orte de la mort qui s’ouvre devant ses yeux face à ces crocs acérés qui menacent de se refermer sur lui. Agonie à laquelle il ne survivra pas si le sang colore la gueule de la shoosuva. Daemonis qui jubile de la sensation nouvelle qui s’offre à lui. La peur de mourir. Parce qu’il n’a pas envie de s’éteindre, Soa. De ne plus jamais ressentir. A l’opposé de ce qu’il recherche constamment. Sentir son cœur battre, toujours plus fort, plus violemment, à lui faire mal. Se prouver qu’il est bel et bien vivant. Peur qui accentue l’adrénaline, fonce d’autant plus les veines dans son cou et les doigts qui se referment sur la lame encore accrochée à son pantalon. Il n’a pas le temps de réfléchir, peut-être même qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il fait. Laisse son corps bouger de lui-même jusqu’à ce que son arme s’enfonce dans le flan décharné de la bête qui hurle à son tour sa douleur, sa colère. Suffisamment pour que sa gueule s’éloigne. Trop pour empêcher que la mort l’agrippe jalousement ; dard mortel qui se tend au-dessus d’eux, prêt à fendre l’air pour frapper sa proie.  Il sait qu’il ne peut plus y échapper, bloqué sous ce corps massif, son sang continuant de se répandre sur le sol poussiéreux de Zaun. Et ça tape si fort à l’intérieur. Alors c’est comme ça qu’il va finir ? Gisant dans son sang, tué par la créature qu’il a lui-même soigné. Il a presque envie de rire de la situation tellement elle lui semble pathétique. Et il l’aurait surement fait s’il n’était pas intervenu.

Affaibli, il ne voit pas clairement le loup se diriger vers eux. Impact qu’il ressent cependant et le poids qui disparaît non sans douleur. Le corps réagit de lui-même, se recroqueville dans une position de défense, main contre son épaule poisseuse. Et la douleur le happe à nouveau, l’éloigne du royaume des morts, l’oblige à rester parmi les vivants. Il voit à peine ce qui se passe non loin de lui, le regard brillant de lacrymal. La sensation est violente et il met du temps à reprendre ses esprits, à comprendre qu’il vient de l’échapper de justesse. Pour le moment.

Grognements qui lui parvient alors qu’il se remet difficilement debout. Un regard sur son épaule lui fait tirer la grimace. Dans un sale état. Et l’healer hésite. Parce qu’il sait que refermer sa propre blessure sera plus douloureux que la plaie en elle-même. Inconvénient de sa capacité. Absorber sa propre douleur est plus compliquée que celle des autres. Mais laisser le sang couler finira par le mettre à terre. Alors, paupières fermées, lèvres serrées, il dépose sa paume chaude contre l’atrocité. Le corps se courbe en avant, les poings se serrent et il étouffe la douleur comme il peut. Juste assez pour refermer la plaie. Et le mélange de sentiments est déconcertant. Même encore aujourd'hui pour l'accro qu'il semble être.

Ses mains tremblent lorsqu'il récupère son arme, la peau plus pâle que d'ordinaire, sueur derrière sa nuque. Mais cette fois-ci, il voit plus précisément ce qui se passe autour de lui. Les sens aux aguets et la raison totalement remise. Créatures qui se font face : enfant du fléau contre celui du fold. Duel qui a lieu à cause de lui, Soa, et ce sentiment de culpabilité qui s'insinue vicieusement. L’organe retiré et jeté au loin attire son attention et l’idée - surement folle - se dessine dans son esprit. Et la question de savoir si cela va fonctionner ne lui traverse l’esprit, non pas lorsque la lame se retrouve imbibée du poison qui suinte du dard perdu, mais seulement lorsque le regard brûlant de la shoosuva se pose à nouveau sur lui. Healer qui avait déjà frôlé la mort et qui l'a provoqué à nouveau dans le seul but de l’occire armé de son poisson et d’une confiance peut-être aveugle en celui qu’il venait à peine de rencontrer.Fou. Oui il l’était totalement pour jouer la proie à attraper.

ropre reflet qu'il croise dans les orbes miroirs ; du monstre qui lui renvoie immanquablement la pire des issues, celle qu'il est obligé de considérer (pour mieux l'éviter), l'aliénation dominante et la vie qui perd tout son sens. Insensée, elle l'était. Les griffes raclent le sol alors que les loups se font face ; l'un est décharné et le vide l'habite, l'autre est rempli de doutes, d'incertitudes navrantes qui, parfois, le rendent indécis. Et dans la contemplation du monstre, c'est sa propre folie qu'il perçoit, de persévérer encore et encore, quand l'espoir n'est plus.

Ne jamais abandonner.

Pour ne pas avoir la sensation de l'être. Avorton de la portée, gosse ramené au foyer par les absences répétées d'un père trop porté sur la boisson et la reconnaissance qui n'arrivera jamais, pas même aujourd'hui alors qu'il est le seul à maintenir debout le foyer. Tous ont désertés. Tous ont désertés .

Le souffle court, un grognement sourd fait trembler sa cage thoracique alors que la colère s'éveille, que la rage l'anime d'une puissance difficile à contrôler, l'odeur du sang envahit ses narines, remplit ses poumons et noircit sa conscience. Il est là, quelque part, l'humain fou prêt à tous les sacrifices pour se sentir vivant. Il attire la bête qui se détourne de son regard, manque de jugeotte quand il représente sa plus grande menace mais qu'importe. Il profite de la diversion, Akio et s'élance. Les crocs se referment brusquement sur la jugulaire saignante qu'il arrache, tandis que ses griffes se plantent dans la chair déjà tailladée de sa proie. Le shoosuva pousse des hurlements plaintifs aigus, avant de ne plus pouvoir le faire. La gorge arrachée, tout son sang se vide sur le sol. Le monstre se replie, dans une position fœtale étrange il perd la vie. Au-dessus, le loup souffle et crache le sang immonde qu'il se refuse à avaler. Il assiste à la mort de la créature, non sans se dire que l'unique solution à la folie est celle-ci.

Et ça le fait frissonner d'effroi.

Puis, son attention se tourne vers le healer, encore présent. Son teint pâle l'alerte sur sa faible condition, et il s'approche. Fais deux pas, avant de pencher son énorme tête sur le côté en le fixant, prenant un air plus familier que menaçant. Pourtant, fléau. Un danger persistant. Mais le healer a besoin de lui. Il le voit. Il le sent. Alors, son corps se tasse à nouveau sur le sol et lentement, il se déforme. Les os se brisent puis se reconstruisent, le pelage disparaît pour laisser place à une peau recouverte de cicatrices et une fois redevenu homme, il s'avance vers lui pour le soutenir. Tu as besoin de soins. Ses bras l'enveloppent, avec une douceur qui contraste furieusement avec le loup qu'il est aussi. Autour de sa taille, il le soulève presque en avançant et l'entraîne vers les entrailles de Zaun, au coeur de Paradise Road, là où se trouve sa propre tanière.

outtes qui perlent dans sa nuque alors qu'il se redresse tant bien que mal. Le sang ne coule plus, bloqué par une cicatrisation faite dans la douleur - la sienne - . Et il se doute que le résultat n'est pas joli à voir mais c'était ça ou se vider de son sang sur le sol poussiéreux de Zaun. Peut-être l'aurait-il mérité au fond, après avoir joué à l'apprenti-sorcier. Fléau dont les idées sont les plus douteuses et dangereuses. Et pourtant, il le laisse faire, Soa. Ne le contient pas. Accro à l'adrénaline, à la douleur. Autodestructeur dit-on presque. Ils ont sûrement raison. Un jour ça le tuera sûrement. Mais pas aujourd'hui.

Doigts crispés autour de son arme où coule le poison mortel de la shoosuva. Il a du mal à tenir debout, Soa, mais il ne flanche pas. Attire l'attention de l'infâme créature, provocation (folie) au fond de ses prunelles. C'est qu'il tient à assumer ses responsabilités et faire taire cette culpabilité nichée dans une partie de sa tête. Rare est elle pourtant.

Shoosuva qui croise son regard, tous crocs dehors. Aucune hésitation n'est perceptible dans son choix et c'est sûrement cela qui sera responsable de sa perte. Car le loup, lui, ne l'a pas oublié et sans attendre qu'il l'attaque sans pitié aucune et lui arrache la jugulaire. Spectacle à la fois terrifiant et fascinant. Il n'en détourne pas le regard, le healer mais il sent pourtant son corps se tendre alors que les cris plaintifs et emplis de douleur de la créature du fold se tarissent jusqu'à ce que seul sa respiration et les battements de son cœur soient les seules choses qu'il entend résonner dans ses oreilles. C'est fini.

Soudainement, son corps devient plus lourd, ses doigts relâchent l'arme qui tombe au sol et il a la sensation qu'il va bientôt la rejoindre. La fatigue l'accable et là encore, ça le fait presque rire. En sortant ce soir, il ne s'était pas attendu à vivre tout ça. Mains posées sur ses genoux, le corps voûté, il relève son visage pâle vers le loup qui lui fait face. Et il a envie de lui sourire. Pas de ceux qu'il offre à tout le monde mais le sien. Le vrai.

Werewolf qui reprend sa forme humaine et qui l'attrape avec une délicatesse déconcertante pour l'aider à se déplacer. Le regard sombre glisse un instant sur cette peau marquée par tant de cicatrices et pendant un instant, il se demande à quel point il a dû avoir mal. A quel point il doit avoir mal. Mais c'est pourtant en silence qu'il se laisse emmener dans les entrailles de Zaun.

Où sommes-nous ? Sa voix déraille légèrement d'être trop sèche alors qu'ils pénètrent dans le logement. Il s'affale contre un mur tout en suivant du regard l'hôte des lieux.  Tu n'es pas obligé de faire ça. Le soigner. Le mérite-t'il de toute manière ? Et puis, n'est ce pas lui le healer ? Coin des lèvres qui s'étirent difficilement en un sourire amusé alors qu'il se décolle du mur et marche péniblement à l'intérieur. Le frottement du tissu contre sa plaie devient insupportable. Alors, sans préambule, il déchire la manche de son haut (déjà pas mal déchiqueté) et retire le reste tant bien que mal, laissant apparaître sa blessure visible de tous tout comme le reste de son torse. Grimace qui se dessine sur ses traits lorsqu'il voit l'étendu des dégâts et les soins trop rapides qu'il s'est lui-même procuré. L'énergie lui manque, et il ne sait pas s'il sera capable le de supporter mais s'il ne veut pas laisser de preuve de sa sortie nocturne, il n'a pas le choix que de tenter.

a violence du combat nourrit encore ses veines étrangement gonflées. Les muscles, mis à mal par la mutation, donnent l'impression d'être à deux doigts d'exploser ; et c'est le shoot d'adrénaline qu'il vient de prendre qui le fait encore fonctionner. Akheliy, mercenaire du fold, passe son temps à occire les abominations que la brume dégueule chaque jour devant leurs portes, pour espérer allonger l'espérance de vie des plus faibles que lui. Idiot borné. Il parait que c'est pire, de donner l'espoir. Car personne ne peut éviter la sombre et triste fatalité.  

C'est pire, Akheliy, tu sais.

Qui y a t-il de pire que la folie ? Si la mort semble douce face à l'aliénation, ne devrions nous pas tous renoncer ? Euthanasie ; reflet si souvent contemplé avant de le fuir. Fuir l'issue impasse, inexorable crevasse. Il lutte, Akio. Avec acharnement. Avec abnégation. Avec dévouement. Il lutte pour la survie. Du monde, des siens surtout, de ceux qu'il peine à maintenir en vie. Et jusqu'au dernier souffle, il luttera. Il se l'est promis.

La porte s'ouvre sur son quotidien. Vaste repère de brigand, l'endroit fait penser à une tanière peu fréquentée, où on dépose ses affaires avant de repartir aussi sec, sans prendre le temps de réellement s'y poser. Pourtant, il aimerait. Que cet endroit devienne plus chaleureux, qu'il en retienne certains, parfois. Repère pour sa meute, celle qu'il rêve de constituer, de ces loups éparpillés aux caractères bien trempés. Le confort est rudimentaire, mais il y a ce qui est nécessaire. Des couchettes aux draps propres, une salle d'eau fonctionnelle, un garde-manger avec des vivres suffisantes pour nourrir un loup affamé. Simple, mais efficace ; ce qui le définit bien finalement.

Aussitôt à l'intérieur, le healer s'éloigne pour s'écraser contre un pan de mur. Akio le laisse faire, il s'active sans perdre de temps, récupère bandages et désinfectant pour lui prodiguer des premiers soins rapidement. A zaun, sur Paradise Road. Détends toi, personne ne vient ici. Car il est seul, Akheliy. Personne pour égayer ses journées ou ses nuits. Non, personne n'a envie de rester auprès de lui. La tristesse dans son regard les fait fuir, il le sait bien. La douleur lui est néfaste. Assis toi, tu as besoin de soins et tu n'as plus d'énergie pour te soigner. Lorsqu'il se tourne, les bras chargés d'instruments destinés à le soigner, il est surpris par sa semi nudité et s'arrête dans son élan. Ses yeux aux reflets argentés glissent sur le torse du healer, jusqu'à son nombril et une chaleur diffuse vient troubler ses sens et l'assaillir d'un drôle de sentiment. Clignant des yeux, il reprend ses esprits et s'avance vers lui, déposant gauchement le matériel de soins contre son torse. Tiens. Je suppose que tu sais comment faire ? Assis toi, tu t'épuises inutilement. Son ton est plus bourru et son regard fuyant. D'ordinaire, il ne ressent pas ce genre de trouble. Il est perturbé. S'agite et se réfugie derrière la première bouteille qui croise son chemin, avant de s'assoir face à lui en bout de table. Les yeux rivés sur lui, il le fixe avec curiosité, des sensations vertigineuses au creux de son bas-ventre et l'agitation qu'il met sur le compte des retombées du combat. Tu t'es bien racheté. Faire diversion, c'était... suicidaire mais ça a marché. Healer énigme, qu'il a envie de percer, de comprendre. L'intérêt qui s'éveille, différent des autres. Entêtant. Agaçant. Et peut-être, un peu exaltant.

t c’est l’épuisement qui s’abat sur lui alors que la créature lâche son dernier souffle devant ses yeux. La lame tombe sur le sol et ses épaules s’affaissent d’elles-mêmes et il se demande, Soa, comment il fait pour tenir encore debout. Energie envolée et sa dernière pulsion qui l’a totalement vidée de ses forces. Pourtant, il a envie de rire, Soa. De cette situation à laquelle il ne s’était pas forcément attendu en venant ici ce soir. Les dangers, il les connaissait, les cherchait même. Mais se retrouver à faire équipe avec un inconnu pour tuer la propre bête qu’il avait lui-même guéri lui semblait tellement irréel. Et c’était pourtant vrai. Folie qui est à l'origine de tout ça. La sienne.

Le loup laisse sa place à l’humain et ses bras l’entourent d’une douceur déconcertante. Son regard, au healer, lui glisse sur la peau marquée d’innombrables cicatrices et là encore, il est capable de penser à cette douleur qui doit en découler. A l’envie de la lui prendre sans qu’il en est cependant la force de la mentionner ou de simplement lever la main pour la toucher du bout des doigts. C’est le silence qui les accompagne sur cette route qu’il ne connaît pas au sein même des entrailles de Zaun.

Son regard se perd sur les murs du loft dans lequel il pénètre et Soa se laisse tomber contre le premier à sa portée, la voix qui déraille d’être trop sèche. Il hoche simplement la tête à la réponse tout en se redressant tant bien que mal. Le coin de ses lèvres s’étirent en un sourire amusé en s’imaginant se faire soigner, lui le healer sans énergie. Gêné par le frottement du tissu sur sa blessure, il finit par déchirer la manche déjà en mauvais état de son haut et retirer le reste, laissant apparaître sa peau satinée, abîmée par cette monstrueuse blessure. L’hésitation doit se lire ses traits alors qu’il soulève sa main dans le but d’utiliser son pouvoir pour se soigner. Énergie qui manque mais ce besoin de camoufler la preuve de son escapade. Et les doigts qui se resserrent un poing lorsque le werewolf lui dépose rapidement - trop - le matériel de soin contre son torse, l’obligeant à le rattraper de son bras valide pour éviter qu’il se retrouve au sol.

C’est frustrant. Finit il par lâcher au bout de quelques instants, acceptant enfin de s’assoir sur une chaise. Soupire aux lèvres, il dépose le tout sur la table. Oui c’est frustrant de ne pas pouvoir utiliser son don pour simplement soigner. Qu’importe la douleur que ça peut lui procurer. Il se sent presque démuni, Soa. Faiblesse qui l’irrite et qui est pourtant logique. Mais il n’a jamais aimé ça. Alors il s’affaire, malgré son seul bras valide. commence à désinfecter la plaie, camouflant le mieux possible la douleur que cela lui procure. Daemonis qui s’en imprègne aussitôt.

Tu m’as demandé de prendre mes responsabilités. Son regard charbon retrouve celui pigmenté d’argent, nouveau sourire en coin qui se glisse sur son visage. Soa qui assume toujours les conséquences de ses actes, quitte à agir de façon extrême et assouvir les pulsions qui surgissent. Seul le résultat et les sensations comptent.

Ses doigts s’affairent à le soigner tant bien que mal mais son regard, lui, retourne plusieurs fois sur le visage qui lui fait face. Captant cette lueur d’intérêt logé aux fonds des prunelles rivés sur lui. Réveillant doucement des sensations toutes autres que celles d’avant. Tu vis seul ici ? C’est plutôt grand pour une seule personne. Qu’il lâche en détournant le regard, faisant mine de s’intéresser à ce qui les entoure, s’éloignant quelques instants de cet océan argent qui risque de le happer.

Bandages dans la main, la tâche lui est plus hasardeuse et ses deux premières tentatives se soldent par un échec, frustrant un peu plus l’healer qui ne cache pas son soupir exaspéré. J’vais avoir besoin de ton aide pour finir. Main tendu devant lui, les bandages pendant à cette dernière. Il ne peut s’empêcher de replonger dedans, dans ce regard qui le fixe toujours de la même intensité. Et cette fois-ci il la sent clairement, cette pulsion qui menace de le prendre, qui fonce doucement les courbes violacées dans son cou. Mais, tu devrais d’abord arrêter de me regarder comme ça. Bien qu’il tente de se contenir, la situation l’amuse et son regard, à lui, se fait malgré tout plus intense. Où j’risque d’avoir du mal à me contenir.