"Shut up !" cria Gold de toutes ses forces , alors qu'elle tombait au sol, à genoux. Le silence sembla alors s'installer tant autour d'elle que dans sa tête. Les voix s'arrêtèrent, même si cela ne dura que quelques secondes, une minute tout au plus. Tout autours d'elle, le silence se fit plus long, il s'installa, confortablement porté par les regards interloqués de tout à chacun. Elle sentait leurs regards peser sur elle mais elle n'avait plus de force. Plus rien. Elle laissa les gouttes glisser de ses yeux meurtries par la fatigue à ses joues rougies par le stress émotionnel qui s'accumulait. Elle savait que ce jour viendrait, il venait tous les ans, mais elle n'y était jamais préparée pour autant. Elle était partie, assassinée, et peu importe ce que Gold faisait, qu'elle essayait de venger son décès, rien ne changerait, jamais elle ne reviendrait. Elle le savait pertinemment, mais cela ne l'empêchait pas de sentir un nouveau pique se planter dans son coeur chaque année qui passait sans sa présence. La mort d'une mère rien parce que sa fille était née avec une lune tatouée sur le front. Comme tous les ans, à l'anniversaire de la date de sa mort, les voix hantant la tête de Gold se faisait plus forte. Plus particulièrement, sa voix. Ses cris. Sa douleur. Tout lui revenait, sans jamais s'arrêter.

Alors Gold s'était rendue jusqu'à Zaun, dans l'espoir d'adoucir sa voix. Elle espérait qu'en rendant hommage à sa mère, comme elle le faisait tous les ans, dans la maison dans laquelle elle avait grandi, maintenant abandonnée, laissée derrière dans le quartier oublié de Zaun. Elle savait à quel point il était dangereux pour elle de se rendre là-bas, seule. Elle était si proche du Fold, et le danger était littéralement partout. Mais elle ne pouvait pas abandonner sa mère. Pas encore. Quand elle avait été assassinée, elle n'avait rien pu faire, une jeune enfant contre les pacifieurs, quelles étaient ses chances ? Mais cette impuissance la rongeait encore aujourd'hui. Alors, lui rendre hommage, pour la mère qu'elle était, non pas parfaite, mais la meilleure qu'elle pouvait être, dans des conditions désastreuses, c'était la moindre des choses. Elle ne pouvait pas reculer, pas pour ça. Alors elle finit par se révéler, essuya ses larmes d'un coup sec de sa manche, et se remit en route. Certains essayèrent de l'interpeller, de l'arrêter, peut-être même qu'ils s'inquiétaient pour elle après l'avoir vue crier puis pleurer dans les rues animées de Zaun. D'autres avaient arrêté de lui prêter attention depuis bien longtemps déjà, ayant trop de misère à s'occuper pour s'occuper de celle d'une pauvre inconnue. Et de quoi pouvait-elle bien se plaindre ici ? Elle était celle bien trop habillée et propre sur elle pour appartenir à ce quartier, elle qui tait pourtant née ici s'y sentait comme une étrangère, car après-tout elle l'était devenue. Elle marcha, marcha, continuant tout droit, bien plus déterminée auparavant. Relâcher tout le trop-plein qu'elle avait accumulée lui avait donné la force nécessaire pour continuer. Elle ne savait pas combien de temps elle pourrait encore ignorer les voix qui s'agitaient dans sa tête, les cris de douleur qui ne cessaient de résonner, alors elle préfère ne pas s'arrêter. Rapidement, elle quitta les rues les pus animées de Zaun pour se retrouver dans le quartier oublié, celui où plus personne n'osait y mettre les pieds. Les rencontres se faisaient de plus en plus rare au fur et à mesure qu'elle s'avançait, et l'ambiance bien plus macabre. Gold ne se sentait pas à l'aise, loin de là, elle avait la chair de poule à chaque pas de plus qu'elle faisait, s'enfonçant dans ce quartier maudit. Elle se sentait comme observée, comme si à tout moment l'on pouvait lui sauter dessus. Elle faisait tout pour ne rien laisser paraître, mais, inconsciemment, elle accélèra le pas.

Finalement, elle réussit à atteindre sa destination, sans encombres. Du moins, ce qu'il en restait. Chaque année, l'état de son ancienne habitation se détériorait. Mais que pouvait-elle faire ? Elle se glissa dans les ruines, avec un toit déchiré, des murs cassés et une porte d'entrée devenu un simple trou béant. Elle savait bien qu'elle n'était pas à l'abri ici, elle était à découvert et les environs étaient tout sauf sécurisés. Pourtant, elle s'y sentait mieux. Les voix semblaient s'être apaisées, sans pour autant être silencieuses. Elle avança, pas à pas, doucement, en direction de ce qu'elle avait créée comme sorte "d'autel" à la mémoire de sa mère. Une simple photo encadrée était posée sur un meuble miteux qui réussissait à traverser les âges. Elle était couverte de poussière, rappelant à la jeune femme à quel point il était rare pour elle de faire le chemin jusqu'ici. Devant le cadre se tenait des fleurs dans un état de décomposition déplorable, datant d'il y a exactement un an, date à laquelle Gold était venue pour la dernière fois. "Sorry, mom. I know I should come more often. I would come everyday if I could. But... Elle baissa la tête honteuse. Elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait jamais faire cela. Cet endroit se trouvait à l'exact opposé de là où elle habitait, là haut à Celestia. C'était simplement impossible. If only you were still here. I would have given you the life you truly deserve. I know you would be proud of me and the woman I became. Gold qui ne semblait jamais pouvoir connaitre un moment de silence en vécut pour la première fois depuis de longs mois. Tout autour d'elle, rien ne semblait vouloir séparer ce moment sacré entre une fille et sa mère. Plus aucune voix ne semblait vouloir résonner dans son crâne. Le silence était complet. Et pour la première fois, cela lui manqua. Elle aurait voulu entendre la voix de sa mère, qu'un souvenir revienne qui lui rappelle tout l'amour qu'elle portait à sa fille unique. Mais rien. Alors les larmes coulèrent à nouveau, cette fois, en abondance, alors qu'elle s'assit sur le sol miséreux des ruines qui étaient autrefois sa maison.

MADE BY @ICE AND FIRE.

stained glass



tabagisme ; référence à la mort

Tu traînes tes pieds dans la poussière ; tes pas résonnent mornement dans ce lieu désert. Tu sais même pas bien pourquoi t'es là, dans des restes de rues désolées que plus personne veut voir ; et ça même si c'était qu'en peinture.

Parce que c'est trop dangereux — parce que c'est trop triste. Parce qu'on compte même plus l'nombre de vies perdues ici-bas ; des vies qui se sont éteintes en un claquement de doigts. Mauvais moment, mauvais endroit, ce genre de conneries rabâchées bien trop de fois. Et p't'être qu'il fut un temps où ça t'aurais ému, mais ce temps est bel et bien révolu.

Tu l'as laissé dans ce qui semble être une autre vie, là où t'avais encore quelque chose que tu pouvais appeler une vraie famille. P't'être que si t'en as rien à cirer d'être ici, c'est que t'as plus vraiment grand chose à perdre. P't'être même que t'es aussi mort que les fantômes qui t'entourent. Que tu pourrais croiser ta propre tombe au prochain détour. Et le pire dans tout ça ? C'est que ça t'fait ni chaud, ni froid.

Enfin, ni chaud, ni froid . . . Le mégot en devenir qui se consume lentement entre tes doigts te rappelle gentiment à l'ordre ; tu regardes les dernières volutes de fumée qui ondulent sous tes yeux avant de le laisser t'échapper. Te perdre dans tes pensées ne fait pas partie de tes projets, surtout en ces lieux — là où tout peut basculer en une seconde ou deux.

You know better.

Pourtant, ça t'empêche pas vraiment d'y retourner, dans ce passé estrangé, décomposé. T'as l'impression de reconnaître les lieux, mais pas vraiment. Tout est pipé, comme noyé dans un flou artistique alambiqué... Il te reste des impressions pas bien imprimées, un curieux mélange de trop d'époques passées ; t'étais qu'un gamin — choisir un camp ? Pas moyen. T'étais plus âgé, mais pour autant pas vraiment plus futé — et parfois, souvent, tu les revoies ces foutues baies, celles que t'as décidé de bouffer comme un bel écervelé ; p't'être qu'en continuant un peu plus loin, tu pourrais même en r'trouver. . .

Et tu traînes tes pieds dans la poussière donc ; tes pas te mène plus loin encore, là où les pavés abîmés laisse peu à peu place à la bruyère. Ton environnement change, et tu prends conscience que t'arrives dans ce qui fut autrefois un quartier habitable...

Même si, maintenant, c'est presque inimaginable. Le temps, ce foutu fléau a fait des ravages — et des maisons-cages, il n'en reste plus que des murs branlants et effrités aux toits à semi-écroulés.

Pendant un temps, tu sembles hésiter ; ça ne te ressemble pas vraiment, mais tu sais que l'idée qui vient de te traverser tient davantage de la stupidité que de la lucidité. Tu pourrais (presque) tout plaquer, et décider de retourner chercher ces foutus fruits empoisonnés, histoire de voir ce que ça f'rait d'en manger — encore. Voir si ça te ferait complètement vriller . . .


. . . ou si ça f'rait autre chose. Tu sais pas trop, en fait ; c'est juste une inspiration à la con qu't'as eu sur le moment - et ça, c'est déjà plus courant.

Alors, tu te contentes juste de traîner ; tu déambules entre les bâtiments écroulés, tu sais toujours pas ce que t'as bien pu v'nir chercher là, mais... Dans tous les cas, tu pensais que tu serais seul ici-bas, mais tu captes que le silence est entrecoupé, à présent ; des sortes de demi sanglots trop mal étouffés.

Curiosity killed the cat, mais ça ne t'empêche pas de chercher d'où ça provient, de t'approcher pour tenter de comprendre ; parce que trop de choses t'échappent, alors si tu parvenait à faire la lumière sur ce tout petit mystère p't'être que ça pourrait te permettre - plus tard - de t'faire croire à tes vieilles histoires, pis t'autoriser à flirter avec ces substances délétères.

Et t'sais pas trop à quoi tu t'attendais, au juste, mais t'es quasi certain que tu t'attendais pas à ça — p't'être que tu t'voyais déjà ramassez un d'ces gosses de Zaun, de celleux qui voulaient toujours s'aventurer plus loin, trop loin, jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour faire demi-tour et espérer rentrer en un seul morceau, p't'être que tu t'imaginais déjà t'faire boulotter par une bestiole du Fold suffisamment intelligente pour te berner à l'aide de sons  mimétiques. . .

Mais tu pensais pas tomber sur quelqu'un d'aussi déplacé ; parce que rien qu'à ses fringues, tu sais qu'elle vient d'en haut, de plus haut. Un peu comme toi, mais pas vraiment. Et elle te tourne le dos, trop occupée à se lamenter devant un p'tit cadre trop ornementé. Tu sais pas trop combien de temps tu restes là, à la zieuter, mais tu finis par te sentir un poil... de trop, ce qui ne t'empêche pas t'ouvrir ta grande gueule :

“ —'s not a good idea to be 'round here when you're... you, ya know? You should dry up your tears and go home. „

Et, tu t'contentes de t'appuyer contre un des murs encore debout, sans vraiment porter d'attention aux petits débris qui t'tombent dessus. Puis tu sors ton paquet de cigarettes, t'en glisses une entre tes lèvres avec la ferme intention de la voir partir en fumée ; et t'as une demi-seconde d'hésitation avant de tendre le paquet vers celle que tu considères comme une intruse en ces lieux — parce que si elle pleure, elle en a p't'être besoin d'une, non ?

Le flot de larmes ne laissa pas Gold coupée du monde pour autant. Elle entendit les pas arriver doucement derrière elle. Les intentions de celui qui se tenait dans son dos n’étaient pas claires, mais elle ne se retourna pas pour autant. Son instinct lui disait qu’il ne présentait rien de dangereux. Il ne semblait pas vouloir cacher sa présence et s’il avait voulu l’attaquer, il l’aurait déjà fait depuis longtemps. Les minutes passèrent, sans que le silence soit coupée, si ce n’était que par les quelques sanglots de Gold. L’homme ne bougeait pas, Gold sentait son regard posé sur elle, mais il était, pour elle, hors de question qu’elle reconnaisse sa présence. Elle espérait qu’il parte, qu’il l’a laissé tranquille, seule avec son désespoir et son deuil. Mais il n’en faisait rien. Puis, le silence finit par se lever, lorsque la voix de l’homme résonna entre les débris. Reproche, mise en garde, voir menace, elle ne savait pas comment analyser ses paroles. Elle ne se retourna même pas pour le regarder, elle n’en avait que faire. Peut être avait-elle aussi un peu honte de l’état dans lequel elle était.

-And you should mind your own business. My prestige doesn't mean I'm helpless. I don’t need any advice coming from a…

Stranger. Elle avait fini par se tourner, pendant peut-être que s’il voyait son visage meurtri, il finirait par éprouver de la pitié pour elle et partir. Mais elle reconnut immédiatement l’homme qui se tenait maintenant face à elle. La tristesse se transforma en un fragment de seconde en colère. Elle sauta sur ses jambes, époussetant sa robe d’un geste élégant sans pour autant lâcher le cadre ornementée. Elle s’avança jusqu’à lui, presque menaçante. Il n’avait pas changé et pour autant, il semblait que tout chez lui n’était plus le même. Il parlait à Gold comme s’ils ne s’étaient jamais connus, comme si aujourd’hui était la première fois qu’ils se rencontraient. Lui l’avait peut être oublié, peut être que ce qu’ils avaient vécus les deux n’avait compté que pour elle finalement. Mais, peu importe, le fait est que, elle, savait très bien qui il était. Et elle le haïssait. Ils s’étaient revues il y a quelques mois déjà, lors du bal organisé à Celestia mais cette fois encore, il l’avait complètement ignoré. Comme si elle n’était qu’invisible, comme si elle n’avait jamais compté pour lui.
Elle avait envie de l’étrangler, mais elle se contenta de lui mettre une claque. Une claque puissante, qui lui pendait déjà au nez depuis bien assez longtemps. Il en lâcha sa cigarette sur Gold écrasa d’un coup sec.

-You. How can you show your face around here ? In a place that means so much to me ? Aren’t you ashamed of ignoring me all these years and just appearing now out of nowhere ? And here, of all places ? So keep your opinion to yourself. I hate you. I really do. You mean nothing to me anymore. But you don’t care, right ? Since you keep ignoring me, pretending I don’t exist every chance you get. You know what ? Rot in hell.

Elle le regarda de haut en bas, de bas en haut, comme si elle le redécouvrait sous un nouveau jour. Soudain, son regard s'arrêta sur son objet : le collier que Judas portait. Elle s'en approcha, n'aimant pas cette proximité avec celui qui était autrefois son ami, mais se devant de s'approche pour vérifier que ce qu'elle voyait n'était pas le fruit de son imagination. Ou une simple coïncidence. Mais il n'en était rien. C'était le collier de sa mère, le doute n'était pas permis.

"Where the hell did you get that ?" Et sans attendre une seconde, elle tendit la main vers le collier puis l'arracha d'un coup sec, brisant ce qui permettait de l'accrocher. "How long have you been prancing around wearing my mother's necklace ? And you dared to come her, the place where she was murdered, where my whole life changed because those people from the high society wanted my powers, wearing that ? I didn't think you'd go that low. I can't believe we were once friends. What a waste of time."

Gold lui lança un regard lourd de sens. Elle se tourna, fit quelques pas pour rejoindre l'autel qu'elle avait bâtie entre les débris et y déposa le cadre qu'elle n'avait toujours pas lâchée. Pile devant, elle y déposa le collier qu'elle venait de récupérer, pour celle à qu'il appartenait autrefois. Elle regarda Judas. "Don't you dare rob that again, thief." lui dit-elle. Elle déposa un baiser, par le biais de sa main, sur la photo de sa mère et lui lança un sourire triste. Puis elle se retourna à nouveau vers Judas, le sourire effacé. Elle s'avança vers lui, l'ignorant, puis quitta la maison. Avant de partir, et sans même se retourner, elle lança :

"You really disappointed me. I never want to see your face again."

MADE BY @ICE AND FIRE.