where is your daddy ?

18 décembre

ketterdam

@Callen Komeyt

La journée fut longue et éprouvante. Lorsqu’elle toucha à sa fin, que les lumières du camp n’éclairèrent plus suffisamment et que les dernières lanternes atteignaient les nuages à peine visible, Soàan intima à ses domestiques de se rassembler pour préparer leur retour à Celestia. Malgré la compagnie de Menya et sa façon unique - mais pas moins généreuse - d’aider les démunis, Soàan avait le coeur lourd. Ils n’avaient plus rien à emporter et la distribution des vivres avaient été efficaces… mais la plaie étaient encore béante. Que restait-il de Zaun et de tous ces pauvres gens ? L’odeur de cramé embaumait encore l’air et donnait la nausée au Celestien. L’odeur de ces corps calcinés pour les empêcher de revenir et grossir les rangs de l’ennemi. A cela se mêlaient les multiples images de blessures vilaines, de pansements ensanglantés quand il n'apercevait pas simplement la chair à vif. Le teint doré du petit Prince avait viré pâle. Même s’il avait honte de l’admettre, il lui tardait de quitter l’endroit et se refugier dans sa chambre confortable, sous les caresses rassurantes de sa soeur… Une partie de lui, pourtant, lui sommait de revenir le lendemain.
Parmi les zaunards survivants auxquels se mêlaient les réfugiés Daeri qui arrivaient en masse aux portes de Midrias, Soàan n’avait aperçu aucun visage familier.
Pravi n’était pas ici. Eden non plus. Et il ne savait pas comment interpréter cette information.

Quand le cortège atteignit les portes où le monde se pressait en différentes file pour entrer, Soàan les aperçut du coin de l’oeil. Par dessus l’agitation ambiante, des pacifieurs grondaient sur un jeune garçon à l’air désemparé. Soàan le reconnut très vite.
Il l’avait vu prêter main forte aux zaunards dans la journée. Mais surtout, il l’avait déjà croisé plus tôt dans l’année, à Midrias, où le garçon disait la bonne aventure. Essayer, du moins… En dépit de la Lune sur son front, quand Soàan avait accepté de se laisser tenter - par gentillesse davantage que par nécessité car il était un faible qui peinait à dire non aux bonnes bouilles -, le Celestien avait très vite remarqué les capacités limitées du voyant. Si Soàan n’en possédait pas le don, il avait pour jumelle l’une des voyantes les plus douées de sa génération. En somme, il connaissait certaines significations et même si tous les seers étaient différents, il avait rapidement remis en doute son don.
Il n’avait pourtant rien dit. Usurper les pouvoirs d’un gifted - s’il tel était le cas - était un crime hautement condamné… mais ce garçon n’avait rien d’un criminel. Soàan était peut-être naïf et il ignorait ce qui poussait un garçon à prendre de tels risques mais il n’avait clairement pas la trempe ni l’envie de dénoncer une si jeune âme.
Qu’il soit seer ou non, il n’était pas une mauvaise personne. La preuve tenait à sa présence pour aider les victimes de Zaun.

❝Callen ! Ce n’est pas par ici que nous devons passer.❞ Sa voix fut suffisamment forte pour interrompre la menace du pacifieur qui releva un regard contrit vers le Aiwenor. Ce dernier s’avança calmement, le regard sérieux. Arrivé à hauteur du garçon dont il avait retenu le prénom, il posa une main ferme sur son épaule : ❝Merci de nous avoir gardé la place mais tu t’es trompé de file.❞ Soàan poussa un soupire puis le tira légèrement en arrière, se mettant ainsi entre lui et le pacifieur. ❝Aiwenor ?❞ Le second pacifieur afficha un regard surpris mais moins hostile que quelques instant plus tôt. ❝Clint ! Je ne t’avais pas reconnu ! Bonsoir. Vous avez du courage avec tout ce monde… j’espère que tout se passe bien.❞ Il échangea encore quelques mots avec son ancien camarade d’école - heureusement celui-ci avait gardé un bon souvenir de lui en dépit de son départ - et servit son dernier mensonge : ❝Je suis désolé pour le dérangement que vous a causé mon domestique, il est nouveau, il apprend encore. Je vais m’occuper de lui. Merci de votre bienveillance et bon courage. ❞ Sans qu’on ne retienne Soàan et son cortège, il tourna les talons, attrapant le bras de Callen et l’entraina avec eux. Il l’incita à sa place derrière lui, dans les rangs des domestiques. Même s’il n’en avait pas la tenue, il faisait assez propre sur lui pour ne pas dénoter. ❝Tu as égaré tes papiers ?❞ demanda-t-il finalement en se tournant vers le délinquant qui n’en avait pas la figure…

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18 décembre

ketterdam

@Soàan Aiwenor

Des cloques plein les doigts, des courbatures dans tout le corps, et une fatigue qui lui avait fait traîner les pieds jusqu’à Ketterdam.
S’il n’avait pas grand chose à offrir à Zaun, Callen Komeyt avait décidé d’y sacrifier son énergie pour une longue journée. Aider à reconstruire ce qui pouvait l’être, soulever des pierres, sécuriser ce qui menaçait de s’écrouler, celui qui n’était pas réellement bricoleur avait pourtant fait de son mieux pour aider.
Et il avait même eu de l’aide d’un certain Pankratz pour quelques heures de la journée. Un duo qui aurait pu causer bien des catastrophes, et pourtant… le malheur n’avait pas frappé sous la forme d’une main altruiste… une main bien sale que les bonnes actions ne pourraient jamais nettoyer.
C’était donc en ayant le sentiment d’en avoir fait trop peu que le Komeyt avait quitté Zaun. Soigneusement, à l’entrée de Ketterdam, il avait rabattu ses cheveux sur le front. A plusieurs reprises dans la journée, il avait bien manqué pourtant de faire l’irréparable connerie de dévoiler une lune en balayant la sueur sur son front.
Un abruti miraculé, c’était sans doute le meilleur moyen de le résumer.

Des risques. Il recommençait à en prendre ces derniers temps. De l’audace inspirée par ses retrouvailles avec Elan… et par le joli minois de Zylith.
Une audace permise par un vieux trop occupé ailleurs, et de longues journées vides de son côté.
Une histoire de Draigwen qui se calmait… une avancée qu’on ne voyait pas venir… et un relâchement certain dont il n’avait pas pris conscience avant d’essayer de rentrer à cet endroit qui ne serait jamais chez lui….
« Mais j’habite ici ! Puisque je vous le dis ! » qu’est-ce que ça pouvait être con un pacifieur par moment…
… qu’est-ce qu’il pouvait être encore plus con quand il s’y mettait.
Oublier ses papiers. Sérieusement ?
« Si vous me laissez entrer, j’vous les ramène tout de suite. » abruti qui voulait faire du zèle cependant ne l’entendait pas vraiment de cette oreille. Une gueule de Komeyt qui ne lui revenait pas à coup de “j’la connais la racaille comme toi”. Agacement plus si discret de la racaille en question… un agacement qui cachait l’angoissante question…
Et si le vieux rentrait avant lui ?

Alors ce serait la merde.
Des mensonges, comme ça, il en voyait bien deux-trois à balancer à papi… mais le truc avec ce con… c’est qu’il était vraiment voyant lui. Pari risqué qu’il prenait de trop nombreuses fois…
Mieux valait se dégager, courir et trouver une autre solution ?
Impulsive idée qu’il avait considéré un instant tandis que Monsieur Propre lui faisait la moral et que Monsieur Muscles s’était mis en tête de le secouer en le retenant par le bras.
Garder son calme. Trouver la bonne solution.
S’il faisait demi-tour maintenant, en admettant qu’il les distance… vers qui pourrait-il se tourner pour rentrer à Midrias.
… Elan pouvait y entrer plus facilement…
Même en ce moment ?
Et comment est-ce qu’il lui ramenait ses papiers ?

Un début de plan pourri qu’il n’avait jamais poussé plus loin tandis que, son prénom, l’avait fait sursauter… air perdu, regard qui cherche avant de trouver finalement le visage responsable de l’interpellation… et quelques secondes à fouiller sa mémoire pour reconnaître un client qu’il avait plumé…
La confusion sur ses traits, il avait vite cherché à l’avaler… parce qu’il s’était à priori trompé de file et que, pour une raison qu’il ignorait, un Aiwenor était visiblement décidé à lui filer un coup de main.
Naïf enfant au cerveau formaté un jour, une méfiance était venue peser sur son estomac tandis que les questions se bousculaient dans sa tête.
Le dialogue, il n’y avait pas pris part.
Tout ce qu’il comprenait c’était que le Aiwenor échangeait des banalités pour lui faire, ni vu ni connu, rejoindre ses rangs.
Il lui avait refilé de si bonnes prédictions que ça ?
Des trucs d’amour… il s’en souvenait. Classique… mais souvent efficace… pourtant, à bien y repenser, il ne lui semblait pas que le client avait eu l’air tellement convaincu.
En réalité, il s’était même senti mal à l’aise… comme la vague idée d’une fidèle expression ça sent le roussi

Et pourtant, il s’était retrouvé au sein d’un cortège inconnu qui s’était mis en marche pour lui faire passer les portes qu’il n’aurait jamais pu passer seul…
Soupir de soulagement, bref instant pour reconnaître sa chance, il avait ravalé la connerie d’un j’vous l’avais dit en dépassant les débiles… et le doute était revenu sous un regard qui se fixe dans un dos… avant de voir à nouveau le visage du héros « Ouais… » on dit pas ouais, on dit oui quand on est un bon serviteur poli « Chez moi. » parce qu’il habitait ici… évidemment… « Merci pour le coup de main. » mais si tu veux des trucs étranges, c’est pas la bonne adresse ?
… hum…
………
Il avait pas le même genre de gueule que le vieux et de loin.
Mais bien souvent, on lui avait répété que sa naïveté le tuerait un jour.
Quand c’était gentil… ce n’était pas si souvent que ça sans raison….
Pourtant, il en connaissait un… d’homme gratuitement bon… est-ce que ce Aiwenor là avait quelque chose de Pankratz en lui ?
« Ils sont un peu cons vos collègues, ils écoutent rien quand on leur parle. »
mieux valait garder l’assurance du type qui n’avait rien à se reprocher ?
Pourquoi pas ? Après tout, il habitait bien là… même si ce n’était sans doute pas très réglementaire….

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18 décembre

ketterdam

@Callen Komeyt


La méfiance de Callen était légitime, aussi, Soàan ne lui en voulut pas. Dans leur monde, la naïveté pouvait coûter très cher et, malheureusement, elle était certainement le plus gros vice du jeune Aiwenor. Perché dans sa cité précieuse, Soàan avait le luxe de croire en la gentillesse. Dans cette histoire, il était probablement celui qui avait le comportement le plus à risque en prenant sous son aile un garçon qu’il ne connaissait pas et envers qui il avait même des doutes. Mais c’était son bon coeur qui le guidait, un instinct qu’on moquerait sûrement… Toutefois, tandis que le Celestien scrutait celui qu’il venait de sauver, il ne revint pas sur sa décision. Pas même face à cette attitude nonchalante que beaucoup aurait qualifié d’insolente. Soàan le considéra avec gravité mais pas avec sévérité : ❝Ce n’est pas la période pour être tête en l’air, Callen,❞ souffla-t-il sans détacher son regard de lui. Il ne voulait pas avoir l’air de lui faire la morale, mais il ne pouvait pas rien dire. ❝Tu risques de gros ennuis si tu ne fais pas attention…❞ Bien plus gros que ce qu’il pensait ? S’il s’avérait que le jeune homme n’était pas vraiment un voyant - ce dont Soàan n’était pas sûr - il risquait bien pire que de se retrouver coincé à Zaun.
Il avança dans la file, s’assurant que tout son cortège le suivait. Ses yeux se perdaient sur les remparts de pierres quand Callen se montra un peu trop audacieux. ❝Ils font leur travail.❞ Soàan tourna de nouveau le regard vers lui, marquant une pause. Puis, après un soupire, il ajouta : ❝Après tout ce qu’il s’est passé, la bataille et l’incident d’Ozela Place, tout le monde est à cran… La prudence est de mise pour tout le monde. ❞ Et de quoi avait-il l’air, lui ? En faisant passer quelqu’un qui n’était pas en règle derrière les murs ?
Callen n’était pas méchant. Il ne le croyait pas. Il avait aidé tout ce monde à Zaun…

La file avança et avant qu’il ne reste plus qu’un cortège devant eux, Soàan tira Callen à côté de lui : ❝Reste près de moi.❞ Il se délesta de son sac personnel pour le passer autour du cou de Callen, et lui rajouta un panier vide que transportait une domestique derrière eux. ❝Tu es mon assistant.❞ Assistant d’un secrétaire, quelle idée. Mais son nom suffirait à justifier cet emploi. ❝Ne dis rien.❞ Et sur ce dernier ordre, il avança jusqu’aux gardes. ❝Papiers❞ leur intima un pacifieur d’un ton autoritaire mais qui trahissait une certaine lassitude. Soàan tendit la main vers Callen, paume vers le ciel, un regard insistant vers lui. Il n’avait qu’à se saisir des papiers en question, qui se trouvait heureusement dans la première poche du sac.
Cette épreuve passée, on leur permettrait de rentrer à l’intérieur des murs, là où un innocent serait libre… ou bien une grave erreur commise.

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18 décembre

ketterdam

@Soàan Aiwenor


Pas la période pour être tête en l’air, pas la période pour être tête en l’air, qu’est-ce qu’il lui faisait lui ? Il se prenait pour son père ou quoi ?
Ses sourcils s’étaient froncés sous le mécontentement. Sa bouche s’était ouverte puis refermée pour protester. Il avait écouté la suite et il avait manqué de répondre qu’il y connaissait quelque chose en ennuis, sans doute bien plus que lui. Il était assez grand pour se débrouiller tout seul et pour savoir ce qu’il avait à faire.
Et pourtant… sans l’aide de Soàan, il ne rentrerait pas à Midrias.
Sans l’aide de Soàan, le vieux allait lui tomber dessus et oui… il en aurait des gros des ennuis « J’sais comment faire attention à moi mais merci du conseil. » c’était presque poli ouais… malgré le doux ton d’ironie.

Sois sympa Komeyt. Si tu veux rentrer chez le vieux, sois sympa
Ok… mais puisqu’on parlait de gros ennuis, pourquoi il l’aidait au juste ?
Il voulait forcément quelque chose en échange non ? A part défendre des pacifieurs qui faisaient leur boulot « Bah ça, ça les empêche pas d’être cons. » et si seulement quelque chose pouvait l’inciter à fermer sa gueule de son côté…
Pourtant, le type marquait un point. Avec toute la merde de ces derniers temps, évidemment que cette partie de la population était plus difficile à rouler.

D’une main passée sur son visage, il s’était frotté les yeux. ça ne servait à rien. Il était claqué. L’homme lui proposait son aide. A quoi bon rentrer dans un débat pour savoir si ces pacifieurs étaient cons ou non.
Alors Soàan l’avait tiré, et il s’était trouvé de lui avec son sac autour du cou et un panier bien moins intéressant.
…
…
Voler, c’est mal.
Ouais mais lui… il ne devait pas manquer de grand chose….
Est-ce qu’on prenait de la main qui nous nourrissait ?

Une moue. Le silence. Et il s’était contenté d’un hochement de tête pour répondre aux “directives” du grand patron.
On verrait plus tard, pour le paiement… ce n’était pas comme s’il avait le choix maintenant.

« …. » et puis il y avait eu cette main tendue. Fort heureusement, ça plus un mot, il n’avait pas mis trop de temps à comprendre et s’était mis à fouiller dans un sac dont il avait pu voir malheureusement le contenu. Y’avait de l’argent là-dedans, c’était sûr…
« Désolé, je suis nouveau. » pourtant, après près d’une minute à fouiller, c’était bien les papiers en question qu’il avait tendu aux gardes en ajoutant à l’intention de Soàan un « Désolé patron. »

Des secondes trop longues à détailler les documents, il s’était efforcé à rester détendu. ça passerait.
Et sinon ?
ça passerait. ça ne servait à rien d’être négatif. Il avait oublié ses papiers. S’il passait tant mieux… sinon…
« Tout est en ordre. Circulez. »
Retenant un soupir de soulagement, il avait repris les papiers tendus pour les remettre à sa place et refermer la poche du sac.
Et puis le cortège s’était remis en marche.
Un pas, puis d’autres, doucement il s’éloignait des problèmes.
Pendant l’espace de quelques minutes, il avait failli, une fois de plus, tout foutre en l’air.

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18 décembre

ketterdam

@Callen Komeyt


❝Callen !❞ C’était une erreur. Assurément une erreur. Ce garçon, effronté et ingrat, ne lui attirerait certainement que des ennuis. Toutefois, après l’avoir repris, Soàan l’avait quand même entraîné à sa suite, bien décidé à l’aider. On dirait sûrement de lui qu’il avait de stupides principes, ou pire : qu’il agissait à la limite de la trahison ! Mais le Aiwenor était animé par un naïf espoir et c’était, sans le savoir, la plus grande chose qu’il partageait avec Callen Komeyt. Le don de croire.
Aujourd’hui, Soàan avait décidé de croire en ce garçon qui n’avait pas de papiers et qui disait être voyant sans pour autant en montrer le moindre talent.
Sans nul doute : Soàan Aiwenor mourrait un jour de sa propre bêtise. Mais le pire : il en mourrait heureux, en croyant jusqu’au bout avoir bien fait.

Il était probablement plus cons que les pacifieurs, selon Callen.
Plus encore quand il décidait de confier son sac à un inconnu. Mais il n’oserait pas s’enfuir, si ? Soàan n’y croyait pas. Pas au sein de ce cortège, pas devant lui, ni devant les pacifieurs qu’il tentait de l’aider à passer…
Tout irait bien.
Il suffisait qu’il lui donne les papiers qu’on leur réclama. ❝…❞ Des papiers qui tardaient à venir…
Soàan glissa un regard inquiet derrière lui. Callen fouillait son sac et sa remarque manqua de lui faire lever les yeux au ciel. S’il savait de qui il était le fils adoptif, cette réaction - si rare de sa part - n’aurait plus été si surprenante… ❝Ils sont dans la première poche…❞ lui souffla-t-il pour l’aider. Il lui accorda un sourire - bien qu’un peu crispé - quand, enfin, il lui tendit les précieux. Un petit rire - nerveux ? - lui échappa tandis qu’il doutait subitement de sa décision.
Mais non. Tout irait bien. Tout était en ordre.
Ouf. Une vague de soulagement l’envahit mais il réprima un soupir qui les aurait trahi. ❝Merci, commandant. Bon courage.❞ Le pacifieur lui répondit d’un bref signe de la tête et les invita à circuler rapidement. Le cortège ne se fit pas prier et une minute plus tard, ils regagnaient Midrias. Néanmoins, il ne libéra pas Callen tout de suite, cherchant à s’éloigner suffisament pour que son détachement ne paraisse pas trop suspect. Il l’intima donc, du regard, de les suivre jusqu’à la voiture qu’on leur avait apprêté pour leur retour à Celestia. Là, Soàan marqua un temps d’arrêt et se tourna enfin vers Callen : ❝Bien, nous sommes assez loin à présent… je pense que c’est bon pour toi.❞ Il tendit la main pour récuperer son sac. ❝Ecoute… Je ne veux pas te faire la morale mais, fais plus attention à toi.❞ Il marqua une pause, observant les alentours. Velaris grondait. La sûreté n’était même plus assurée derrière les murs. Et si le naïf Aiwenor avait participé à troubler cette paix fragile en aidant le garçon…? Il ne voulait pas y croire. ❝Tu risques plus que des ennuis, Callen…❞ finit-il par souffler, non sans songer qu’il ne s’agissait pas juste d’une histoire de papier. Alors, il tira une carte de son sac. Une carte de visite, lumineuse et brillante, quoiqu’à l'allure mystérieuse : ❝Si un jour tu as besoin, rends toi à cette adresse. Je t’y trouverais.❞ Quelle idée que de jeter ce garçon dans la gueule d’une voyante… Mais il avait le sentiment, sans pour autant posséder de don, qu’il reverrait Callen. Et que Luana pourrait peut-être l’aider. Et comprendre ce qui ne tournait pas rond chez lui.