il ne lui retourne pas la question parce qu’on pourrait douter facilement de sa sincérité. Pourtant, de l’eau a coulé sous les ponts et il n’est plus aussi rancunier. Cependant, il ne veut pas lui accorder le pardon aussi facilement, surtout que le Draigwen a du mal à la comprendre. “ J’ai moi aussi une question à te poser. “ Il se laisse un temps de réflexion pour peser ses mots. “ Pourquoi maintenant ? Tu ne supportes plus les bruits qui courent sur toi quand je suis dans les parages ? “  

La réponse est mordante et fait l'effet d'une douche froide. Adora ne s'attendait pas à un échange chaleureux ; Si elle est la reine des gaffes à répétition, elle n'en est pas moins stupide. Malgré ça le choc est trop abrupte et elle reste, encore et toujours aux moments les plus inattendus, cette petite fille trop naïve. Il est plus facile de s'imaginer être pardonnée que d'être celui ayant été blessé -dans tous les sens du terme – Et si d'un point de vue théorique, Adora, elle avait secrètement révisé et imaginé ce scénario des centaines de fois, parfois jusqu'à la lisière du petit matin, elle n'avait jamais anticipé l'impact du réel. Rien de tout ça n'avait vraiment été concret jusqu'à aujourd'hui et les mots, qui lui manquait déjà auparavant, sont désormais plus inexistants que jamais. Elle regarde au sol, contemple sa bêtise, se demandant si en fin de compte, fuir et aggraver son cas ne serait pas une meilleure option. Les remords sont désagréables, laissant derrière eux une terrible démangeaison qu'elle ne peut calmer. Pourtant, lorsque Kaëden aborde le sujet sensible de sa jambe, elle se reprend. Non, ce n'est pas ce qu'elle voulait entendre par là. Même si elle ressent un grand soulagement à la connaissance de cette nouvelle et au fait qu'il ai pu reprendre du service.

Ce qu'elle espérait, c'est savoir comment il allait, psychologiquement. Mais en y repensant, comment aurait-il pu lui déballer une telle chose là comme ça, alors qu'ils se connaissent si mal. Adora se sent stupide mais ça, elle ne l'a pas volé. L'habitude d'être une déception aux yeux des autres lui est plus que familière et si avec le temps elle a su y faire face (à l'aide de moyens plus ou moins discutables), avec Kaëden elle n'arrive pas à encaisser. Pas parce que leur relation était forte ou spéciale à l'époque, mais parce qu'il attendait d'elle une chose simple qu'elle aurait du être entièrement capable d'accomplir, au contraire des attentes insensées de ses parents. Et peut-être qu'au détriment des soins qu'elle n'a su lui apporter, rester à ses côtés aurait été suffisant. Mais la réalisation arrive trop tard et on ne refait pas le passé. Adora affronte donc les paroles qui suivent et qui n'ont rien perdu de leur rancœur. "J’ai moi aussi une question à te poser." Elle le regarde avec attention cette fois, et attend, le souffle court.

Et la question fait mal.

Mais au contraire des fois précédentes, cette dernière suscite une myriade de réponses que la jeune femme se contient de donner en bloc. Elle fronce les sourcils, ne hausse pas la voix mais ressent le besoin d'être clair à ce sujet.
"Je sais bien ce qu'on dit sur moi ici et, ça m'est égal. Ce n'est pas faux après tout." Les bras le long du corps elle sert les poings, pour se donner du courage, pour ne pas flancher, parce que la douleur est un bon moyen de rester ancrée, et continue avec un rire moqueur qu'elle étouffe tout aussi tôt "Je n'ai même pas une bonne opinion de moi-même alors les rumeurs ne sont pas la raison." Et c'est vrai. Elle ne fait pas ça pour étouffer les accusations ou pour se donner bonne conscience. C'est quelque chose d'autre. Une sensation, une intuition lorsque leurs regards se sont croisés plus tôt. Mais en même temps, elle ne saurait expliquer avec rationalité pourquoi ce timing. "Tu semblais préoccupé. À cause des autres. pensée qui reste silencieuse. Et c'est une expression que je n'ai jamais pu oublier." Elle n'a inconsciemment jamais cessé d'être soucieuse de lui, et des gens à qui elle a du assistance au fil des missions, c'est dans sa nature de Healer sans doute ; Et même si ces mots ne sous entendaient rien de plus que de l'inquiétude, une fois prononcés ils sonnent bien trop ambiguës à sont goût. Adora tente d'étouffer son embarras d'une manière qu'elle espère nonchalante "Et, hum, juste, je te devais des excuses depuis bien longtemps."

Une seule expérience fâcheuse l’empêche désormais de se confier à ses proches. Quel autre comportement pourrait-il adopter en présence d’une inconnue ? Il n’a pas l’intention de s’étendre longtemps sur le sujet mais pourtant, il lui offre une ouverture. Sa jambe ne souffre plus depuis qu’il est revenu à Célestia, à quelques mois près. Toutefois, ses séquelles psychologiques sont vives et continuent de s’empirer au fil des jours. Une part de lui l’incite à évoquer ce sujet mais Kaëden ne veut pas exprimer à voix haute sa lâcheté, ni ses plus grandes faiblesses. Le temps ne semble pas être un remède. Le pacifieur se demande si la demoiselle a rencontré des difficultés pour poursuivre son travail en tant qu’healeuse, à la suite de l’accident. Il a beau être curieux, son éducation l’interdit de poser la question alors qu’il se montre plutôt impoli avec elle. S’excuser n’est jamais simple mais voici qu’il la pointe du doigt et l’accuse d’être mal intentionné. C’est plus simple de se comporter ainsi. Il ne veut pas la ménager même s’il ressent comme une vague de chaleur autour de son cœur. C’est agréable d’entendre quelqu’un reconnaître ses fautes. C’est un exercice périlleux et il apprécie l’effort.

Il l’envie un instant. La demoiselle se moque des opinions et des bruits qui courent à ce sujet ? Sincères félicitations. A son humble avis, l’image est beaucoup trop importante. Conserver une bonne réputation est nécessaire pour évoluer dans ce milieu. Kaëden serre les dents, décontenancé parce qu’il entend. Préoccupé lui ? L’aîné Draigwen ? Est-ce qu’elle s’imagine des choses ? Il se retient de toussoter, signe d’une gêne trop évidente. Il utilise le mensonge comme sa meilleure défense. “ J’ai un dossier à instruire. Je ne suis pas très bon pour la paperasse. “ Le jeune homme ne sait pas à quel moment elle fait référence. C’est sûrement le point le plus contraignant. Il détourne le regard quand la soigneuse tente de cacher son embarras. Il se sent observé et donc il cède. “ Elles sont acceptées. Tes excuses. “ Si ça peut la soulager... Lui, il n’est pas certain que ça l’aide à avancer. “ Tu devrais apprendre à avoir une bonne opinion de toi. Les autres ne trouveront rien à redire. Et... Je suis sûr que tu t’es entraînée depuis. “ Quel compliment ou encouragement... Qui l’eut crû.   

Si elle était tout à fait honnête, avec Kaëden mais aussi avec elle-même, la jeune femme reviendrais sur certain de ses propos. Non pas qu'elle ai menti; mais cela reviendrais alors à se lancer dans de longues et pénibles explications -pour certaines ayant laissé derrière elles des écorchures difficilement cicatrisables- sur le fait que cette apparente confiance et rejet des qu'en dira-t-on n'est en réalité qu'une belle vitrine au verre opaque, au dos de laquelle se cache un terrifiant sentiment d'impuissance. Adora, partagée entre les titres de légitime héritière et pièce rapportée d'une énième influente famille de mages en recherche d'un trophée, n'a pas eu le choix que de faire face aux exigences. Son don et ce maudit sang de Kingst, ce sont eux qui l'oblige à se donner l'air forte et à l'épreuve des balles. Alors plutôt que de dire que ce qu'on rapporte sur elle l'atteint et d'avouer que les messes basses ébranlent chaque fois plus sa confiance, elle édulcore ; Et le fait si bien.

A son grand étonnement, une porte, qu'elle pensait impossible à ouvrir, laisse filtrer des paroles étonnantes. Pas de reproches, ni de mots aux coins incisifs qui auraient pourtant toute leur légitimité. Adora, qui comme d'habitude se préparait à une forme de rejet, se retrouve soudainement en terrain inconnu. Voilà qu'il lui parle d'un dossier à instruire, raison de sa préoccupation présumée par la Healeuse elle-même quelques minutes plus tôt. Un semblant de conversation normale après ses mauvais comportements et un pardon vite acquis lui semblent presque trop beaux. Et pourtant, rien ne semble prouver que cela est une farce. Mais lorsque les doutes font indéfectiblement partis de l'être, impossible de ne pas imaginer que le jeune homme tente seulement d'expédier cet échange à sa fin. Kaëden évite son regard, elle ne le blâme pas et n'en aurais aucunement le droit quoi qu'il arrive. Elle non plus, ne sait pas où regarder. Puis viennent les dernières paroles, celles qu'elle n'aurait jamais imaginé entendre venant de lui. Essayer d'avoir une meilleure opinion d'elle-même... Ha. C'est plus fort qu'elle, elle ne peut s'empêcher de tourner son visage vers lui, les yeux écarquillés.
''…''

Peut-être qu'Adora, par habitude malsaine, s'attend toujours au pire, à la déception et au mieux, à l'indifférence. Impossible qu'il s'agisse du Kaëden froid et arrogant que les gens aiment à peindre. Celui-là, il n'aurait pas prit le temps de lui adresser ces mots. Elle réfléchi à comment le remercier, parce que c'est de rigueur non ? Sauf qu'un merci semble bien dérisoire face à l'absurdité des circonstances. Au final, c'est tout autre chose qui sort de sa bouche, des sentiments un peu plus honnêtes cette fois. ''Honnêtement, j'ai actuellement beaucoup plus d'estime pour toi que je n'en aurais jamais pour moi-même. Je me suis enfuie, je t'ai laissé tombé et tu.. Tu me pardonnes comme ça..''. Elle prend une pause, hésite ; Un merci semble encore plus que jamais bien peu en échange de ce qu'elle a reçu. ''Je vais essayer ?'' Pas un sourire, mais presque, voilà qu'elle recommence à ne pas croire en elle. Mais on ne se refait pas si vite. Quand à son entraînement, eh bien elle ne serait pas là aujourd'hui si elle ne pouvait pas secourir un de ses coéquipiers, c'est du moins ce qu'elle se répète chaque matin. ''Disons que les autres pacifieurs ne redoutent plus que je sois la healeuse attitrée du groupe quand on est déployés sur le terrain''. Minimiser et tourner en dérision les progrès qu'elle a fait depuis, classique Adora. Et peut-être qu'ainsi le jeune homme qui lui fait face n'aura pas l'impression d'avoir perdu grand chose.

Elle a fait le premier pas vers lui pour s'excuser, en public. Les circonstances le déconcertent, ce qui pourrait avoir un effet plus ou moins néfaste sur leur relation de confiance. Et puis, il se rappelle que celui-ci a été brisé quelques années plus tôt. Elle n'a plus rien à perdre, lui non plus. Kaëden décide alors de se comporter comme un adulte pour la première fois depuis longtemps. Il ne sait pourtant pas s'il se sent soulagé de lui avoir pardonné. Faire preuve de bravoure pourrait peut-être l'aider à avancer mais il a encore un long travail devant lui. En dehors de cette paperasse administrative. Les yeux du pacifieur finissent par se poser sur la healeuse, cherchant à comprendre pourquoi elle pourrait donc l'estimer. Pourquoi ? Parce qu'il fait semblant d'être au-dessus de ses blessures ? Parce qu'il fait semblant d'être indifférent au monde qui l'entoure ? Pourtant, derrière cet uniforme, on peut facilement trouver un homme complètement perdu dans ses émotions. Mais la rancune n'en fait pas partie ou plutôt, elle ne doit plus en faire partie. S'il ose envisager de la bonne fois dans le comportement d'Adora, il ne pourra jamais effacer ce souvenir de sa vie. Celui-ci a eu un impact beaucoup trop marquant. Alors, s'il ne compte plus la regarder de travers, Kaëden a aussi conscience que rien ne sera jamais comme avant. Et c'est peut-être la meilleure option au fond. Ca évitera des blessures supplémentaires à de nouveaux pacifieurs. Vraiment ? Il aurait pu faire la blague s'il avait la tête à s'afficher en public. " C'est juste que je ne peux pas t'en vouloir éternellement... Mais si tu y tiens tant, je peux changer d'avis. " Il pince un sourire moqueur. Elle ne devrait pas trop le caresser dans le sens du poil, au risque de le braquer. Il ne veut pas de son estime. Il désire simplement la tranquillité. Avec ce pardon accordé, la jeune femme cessera de le regarder et d'avoir une emprise sur son esprit. Est-ce finalement un choix égoïste ? Une pensée lui traverse la tête mais il ne trouve pas la bonne formulation pour s'exprimer. " Tu sais... Les choses se compliquent en ce moment. Je crois qu'on va devoir faire plus qu'essayer. " Et ils ont tous intérêt à se faire confiance sur le terrain ou ailleurs. " A tous les coups, on va devoir prendre de plus en plus de risques. Alors tu as intérêt d'être prête. Car je ne suis pas certain de pouvoir te pardonner à chaque fois. Enfin si on est amené à travailler de nouveau ensemble. "