de l'assurance, il en distribuait à la pelle. dans ses réponses maîtrisées, dans son port de tête altier et au fond de son regard plus noir que la mort elle-même où s'incrustait par moment des fragments d'écarlate. l'assurance qu'il saurait gérer, l'assurance qu'il survivrait, l'assurance qu'il pouvait tout affronter sans ciller. mât dans la tempête, et pourtant enrobé des qualités d'un saule ; que bien loin de pleurer, il savait plier et courber l'échine pour ne pas se briser sur les rochers meurtriers jalonnant sa course ; il se faisait par moments phare lumineux, par d'autres il brillait de son absence. à mentir, user de ses charmes pour obtenir plus, toujours plus et offrir à ses compagnons d'infortune de quoi survivre à l'hiver infernal. potions freez'up qu'il ne cessait de rapporter au campement, dans l'espoir que les températures redescendent, que le soleil puisse percer la brume épaisse du fold pour faire fondre la neige épaisse, s'étalant comme reine immaculée entachée de pourpre à mesure qu'on s'enfonçait dans la gueule vorace de zaun. de l'assurance et des mensonges, bien polis, bien soignés ; il savait en donner. expert trompeur, il se servait de son joli minois pour séduire, puis des ombres pour disparaître lorsque ses vraies intentions étaient découvertes.

toutefois, lorsqu'il s'agissait du shymer, yukio devenait bien maladroit en manœuvre. indécis, hésitant, tâtonnant. seul skylar obtenait de lui ce qu'aucun autre n'avait jamais réussi à avoir. l'assurance d'une sincérité innocente, presque trop douce pour quelqu'un comme lui, et l'envie d'une honnêteté brute. comme si seule la vérité comptait avec lui, pour les guider tous deux vers ce qui ressemblait le plus à la liberté.

dans ses messages, il joue, fait preuve d'assurance encore une fois. il se sait séduisant, relève les nombreuses hésitations et maladresses de Skylar pour mieux cacher les siennes, grouillantes sous la carne. en face à face, ce jeu de cache-cache sera indéniablement plus difficile, il le sait et ça le rend nerveux. il se souvient de leur dernière nuit ensemble, des envies qui l'assaillent depuis, le poussent vers lui, à prendre contact, à le retrouver. lèvres au goût de paradis qui lui ont insufflé la vie, il se retrouve pendu à la sienne, en quête de sensations. un peu perdu, à vouloir plus de clarté pour comprendre ce qu'il ressent, mais à aimer aussi se perdre dans ce maelström de sentiments. skylar, skylar ou la promesse d'un rêve rare. qu'il le désire sans oser se l'avouer, les réactions de son corps lui semblent disproportionnées et pourtant, grisantes de volupté qui le rendent dingue, un peu fou à lier.

alors le voilà, yukio, indécis. après une journée de plus à errer dans la basse-ville, il se hisse tout en haut de la colline pour retrouver le foyer crépitant de celui qui était responsable de toutes ses sensations. recouvert d'un long manteau noir allongeant sa silhouette déjà si filiforme, le teint pâle aux éraflures nombreuses, il frappe contre le bois de la porte givrée. et lorsque celle-ci s'ouvre, comme la dernière fois, c'est la chaleur qui le surprend. son contraste violent le perturbe quelques secondes, avant que ses doigts ne soient sollicités. picotements éparses sur la pulpe, il ne dit mot, fait un pas en avant, puis deux et entre totalement dans la petite maison prête à l'accueillir. à nouveau, il se retrouve aux prises d'un conflit de loyauté, quand il profite de ce cocon chaleureux pendant que les siens grelottent dans les cabanes ; mais bien vite sa voix éloigne tous ses tracas. les sclères de charbons s'animent, d'une leur incandescente et viennent rencontrer les galaxies des siennes.

(( black - out ))

c'est une frappe qu'il n'a pas anticipé. sa beauté le flagelle avec une violence inouïe, le met à terre. et s'il ne sait quoi lui répondre, son corps se met en mouvement sans l'attendre. mains qui tirent sur les siennes pour l'approcher et ses lèvres, avides, qui frôlent dangereusement les siennes. « hi... » murmure, préliminaire avant le baiser tant voulu, désiré, attendu. ses lèvres sont froides, gelées et coupées. les siennes, chaudes, légèrement gonflées et douces. il les adore. les sensations qu'elles lui procurent sont indécentes. il aime s'y perdre. et ses yeux se ferment, il subit l'extase qui le tourmente tout autant qu'il la savoure. puis, lorsqu'il est à bout de souffle, son front heurte le sien. ses lèvres s'étirent en un sourire satisfait. « Sorry... I just wanted to kiss you... I couldn't hold back any longer... »