L’insomnie dévorait Atlas depuis son retour. Après deux interminables années de captivité dans une dimension parallèle, les souvenirs de ce monde étrange le hantaient sans répit, et un tourbillon incessant de tourments intérieurs l'assaillait. Dans sa lutte constante avec son âme, il se retrouvait souvent allongé sur le froid parquet de sa chambre, préférant le sol à son propre lit. C’était là qu’il trouvait encore la compagnie réconfortante de son amie imaginaire, Nebula, qui prenait forme dans son esprit.

Le manoir de sir Kernaghan, où il était revenu récemment, était enveloppé d’une aura mystérieuse. Chaque recoin semblait renfermer des secrets et des connaissances enfouis. C’était dans cette atmosphère à la fois envoûtante et intimidante qu’Atlas cherchait des réponses, dévorant les pages des nombreux livres de la vaste bibliothèque.

Pourtant, même au cœur de cet océan de savoir, Atlas ne parvenait pas à recouvrer la paix nécessaire pour se plonger véritablement dans sa quête de compréhension. Les pensées tumultueuses tourbillonnaient dans son esprit, s’emmêlant avec chaque mot lu, l’empêchant de se concentrer. Ses incessantes interrogations prenaient le pas sur tout le reste, une obsession qui le consumait tout entier.

Dans un état de frustration extrême, Atlas se leva brusquement de sa chaise, décidé à régler ce problème. Ses foulées le guidèrent avec une assurance déterminée jusqu’à la chambre de Nebula. Sans même songer à frapper, il ouvrit la porte d’un geste brutal, faisant irruption dans la pièce.

« Bubul ! Je dois te parler d'un truc ! » s’écria Atlas, allumant la lumière sans aucune retenue, laissant échapper son exaspération à voix haute, indifférent du fait qu’il soit 3 h 30 du matin. Les mots résonnèrent dans l’espace, chargés d’une demande désespérée d’éclaircissements, de soutien.

05.06.23. le regard scrute le plafond depuis des heures, dans son lit immense nebula tourne et se retourne. ne plonge ici et là que pour se retrouver cloîtrée dans un bref cauchemar dont elle s'arrache en sursaut quelques instants plus tard, l'âme amère. toujours le même : souvenir fatidique de ce soir là, celui de la disparition d'atlas. les réminiscences ne l'ont jamais quittée durant les deux années écoulées ; l'ont talonnée sans relâche, au point qu'elle cherche souvent le confort du pouvoir de sa sœur pour trouver le repos. mais elles semblent la hanter avec un regain d'intensité depuis le retour de celui qu'elle considère comme un partenaire, un frère auquel elle a fait défaut.

les images gravées derrière ses paupières l'oppressent — elle le revoit plonger, confiant, dans le portail ouvert par ses soins. elle se revoit ne rien percevoir d'abord, elle-même en mauvaise posture ; et lui qui ne revient pas. elle revit la prise de conscience, le rire surpris et ravi de l'un de leurs opposants : elle l'a tué ! lui, se tournant vers elle pour la vriller d'un regard fou. tu l'as tué. et l'incompréhension. la prise de conscience, terrible. derrière le portail qui a refusé de se fermer, rien d'autre qu'un vide béant. non, le murmure désemparé, refus, déni exprimé d'un mouvement de tête répétitif, un refus catégorique. non, non, non ! nevoria qui lui hurle de se ressaisir, des griffes de shymer qui lui déchirent le côté sans qu'elle ne parvienne à ce détourner de l'horreur qu'est le vide ayant englouti atlas. non !

à nouveau elle se réveille en sursaut. prend conscience de s'être endormie sans s'en rendre compte. ses mains tremblantes passent sur ses yeux lourds tandis qu'elle se redresse, noyée dans les couvertures, à tenter d'apaiser l'affolement de son cœur. ce sont des craquements qui la tirent de ses propres pensées, pas vifs sur un parquet ancien. ses prunelles se portent sur l'horloge au mur, 3h30. d'un mouvement fluide, encore prisonnière des cauchemars, elle quitte son lit sans un bruit pour se glisser derrière la porte qui s'ouvre à la volée, lui donnant l'assurance d'une quelconque forme d'attaque : n'importe qui d'autre aurait toqué. c'est alors sans la moindre hésitation qu'elle attaque la première — se jette sur la silhouette pour la plaquer brutalement contre le sol, la lumière qui s'allume l'aveuglant un instant. bubul ! je dois te parler d'un truc ! atlas… ? elle le relâche et le dévisage, me parler, à cette heure ? consternée. inspire. expire, pour se calmer. tu as oublié le concept de toquer à la porte et d'attendre une réponse ? j'ai paniqué ! qu'elle justifie, s'agace, sourcils froncés. ils semblent malins, tous deux au sol comme des idiots. elle le laisse se relever le premier et attend qu'il lui tende une main pour se redresser à son tour. j'ai besoin d'un café, interrompt-elle avant qu'il ne se lance dans une diatribe à cette heure indue. quitte la chambre d'un pas discret et s'arrête soudain, sans crier gare. il la heurte, pris dans son élan, alors qu'elle se retourne pour lui faire face, une émotion étrange au creux de la gorge. tu es bien réel n'est-ce pas ? demande-t-elle en prenant délicatement son visage en coupe, s'assurant qu'il soit bel et bien présent, juste là, avec elle. ses yeux se ferment de soulagement, l'espace d'une seconde, et elle se détourne pour reprendre la direction des cuisines. lance au passage au tableau de mom l'habituel : bonjour maman, qu'elle offre chaque matin à la peinture qu'elle a grandi en chérissant comme une mère. ne s'arrête plus qu'une fois arrivée à destination. tu veux quelque chose à boire ? s'assoit face à lui une fois servie, une main posée sur la joue, les traits tirés par la fatigue. toi aussi, tu as du mal à dormir ? tout bas, comme un secret partagé. craint-il lui aussi de se réveiller dans une autre dimension, de s'apercevoir que ces quelques jours de retrouvailles n'étaient rien de plus qu'un énième rêve, un espoir vain ?

Avant même qu’Atlas n’ait eu l’occasion de faire un pas à l’intérieur, Nebula bondit telle une panthère, le projetant au sol avec une force fulgurante. Nebula, le visage empreint d’une irritation croissante, réprimanda Atlas d’une voix légèrement colérique pour avoir omis de toquer à la porte. Mais Atlas, qui se sentait chez lui partout et qui s’arrogeait le droit d’entrer où bon lui semblait et quand bon lui semblait, souligna avec une pointe de défi : « Mais je n’ai jamais frappé à une seule porte ! » Cette habitude, si caractéristique d’Atlas, avait été, semble-t-il, négligée par Nebula pendant les deux années de son absence, comme si elle l’avait complètement oubliée.

Alors qu’Atlas se hâtait dans le couloir, Nebula fit brusquement halte, créant une collision inévitable entre eux. Dans un mouvement presque instinctif, la jeune femme se retourna rapidement, saisissant le visage de son camarade entre ses mains délicates. Ses yeux scrutèrent intensément ses traits tandis qu’une question s’échappa de ses lèvres : « Tu es bien réel, n’est-ce pas ? ». Atlas, immobile, fixa les opales de Nebula et y décela une véritable inquiétude. Pourtant, il demeura silencieux, laissant le poids de l’interrogation flotter dans l’air. Nebula, en revanche, réalisa de par elle-même que la présence d’Atlas était bien tangible et ne relevait en aucun cas de son imagination. « Tu m’as fait peur, tu sais ? » murmura Atlas. « J’ai cru que tu allais m’embrasser, Bubul ! » ajouta Atlas avec une pointe d’ironie, sachant très bien que leur relation ne s’inscrivait pas du tout dans cette sphère-là.

Atlas et Nebula se dirigèrent lentement vers la cuisine, prenant soin de saluer le tableau qui représentait leur mère bien-aimée. Une fois installé, Nebula prépara avec gentillesse une tasse de café pour son vieil ami. « Toi aussi, tu as du mal à dormir ? » interrogea Nebula, cherchant un semblant de connexion au milieu de la nuit troublée. « J’ai du mal à retrouver le confort du manoir », répondit Atlas d’une voix empreinte de sincérité. Deux longues années passées dans une dimension parallèle, en plein cœur d’une vie sauvage, avaient érodé sa familiarité avec les conforts de la civilisation. Même la simple sensation de tenir une tasse de café entre ses doigts lui était devenue étrangère depuis longtemps. Cependant, alors qu’Atlas observait Nebula, il ne put s’empêcher de remarquer le léger gonflement de sa joue, provoqué par sa main qui la touchait. Cela accentuait la douceur de ses traits, faisant ressortir davantage son visage délicat, presque semblable à celui d’un hamster. Cette pensée fugace s’insinua dans l’esprit d’Atlas et lui tira un sourire en coin.

Un silence enveloppa la cuisine, pesant comme une brume épaisse entre Atlas et Nebula. Atlas balaya son regard autour de lui, ressentant une étrangeté dans l’atmosphère, comme s’il ne se trouvait plus vraiment chez lui. L’environnement autrefois familier lui semblait maintenant lointain et étranger. La dimension parallèle où il avait vécu pendant deux longues années était devenue sa seule demeure, et il peinait à s’en détacher. Pourtant, il y avait un fil conducteur entre cette dimension et le manoir : Nebula. Elle était présente dans les deux réalités, c’était le seul élément constant. C’est pourquoi Atlas se raccrochait à elle depuis son retour, comme s’il cherchait un point d’ancrage dans ce monde qui lui était devenu si étranger. Atlas posa de nouveau son regard sur Nebula et, d’un geste du doigt, lui demanda de se pencher vers lui. Avec une petite claque derrière la tête, juste assez forte pour la remettre à sa place, il ordonna à Nebula d’une voix ferme : « Continue à te culpabiliser et je frapperai de plus en plus fort ! » Nebula tenta de reculer, mais Atlas retint sa nuque d’une main ferme, maintenant son visage tout près du sien. « Je ne plaisante pas, Bubul », murmura-t-il d’une voix chargée d’émotion. « Tu n’as aucune raison de te blâmer. En plus, je n’aurais jamais survécu à ces deux années si tu n’étais pas… » Atlas s’arrêta brusquement, réalisant ce qu’il était sur le point de révéler. Lui qui ne montrait que rarement à quel point il s’était attaché aux membres du groupe se retrouvait incapable d’avouer qu’il avait créé un ami imaginaire dans son esprit, prenant la forme de Nebula.

05.06.23. J’ai cru que tu allais m’embrasser, Bubul ! ce serait si terriblement hors de son caractère que la plaisanterie est une évidence — car elle a toujours rechigné à accepter les attentions de quiconque, nebula, préférant nettement sa solitude. et l'espace d'un instant elle se mord la lippe, le nom de raven à la coupe des lèvres — tentée de le lui révéler — mais elle ravale l'hésitation. trop agrippée à ses mystères, mais pas que : il lui semble soudain cruel de lui faire savoir qu'elle a sereinement continué d'exister alors même qu'il se trouvait cloîtré dans une dimension inconnue et capricieuse, par sa faute. ne prends pas tes rêves pour des réalités, réplique-t-elle à la place, préférant jouer l'offusquée.

J’ai du mal à retrouver le confort du manoir, explicite-t-il lorsqu'elle l'interroge quelques instants plus tard, et elle hoche la tête en signe de compréhension. frissonne au souvenir du monde froid et nu dans lequel elle l'a expédié, puis retrouvé, après avoir cru entre deux qu'il avait tout simplement péri. dois-je m'attendre à te voir manger avec les doigts désormais ? tente-t-elle faiblement de blaguer à son tour, pensées assombries par le souvenir de sa disparition, un nuage qui pèse constamment sur sa conscience. la claque à l'arrière du crâne la prend pas surprise. hey! continue à te culpabiliser et je frapperai de plus en plus fort ! je ne te permets pas ! l'outrage sur ses traits ne lui tirerait qu'un rire, elle en est sûre, si le sujet n'était si délicat. Tu n’as aucune raison de te blâmer. En plus, je n’aurais jamais survécu à ces deux années si tu n’étais pas…  un soupire. si je n'étais pas quoi ? relance-t-elle, curieuse mais dubitative. ne voit pas ce qu'elle aurait pu faire pour l'aider à garder espoir. assez tenace pour que tu aies des raisons de croire que je continuerais de te chercher ? elle suppose, ne se doute pas de combien elle est loin de la vérité qu'il s'apprêtait à avouer. tu n'aurais, surtout, pas vécu cet enfer sans moi. j'ai donc toutes les raisons du monde de me blâmer. qu'il le veuille ou non, elle ne peut nier ses responsabilités. enchaîner les portails à la va-vite — en quantité et sous la pression… ça a toujours été ma faille. tout s'enchaîne correctement au départ, et puis je m'essouffle, je fatigue. mon pouvoir manque d'endurance. j'aurais dû m'entraîner deux fois plus, prendre conscience plus tôt des risques que je vous faisais encourir et- n'essaye même pas, s'interrompt-elle lorsqu'il l'approche dangereusement, sans doute pour mettre sa menace à exécution. atlas… elle quitte son siège précipitamment pour battre en retraite de l'autre côté de la table, brandissant entre eux son café l'air de dire : essaye seulement de me frapper et je te l'envoie au visage.

Ne prends pas tes rêves pour des réalités. Les nuits d'Atlas étaient souvent tourmentées, agitées par des cauchemars qui le hantaient sans relâche. Rêver de Nebula était peut-être le remède miracle finalement, une lueur d'espoir qui percerait les ténèbres qui enveloppaient son esprit tourmenté.

Dois-je m'attendre à te voir manger avec les doigts désormais ? Le visage d'Atlas s'illumina d'un sourire malicieux, ses yeux pétillant d'une lueur espiègle. Il savait exactement où Nebula voulait en venir. D'un ton complice, il lui rappela doucement, tout en conservant son sourire charmeur, qu'il était un adepte des plaisirs gustatifs sans artifice bien avant sa mystérieuse disparition, et que cela n'avait en rien changé: “Je mangeais déjà avec les doigts bien avant l’incident, mais je le fais avec bien plus d’élégance maintenant, j’ai de l’entrainement.”. Ses yeux pétillèrent d'amusement, tandis qu'il esquissait un clin d'œil complice à son interlocutrice.

Atlas était sur le point de trahir un secret qu'il aurait préféré garder enfoui à jamais. Le destin, capricieux et plein de surprises, intervint à ce moment critique. Nebula contourna les abysses des informations qui auraient pu lui être révélées. Elle se montra une fois de plus empreinte de regrets. Atlas se leva lentement de sa chaise. Nebula recula instinctivement, cherchant une échappatoire dans cette confrontation. Son regard trahissait une combinaison de peur et de détermination. Le silence fut brisé par les mots de Nebula, chargés d'une énergie aussi brûlante que son café fumant qu'elle brandissait devant elle. Essaye seulement de me frapper et je te l'envoie au visage. Il se voyait déjà bloquer les secondes, les immobiliser dans une danse éternelle, lui offrant ainsi l'opportunité d'esquiver avec grâce l'assaut imminent.Mais une question fondamentale persistait : est-ce que son pouvoir fonctionnerait réellement ? Atlas hésitait. Prendre le risque d'utiliser son pouvoir et se montrer vulnérable ou bien choisir une approche plus conventionnelle ? Pourtant, malgré ses réflexions, Atlas esquissa un sourire confiant. Il se rapprocha lentement de Nebula, son regard fixé sur elle, déterminé à en découdre sans prononcer un seul mot. Au fond de lui, il était persuadé que Nebula n'aurait jamais l'audace de lui infliger une telle offense. Une certitude irréfutable qui le poussait à agir. “C’est bon pour cette fois…”.Doucement, Atlas prit la main de Nebula et la guida, la ramenant à sa chaise. Son geste était empreint de douceur et d'une assurance tranquille.

Atlas prit fermement sa position en face de Nebula, son regard perçant dissimulant un tumulte intérieur. “Dans cette dimension, je commençais à perdre la tête. Et pour éviter de devenir fou, mon esprit a créer une amie imaginaire qui se manifestait en ta personne Bubul… Sans cette manifestation, je n’aurais jamais tenu aussi longtemps.". Atlas fixa la jeune femme avec intensité, cherchant à sonder sa réaction. “Il faut que ça reste entre nous !”, ajouta-t-il précipitamment, ses mots empreints d'une urgence manifeste. Il ne voulait en aucun cas que cette affaire se propage dans les couloirs du manoir. Dans l'espoir que cette révélation atténue quelque peu ses remords, il attendit avec appréhension la réaction de Nebula. "Sinon, je serai contraint de passer au niveau supérieur et de propager la rumeur dans tout Celestia selon laquelle tu es enceinte de moi !" Un instant, il hésita. Il ne le ferait pas. Pas à Bubul. Quoique...

05.06.23. sa présence est si incongrue, son contact une petite anomalie, une étrangeté au terme d'années d'absence glacée. elle n'arrive pas encore à s'y faire, nebula, alors c'est sans protester qu'elle le suit lorsqu'il abandonne la lutte pour l'attirer à nouveau à table. elle est troublée comme à chaque fois qu'elle redécouvre qu'il est réel, tangible.

qu'il est rentré.

Dans cette dimension, je commençais à perdre la tête, reprend-il, et la peine qui l'étreint resserre son étau douloureux, collier d'épines autour de sa nuque gracile, qui pourfend les barrières, déchire la chair et tourmente jusqu'à l'âme. elle s'en voudra toujours, ne lui déplaise — de lui avoir infligé ce tourment. et pour éviter de devenir fou, mon esprit a créer une amie imaginaire qui se manifestait en ta personne Bubul… sans cette manifestation, je n’aurais jamais tenu aussi longtemps. elle n'a même pas la force de lui en vouloir pour le surnom honni, pas en prenant conscience de la portée de ses mots. qu'il se soit raccroché à elle est surprenant et triste, mais tout à la fois réconfortant, un imbroglio de ressentis et de sensations qu'elle peine à dénouer, elle qui déteste exprimer ce qu'elle ressent. il faut que ça reste entre nous ! précise-t-il précipitamment et elle réplique avec un faible sourire, forçant l'ébauche d'une plaisanterie, sinon quoi ? sinon, je serai contraint de passer au niveau supérieur et de propager la rumeur dans tout Celestia selon laquelle tu es enceinte de moi ! nebula lève les yeux au ciel, pupilles roulant dans leurs orbes exaspérés. tu es insupportable, qu'elle châtie sans mordant. s'affale au fond de sa chaise, le poids lourd sur ses épaules. mais comprend néanmoins que s'il s'est ainsi raccroché à elle, la voir garder ses distances avec lui faute de se sentir capable de le regarder en face serait une nouvelle blessure, peut-être celle de trop. si tu faisais ça je t'arracherais la la langue et je te pendrais avec, badine-t-elle alors d'un ton volontairement léger, tentative de retrouver ce qu'ils partageaient avant — avant le drama et les peurs. susurre : entre autres châtiments, en songeant que raven déchaînerait sans doute les enfers s'il venait par malheur à entendre une telle rumeur et pire : à y croire.

ce ne sont que des mots vides, prétendues menaces aux accents cachés d'affection inavouée, et la vérité se devine à travers les lignes : je tiens à toi. peut-être plus encore qu'auparavant à présent qu'elle est passée si près de l'avoir perdu, y a cru. j'aurais sans doute perdu la tête depuis longtemps, c'est un miracle que tu sois rentré à peu près sain d'esprit, tristesse saupoudrée de taquinerie, elle fait des efforts — fait de son mieux pour sonner plus comme elle-même et moins comme un pantin inarticulé, à l'essence dévorée par le chagrin. et maintenant quoi, elle reprend, curieuse, que penses-tu faire désormais ? reprendre les missions ? ou t'accorder une pause ? elle comprendrait les deux, n'en déplaise à grandpa — sans doute aurait-elle opté à sa place pour se réfugier dans les attributions dans le but d'oublier les années de solitude et de tourmente ; mais paradoxalement, supporter le monde après tout ce temps ne doit pas être une sinécure. et tandis qu'elle s'efforce péniblement de se mettre à sa place, elle qui n'a jamais été reine d'empathie, elle songe que ce ne doit pas être aisé le moins du monde, de réapprendre à vivre. 

Nebula possédait une imagination débordante lorsqu’il s’agissait de déchaîner sa fureur sur autrui. Atlas esquissa un sourire en songeant à la possibilité d’être la cible de sa colère et de finir pendu par la langue. Les jumelles Lesphira, malgré leur apparence délicate, détenaient une force intérieure redoutable en plus d’un pouvoir puissant et Atlas savait pertinemment qu’il valait mieux ne pas les provoquer. Mais au fil des années écoulées, Atlas avait découvert que les sombres paroles proférées par Nebula lorsqu’il était insupportable recelaient souvent de profonds sentiments d’affection dissimulée.

j’aurais sans doute perdu la tête depuis longtemps, c’est un miracle que tu sois rentré à peu près sain d’esprit Atlas se questionnait sur sa propre santé mentale. Avait-il réellement retrouvé la raison ? Jadis, ce jeune garçon avait commis un acte atroce en tuant sa famille. Pourtant, il avait réussi à enfouir au plus profond de lui ses pulsions meurtrières, qui, quelquefois, refaisaient surface. Mais qui pouvait dire quand ces sombres instincts reviendraient une fois de plus ? C’est aussi un exploit que tu sois parvenue à créer un portail sur la dimension où j’étais égaré. Dans les tréfonds de l’univers, se dissimulent d’innombrables dimensions alternatives. La rencontre fortuite avec la dimension où résidait Atlas ne pouvait plus être attribuée au simple hasard, mais à un miracle d’une puissance indicible. que penses-tu faire désormais ? reprendre les missions ? ou t’accorder une pause ? Le jeune homme savait bien qu’il allait bientôt se replonger dans ses précieux bouquins, s’enfermant jour après jour dans la bibliothèque majestueuse du manoir. Les pages usées et les mots familiers l’attiraient irrésistiblement, l’invitant à relire des livres qu’il avait déjà parcourus maintes fois. Son esprit était captivé par une quête incessante : comprendre pourquoi son pouvoir ne brillait pas aussi intensément que ceux des autres. Pourtant, son cœur le guidait vers une priorité absolue. Je vais surement prendre une petite pause pour faire un voyage chez les Daeri Il n’y avait plus aucun mystère : Atlas était tombé éperdument amoureux de la magnifique Neela, une membre du peuple Daeri qui venait arpenter les couloirs du manoir si souvent qu’elle était quasiment chez elle ici. Il était prêt à tout pour elle, car elle était la seule à pouvoir le remettre à sa place quand il devenait insupportable. Une capacité que beaucoup lui enviait au manoir tant elle serait utile. Cependant, Atlas ignorait totalement le destin tragique qui avait frappé les Daeri pendant son absence…

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