Blood in our memories

Janvier 2023 ↠ Butcher Road

with / @Aelan Idlewind Depuis que son corps c’est retrouvé empoisonné par un mal incurable qui le rend esclave à la pleine Lune, Grey a très certainement remarqué des différences lorsqu’il est sous sa forme humaine. Le jeune loup a littéralement du réapprendre à marcher puisque son sens de l’équilibre est étrangement altéré depuis l’incident, l’ayant rendu étourdie plus d’une fois. De nombreux jours ont été nécessaires pour qu’il s’adapte à ce changement au quotidien. La deuxième chose est d’ordre olfactive. Les odeurs sont tellement plus prononcées désormais, cela devient bien souvent dérangeant. Les fragrances qu’il appréciait, comme la vanille, par exemple, ont une si forte odeur dans ses narines que ça lui donne parfois la nausée. Pour l’instant, aucune autre altération majeure est venue compliquer sa vie de tous les jours. Si on exclu bien sur les séjours à Zaun qu’il doit faire lorsque la lune est entière dans le ciel. Maintenant que Grey a quelques années d’expérience, il commence lentement mais surement à s’habituer à sa nouvelle réalité de loup-garou. L’étudiant n’en demeure pas moins à la merci de son fléau, comme il a été possible de le constater cette nuit. Et dire que le louveteau pensait que prendre l’air lui ferait le plus grand bien. De toute évidence, ça a été une erreur monumentale de plus à ajouter à la liste de celles qu’il a commise en ce mois de janvier.

Les rues de Ketterdam sont sales, même en hiver. À ses yeux qui ont connus la vie dans la haute-ville, n’importe quel endroit en dehors de la richesse semble dégoûtant. Pourtant, il en est venu à apprécier cette imperfection, puisqu’elle lui rappelle pourquoi il est ici. Rejeté pour être un enfant du fléau, il est tout naturel qu’il se retrouve parmi les impuretés de la ville. La condensation de sa respiration s’accentue alors que le jeune homme accélère sa cadence de marche. Il commence à avoir froid, ses vêtements ne lui offrant que partiellement une bonne couvrance à une telle nuit glacée. Ses mains dépourvues de gants qu’il a foutu dans ses poches et ses pieds couverts de simple baskets sont les premiers à souffrir de la basse température. Il a heureusement eu la bonne idée de se mettre un bonnet sur la tête, dissimulant ses oreilles fragiles aux courants d’air. Grey s’imagine être déjà de retour à son appartement encombré, cette visualisation n’offrant aucun bénéfice pour le réchauffer, toutefois. Il n’est pas très loin de son modeste chez soi, il lui suffit de tourner à droite à la prochaine rue, puis quelques mètres plus loin et ça y est. Sauf qu’en tournant la tête par réflexe pour voir si des passants vont surgir de nulle part au risque d’une collision, une très forte odeur de fer se glisse de manière impromptue dans son nez. La surprise est comme un choc électrique et le loup s’en voit étouffé. Ses deux mains s’abattent sur son visage pour essayer de stopper davantage d’agression par cette odeur. Sauf que c’est trop tard, les souvenirs remontent en cascade dans son esprit. Grey lâche un juron inaudible à cause de la forte pression de ses paumes contre sa mâchoire. Ce sang… ce n’est pas n’importe quel sang. C’est son sang à elle…

L’envie de vomir revient. Il lui faut se concentrer fortement sur sa respiration pour se calmer. Des bruits de pas qui résonnent fortement à proximité l’oblige à rouvrir subitement les paupières qu’il avait close. Un mec est en train de fuir comme si sa vie en dépendait. Le loup-garou n’a pas besoin d’un dessin pour savoir que c’est réellement cela que son cœur pompe autant d’adrénaline dans son corps. Grey prend une décision qu’il risque fortement de regretter, hors ça ne sera pas la première de son existence. Il s’avance dans la direction que l’autre type fuyait. Assez rapidement, trop rapidement, l’étudiant en médecine tombe, presque littéralement, sur elle. Il a un mouvement de recul instinctif qui cause son dos à se heurter comme un mur de béton. L’odeur revient au galop et Grey ferme les yeux comme s’il allait pleurer lui aussi. « C’est de ma faute, désolé! » Sa bouche lâche d’une traite très rapidement. Ses mots sont comme des supplications. Il s’en veut. Désormais qu’il la confronte, le loup réalise qu’il a merdé il y a un an. Il ne fait que merdé depuis l’incident, en réalité. Ses paupières s’obstinent à demeurer fermées, comme s’il ne pouvait pas regarder ce qu’elle est devenu à cause de son inaction : Un fléau comme lui.